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Emeutes: une justice britannique trop sévère?

17 août 2011, 00:00

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Emeutes: une justice britannique trop sévère?

Suite à la condamnation de deux jeunes hommes à quatre ans de prison pour incitation aux troubles via les réseaux sociaux, un débat s''''installe sur la sévérité des peines infligées par la justice britannique. Libération.fr cite la presse britannique à ce propos. Extraits.

«Des fauteurs de troubles sur le web condamnés pour une émeute qui n’a jamais eu lieu», lit-on dans la Une du Times. La condamnation de deux jeunes hommes, mardi 16 août, à quatre ans de prison pour incitation aux troubles via les réseaux sociaux, a déclenché un débat sur la sévérité des peines infligées aux personnes qui ont participé aux émeutes. Sur son site, le Guardian pose la question à ses lecteurs: «Est-il juste d’imposer des peines sévères aux émeutiers comme forme de dissuasion?»

Jordan Blackshaw, 20 ans, avait créé un événement sur Facebook intitulé «Détruire la ville de Northwich». Perry Sutcliffe-Keenan, 22 ans, avait, lui, incité à une émeute dans son quartier à Warrington, en ouvrant une page Facebook appelée «Organisons une émeute». Verdict: quatre ans de prison. «Si l’on se souvient dans quelle mesure la technologie a été utilisée pour inciter les gens à commettre des actes criminels []]lors des émeutes la semaine dernière dans le pays], il est aisé de comprendre» pourquoi les deux suspects se sont vu infliger une peine de quatre ans de prison, a estimé l’un des responsables de la police locale, Phil Thompson.

Aisé de comprendre? Pas pour tout le monde, notamment pour «des avocats de la défense et des activistes qui ont dénoncé des condamnations disproportionnées à l’égard de certains émeutiers alors que, selon les derniers chiffres, près de 1300 suspects ont été portés devant les tribunaux» explique le Guardian. Le quotidien britannique cite nombre d’exemples où les peines étonnent par leur sévérité, notamment celui d’un étudiant condamné à 6 mois de prison pour avoir volé une bouteille d’au dans un supermarché. «Certains condamnations sont complètement disproportionnées», estime Sally Ireland, de l’association Justice, qui s’attend à une flopée d’appels. «Sauf qu’étant donnés les temps de la justice, au moment de leur révision les peines auront déjà été purgées».

Les magistrats ont en effet été autorisés à ignorer les procédures normales de condamnation afin de pouvoir prononcer des peines plus sévères pour ceux qui ont participé aux violences des derniers jours, rappelle le Telegraph.

Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre, Démocrates Libéraux en première ligne. Une responsable LibDem, la baronne Hamwee, a ainsi indiqué au Guardian qu’il faut «zéro tolérance avec la zéro tolérance». Tom Brake, député libéral-démocrate, a déclaré sur BBC2: «Il y a clairement des cas où les émeutiers ont commis des crimes sérieux qui méritent des peines sévères. Mais il y a eu des cas de personnes qui n’ont commis que des infractions mineures et ont reçu des condamnations qu’ils n’auraient jamais reçues si leurs actes avaient eu lieu avant les émeutes».

Sur le Guardian, le criminologue Roger Graef parle ainsi d’une «injustice légalisée». «Les règles des preuves et de la proportionnalité ont été mises de côté pour rassurer le public sur la restauration de la loi et de l’ordre», estime le réalisateur britannique. «Mais du moment où le but de la loi est le maintien de l’ordre, je crains que cette vague de punitions ne conduira qu’à un sentiment d’injustice auprès des émeutiers, de leurs familles et leurs amis».

(Photo : Des policiers britanniques à côté d''un fourgon cellulaire garé devant le tribunal de Westminster, à Londres.)

(Source : Libération.fr)