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Eau : unités de dessalement et plantations d’arbres comme solutions à long terme

9 janvier 2011, 00:00

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Eau : unités de dessalement et plantations d’arbres comme solutions à long terme

Le manque d’eau à Maurice n’est pas dû qu’au changement climatique. Selon des spécialistes, les développements fonciers dans l’île y ont également contribué. Les alternatives envisagées : se tourner vers l’eau de mer et reboiser le pays. (Photo : L’unité de dessalement d’eau à l’hôtel Legends).

Face à la sécheresse qui s’est abattue sur Maurice depuis octobre dernier, nombreux sont ceux qui cherchent à comprendre ce qui entraîne ce rude changement. Certains professionnels soutiennent que le problème d’approvisionnement en eau à Maurice est également dû à la déforestation.

C’est connu, la végétation permet la rétention et la captation des eaux pluviales. Cependant, avec le remplacement des champs de cannes par des constructions massives de bâtiments en béton, les eaux pluviales dévalent vers les rivières pour se perdre dans la mer. En outre, le béton empêche le remplissage des nappes phréatiques.

Un exemple frappant, parmi d’autres : la Cybercité d’Ebène ou encore l’immense chantier de Bagatelle sur des terres consacrées auparavant à la culture de la canne à sucre.

L’architecte Thierry de Comarmond soutient qu’il est faux de dire que les constructeurs mauriciens ne tiennent pas compte de l’écologie. Toutefois, il affirme que les autorités devraient penser à procéder au reboisement pour compenser la destruction des champs de cannes.

«La végétation est indispensable pour attirer les eaux de pluie dans l’île. On voit très bien que la majorité de nos forêts a été détruite. Mais comme on ne compte plus trop sur la culture de la canne à sucre, on devrait se pencher davantage sur le reboisement», explique l’architecte.

Du côté de la Central Water Authority (CWA), l’on ne conteste pas cette idée. Deva Aukhool, directeur par intérim de cet organisme, reconnaît même qu’il y a un manque de catchment areas et de réservoirs à Maurice, c’est-à-dire des zones spécifiques pour capter les eaux pluviales.

«Nous n’avons pas suffisamment de réservoirs de captage d’eau. Mais la construction de deux digues, l’une à Bagatelle et l’autre à Rivière-des-Anguilles sont en projet et ils devront aider à retenir plus d’eau», soutient Deva Aukhool.

Par ailleurs, un autre problème occasionne de grosses interruptions dans la fourniture d’eau : la vétusté du réseau de distribution, avec un taux de fuites qui frôle les 50%. «Nous avons trop de vieux tuyaux dans différentes régions du pays. Le remplacement de ces tuyaux nécessite de gros investissements», poursuit le directeur par intérim de la CWA.

Mais, selon notre interlocuteur, la meilleure façon d’économiser l’eau reste l’éducation des Mauriciens. Par exemple, la pratique de récolte d’eau de pluie n’est pas très répandue à Maurice.

«Les Mauriciens doivent apprendre non seulement à économiser l’eau mais également à en récolter lors des grosses averses. Cette pratique s’inscrit dans le concept Maurice Ile Durable du gouvernement. Les Mauriciens devront être sensibilisés», souligne Deva Aukhool.

Un cadre de la station météorologique de Vacoas, qui ne souhaite pas que son nom soit cité, abonde dans le sens de Deva Aukhool concernant les zones de captation, en précisant que Maurice ne retient qu’un tiers des eaux de pluie. Il ajoute que le tarif de l’eau ne pousse pas non plus les Mauriciens à en économiser.

«D’habitude, les Mauriciens n’ont pas de gros problèmes d’eau. Et ils ne paient pas cher pour avoir de l’eau courante. Donc, ils sont une grande majorité à considérer cette ressource comme acquise. La situation de sécheresse actuelle est particulière mais la population doit être consciente de la nécessité d’économiser l’eau», précise ce cadre de la station météorologique de Vacoas.

Mais ce dernier estime, pour sa part, que le développement foncier à Maurice ne se fait pas aux dépens de l’environnement. «Les constructions n’ont pas de gros effets néfastes car elles ne sont pas entreprises de façon sauvage à Maurice.»

Le directeur par intérim de la CWA soutient que dans la mesure où les problèmes d’eau seront plus fréquents dans l’avenir, le gouvernement devra penser au dessalement de l’eau de mer.

«C’est en été que les hôtels consomment le plus d’eau et durant cette même saison, nous sommes en période de sécheresse. Le dessalement d’eau constituera à l’avenir la solution», indique-t-il.