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Echec de la deuxième réunion de négociation en Ukraine

24 janvier 2014, 16:01

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Echec de la deuxième réunion de négociation en Ukraine

Les manifestants antigouvernementaux ont commencé vendredi matin à ériger de nouvelles barricades dans le centre de Kiev après l'échec de la deuxième rencontre entre le président Viktor Ianoukovitch et trois représentants de l'opposition pour tenter de résoudre la crise politique en Ukraine.

 

Le chef de l'Etat, cible de la contestation depuis sa décision de renoncer à un partenariat commercial avec l'Union européenne en novembre, a reçu jeudi soir l'ancien boxeur Vitali Klitschko, l'ancien ministre de l'Economie Arseni Iatseniouk et le leader nationaliste Oleh Tiahnibok.

 

Cette deuxième rencontre entre le pouvoir et les opposants s'est soldée par un échec comme l'a relaté Klitschko devant les manifestants qui continuent d'occuper la place de l'Indépendance dans le centre de Kiev.

 

"Plusieurs heures de conversation ont été dépensées en vain. Il ne servait à rien d'aller s'asseoir à la table des négociations avec quelqu'un qui a décidé par avance de vous tromper", a-t-il dit.

 

Klitschko, qui a également rencontré les protestataires sur les barricades érigées dans le centre de la capitale, a espéré que la situation "n'aboutisse pas à un bain de sang et que personne ne soit tué".

 

"J'ai peur qu'il y ait des morts, j'ai vraiment peur de ça", a dit l'ancien boxeur faisant référence aux trois personnes tuées, dont deux par balles, lors de heurts entre des manifestants et la police anti-émeutes, mercredi matin.

 

Klitschko a précisé que Ianoukovitch avait refusé toute concession et rejeté l'idée que lui-même ou son gouvernement démissionne en raison des troubles provoqués par le refus de ratifier à la dernière minute un partenariat commercial négocié pendant plusieurs années avec l'Union européenne.

 

Des centaines de milliers d'Ukrainiens, favorables à un rapprochement avec l'UE, ont manifesté au cours des dernières semaines pour dénoncer cette décision assortie d'un rapprochement avec la Russie.

 

Vitali Klitschko, qui a pris la tête de la contestation, a appelé à un élargissement du mouvement à la fois à Kiev mais également dans d'autres villes du pays.

 

"Je pense qu'il faut progresser pas à pas, aujourd'hui quelques villes, demain un plus grand nombre. Aujourd'hui quelques barricades, demain un plus grand nombre. Nous allons étendre le territoire de 'Maidan'", a-t-il dit en référence au surnom donné à la place de l'Indépendance.

 

NOUVELLE BARRICADES

 

Arseni Iatseniouk a repris l'idée que de nouvelles barricades devaient être érigées dans la capitale afin de soutenir le mouvement de protestation.

 

"Il y a une liste de demandes qui n'ont pas été satisfaites. Allons-nous nous replier ? Non ! Construisons maintenant de nouvelles barricades", a-t-il lancé.

 

Selon des témoins, un millier de manifestants, certains armés de bâtons et portant des masques, ont immédiatement répondu à cet appel et ont commencé à ériger de nouvelles barricades plus près du palais présidentiel.

 

Cet échec de la discussion vient doucher les espoirs nés au cours de la journée de jeudi lorsque Ianoukovitch avait accepté de renouer le dialogue et de recevoir les dirigeants de l'opposition. Les manifestants avaient alors observé une trêve.

 

Le président ukrainien a également demandé dans l'après-midi une réunion d'urgence du Parlement.

 

"L'agitation de masse a été accompagnée de violences, d'effusions de sang, d'incendies. Cela signifie qu'aujourd'hui la situation doit être réglée immédiatement", a déclaré Viktor Ianoukovitch au président du Parlement, Volodimir Ribak.

 

Allant dans le sens du compromis, le président du Parlement a expliqué que les députés débattraient d'une éventuelle démission du gouvernement ainsi que des textes récemment votés, allusion à la loi anti-manifestation dont le vote en fin de semaine dernière a suscité la colère de la rue.

 

"TENTATIVE DE COUP D'ETAT"

 

Toutefois, l'absence totale de confiance entre le gouvernement et les manifestants transparaît clairement dans la remarque du Premier ministre Mikola Azarov qui a affirmé à l'agence de presse russe Interfax que l'action de l'opposition constituait une "tentative de coup d'Etat".

 

Interrogé par Reuters au Forum économique mondial de Davos en Suisse, Azarov a précisé qu'il n'avait pas pour projet d'instaurer l'état d'urgence dans l'immédiat.

 

"Nous ne voyons pas le besoin de mesures extrêmes pour le moment, mais ne placez pas le gouvernement dans une impasse", a-t-il mis en garde.

 

"Les gens ne doivent pas croire que le gouvernement manque des ressources nécessaires pour mettre fin à tout ceci. C'est notre droit et notre obligation constitutionnelle de rétablir l'ordre dans le pays", a-t-il prévenu.

 

Face à l'aggravation de la crise, des voix de plus en plus nombreuses se font entendre.

 

Les Etats-Unis envisagent des sanctions contre Kiev en réponse à la répression des manifestations, a déclaré la Maison blanche. Le vice-président Joe Biden, pour sa part, a eu un entretien téléphonique avec Ianoukovitch et l'a averti que si les autorités ne calmaient pas la situation, cela aurait des "conséquences".

 

La chancelière allemande Angela Merkel a fait part de son "indignation" face à la répression menée par le pouvoir ukrainien tout en estimant que l'Union européenne aurait tort de répondre par des sanctions contre Kiev.