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Eddy Sadien : Poussé par l’hypersensibilité à vouloir soulager la détresse des gens ordinaires

17 avril 2011, 00:00

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Eddy Sadien : Poussé par l’hypersensibilité à vouloir soulager la détresse des gens ordinaires

Barbe sel, cheveux gris, petit. Toujours souriant. C’est ainsi qu’apparaît Eddy Sadien, travailleur social connu pour ses combats contre l’injustice. Arrêté en janvier 2010 après avoir rasé le crâne de Jayen Chellum, cet homme qui est de tous les combats est reparti libre de la Cour de district de Port-Louis, ce mardi 12 avril.

Travailleur social, révolutionnaire, fougueux, homme sensible à la misère des autres. C’est ainsi que les proches d’Eddy Sadien le décrivent. Cet homme de 55 ans est loin d’être un de ceux pour qui la vie est un long fleuve tranquille. Son quotidien est fait de lutte et de combat contre les injustices que subissent les gens ordinaires. Portrait d’un militant pour qui vivre ne sert à rien sans respect de l’être humain…

«Mon combat a toujours été de contribuer à l’épanouissement de l’être humain. J’ai travaillé cinq ans au sein du Trust Fund for the Integration of the Vulnerable Groups avant que le gouvernement ne me mette à la porte. C’était en 2006 et depuis je ne travaille plus», raconte-t-il. Il habite aujourd’hui dans un centre social qui appartient à l’association socioculturel de Tranquebar où il est gardien bénévole.

Le travailleur social avance que c’est sa fille, Prisila, qui le soutient financièrement. Il ajoute qu’il a de la chance d’avoir une fille qui l’aide. «Il n’y a pas beaucoup de parents qui ont cette chance», souligne Eddy Sadien, ému et fier.

Mais Eddy Sadien peut également compter sur le soutien de ses amis.

Jayen Chellum est un de ses plus grands compères. Il raconte qu’Eddy Sadien n’a jamais refusé d’aider ceux qui avaient besoin de lui. D’ailleurs, Jayen Chellum affirme qu’à plusieurs reprises, il a côtoyé Eddy Sadien dans de multiples combats. La dernière en date remonte à janvier 2010.

«Le gouvernement avait décidé de couper les subventions pour mes actions au sein de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice. J’avais envoyé plusieurs lettres au Premier ministre sans jamais recevoir de réponse. C’est alors que j’ai décidé de me raser le crâne devant le Parlement en signe de deuil et j’ai téléphoné à Eddy pour lui demander de me rendre ce service. Nous avons tous les deux été arrêtés», raconte Jayen Chellum.

Le secrétaire général de l’ACIM soutient que son ami est non seulement un perpétuel rebelle contre les injustices mais également un homme qui ne cherche pas son intérêt dans ses combats. «Il a côtoyé des gens de toutes les catégories sociales pour lui, cela ne faisait aucune différence.»

Harish Boodhoo raconte lui aussi qu’il a rencontré le travailleur social dans des moments difficiles. En effet, cela fait plusieurs années que l’homme de Belle-Terre connaît Eddy Sadien mais ce n’est qu’au début de 2011 qu’il l’a vraiment découvert.
«J’ai été surpris de constater qu’en 2011, il existe toujours des travailleurs sociaux qui respirent et qui vivent pour la société», déclare Harish Boodhoo, qui ne cache pas son admiration pour Eddy Sadien.

Toutefois, s’il y a un défaut que lui reprochent ses meilleurs amis, c’est bien celui de se laisser convaincre facilement par la souffrance des autres. Harish Boodhoo et Jayen Chellum sont unanimes, c’est bien cela qui l’a blessé.

Et c’est également ce que pense Jack Bizlall qui avoue ne pas être un ami proche d’Eddy Sadien. Jack Bizlall soutient que cela fait plus de 25 ans depuis qu’il connaît le travailleur social. «Nous n’avons pas le même tempérament, pas la même conscience politique et pas les mêmes principes mais je peux dire qu’il est quelqu’un d’hypersensible à la misère et à la souffrance des gens et à toutes les formes de domination et d’injustice», précise Jack Bizlall.

Cependant, toujours selon Jack Bizlall, c’est sa sensibilité qui a beaucoup affecté Eddy Sadien. «Il a beaucoup de qualités mais c’est une victime de la société. Il n’a pas eu la chance de vivre sa vie et il n’en a pas eu le temps. Mais il ne s’est jamais écarté du combat des démunis, de ceux qui n’avaient pas de toit. Il reste un contestataire incontournable mais il n’aime pas qu’on le critique et son entourage doit l’aider», estime Jack Bizlall.

Le travailleur social soutient que s’il devait recommencer sa vie, il l’a voudrait exactement comme celle qu’il a vécue. Toutefois, il regrette de n’avoir pu poursuivre des études universitaires. «Je voudrais pouvoir donner plus de considération à ma formation académique. C’est ce qui me manque. Il est fort déplorable de voir que les gens qui ont une formation académique délaisser le côté humain. Ils n’utilisent pas leurs connaissances pour aider les autres», laisse échapper le travailleur social, sur une note de tristesse.