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Devanand Ritoo : « Je serai le déclic du sport mauricien »

24 décembre 2008, 01:00

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Devanand Ritoo : « Je serai le déclic du sport mauricien »

Il fallait du changement au ministère des Sports, il y en a eu. Exit l’ancien ministre des sports. Devanand Ritoo est d’une autre génération. La métamorphose est vite palpable. Son passé de sportif, d’abord athlète puis footballeur, nous explose au visage. Et vite, on se dit : « enfin ». Enfin quelqu’un qui connaît son sujet, qui respire le sport par tous les pores.

Voilà trois mois qu’il est à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports. Trois mois que les choses se sont mises à bouger au sein de la sphère sportive mauricienne.

En fait, le temps est son pire ennemi. Il a moins de deux ans pour faire bouger les choses. Pas de grande marge de manœuvre donc. Conscient de ce handicap de taille, Devanand Ritoo fait un maximum d’efforts. Il a même enfilé ses bottes des Sept Lieux pour aller à la rencontre des sportifs et leur porter un message, à savoir qu’il est ouvert à toutes discussions, qu’il est là pour écouter, comprendre et aider au maximum le sportif mauricien.

Il se veut fédérateur, proche des sportifs. Il veut donner de l’ambition au sport mauricien en ne se limitant pas qu’aux Jeux des îles de l’océan I’Indien et en allant chercher le succès aux Jeux de la Francophonie ou encore aux Jeux du Commonwealth.

Au fil de la conversation, on sent vibrer sa fibre sportive. Ça fait des lustres qu’on n’avait pas connu cela. L’espoir renaît pour le sport mauricien…

Son constat après trois mois comme ministre
« Depuis que je suis en poste comme ministre de la Jeunesse et des Sports, cette conviction qu’il y a un énorme potentiel dans notre île est encore plus importante. J’ai vu les jeunes qui sont dans le Trust Fund for Excellence in Sports à l’exemple de Christopher Sophie ou encore de Jessica Rosun et qui sont capables de se mesurer aux meilleurs Français. Je reste convaincu qu’il y a là un très gros potentiel.
Il ne faut plus se limiter aux Jeux des îles. Il faut voir plus loin, chercher davantage de médailles aux Jeux de la Francophonie et ceux du Commonwealth par exemple. Certaines fédérations travaillent très bien et d’autres ne le font pas avec le même engouement et le même enthousiasme.
Voilà, le potentiel est là et il faut maintenant les aider et les encourager. Nous avons des athlètes avec un gros potentiel, mais la question reste de savoir s’ils sont bien encadrés. Ça c’est une situation qui me fait un peu peur. »

Ses attentes
« Mon souhait est que le sport mauricien continue à progresser. Que l’on continue à produire d’autres Bruno Julie et Stéphan Buckland. Surtout mettre en place des infrastructures additionnelles. Continuer à propager le maximum de disciplines sportives dans l’île Maurice.
Je pense que l’avenir est assuré si j’arrive à garder cette proximité avec les athlètes. C’est très important. Etre présent continuellement à l’entraînement, sur les sites de compétitions, recevoir les responsables de fédérations. »

Le temps : son pire ennemi
« Quant j’ai été nommé, je savais que j’avais moins de deux ans. Mais, je n’ai pas voulu perdre une seconde. Le plus important à mes yeux, avant de présenter un bilan au Premier ministre, c’est d’avoir un bilan personnel. Je dois me demander si je suis satisfait de ce que j’ai accompli.
Je cours après le temps. »

Les guerres intestines au sein des fédérations
« Les guerres intestines vont se poursuivre que j’apporte des remèdes ou pas. Ce que je constate, ce sont les conflits de personnalités, ce n’est pas un problème propre à Maurice. Mais ce que je déteste le plus, c’est que dans ces conflits, c’est le sportif qui paie les pots cassés.
Voilà pourquoi je veux utiliser ma personnalité, mon charisme, si jamais j’en ai (rires)… pour essayer de résoudre au maximum, voire minimiser le plus possible,  les problèmes internes au sein des fédérations.
J’avoue qu’il y a des conflits de personnalités au sein même de mon ministère. Et j’insiste sur le fait que je ne tolérerai pas cela. Le message est clair. J’ai envie, jusqu’ici, de montrer mon bon côté, et j’ai un très mauvais côté que je n’ai pas envie de dévoiler maintenant. »

L’argent
« Le sport ne peut s’épanouir, s’il n’y a pas les partenaires du privé. C’est impossible de fonctionner sans argent. Pour être compétitif, il faut avoir un frottement avec l’étranger.
Il ne faut pas attendre uniquement l’aide de l’Etat. Il faut aller chercher l’aide du secteur privé. Savoir faire des concessions afin de pouvoir réutiliser l’argent économisé. C’est aux fédérations de faire cet effort.
Certaines fédérations font plaisir aux petits copains. Il faut arrêter cela. Malgré que nous soyons dans une situation économique difficile, le gouvernement fait des efforts pour continuer à augmenter les allocations et le budget. Je vais couper là où il faut couper. Je fais un appel aux fédérations de privilégier les athlètes au lieu de déplacer trop de dirigeants. »

Des athlètes trop timides
« Ceux qui donnent tout au sport ont des défaillances académiques et deviennent trop timides.
A cause de cette timidité, l’athlète se referme sur lui-même et ne vient pas exposer ses problèmes. Il préfère souffrir dans son coin que de venir chercher de l’aide auprès de nous. J’ai donc profité de la rencontre avec les sportifs de la High Level Sports Unit pour leur expliquer qu’ils devaient venir me voir pour qu’on puisse résoudre les problèmes. »

Le sport Roi
« C’est grâce au football que je suis devenu ce que je suis. C’est cette discipline qui est le sport Roi, et c’est elle qui souffre le plus. Elle a, aussi, suscité un sentiment de honte à l’issue des performances de l’équipe nationale. Quand le football se porte bien, le pays aussi.
Il était urgent de trouver un DTN pour le football, mais cela s’applique aussi aux autres disciplines qui souffrent également. »

Un mot sur ses prédécesseurs
« Comme j’étais moi-même un sportif, je n’ai pas le droit de ne pas faire mieux. Je dis cela sans pour autant dévaloriser mes prédécesseurs. Même si je ne fais pas mieux, je veux, au pire, que la communauté sportive se sente bien. Je veux créer ce déclic qui propulsera le sport mauricien vers d’autres horizons. Je n’oublie pas qu’un ministre ça part et il y a quelqu’un d’autre qui prend sa place. J’espère simplement apporter cette ambition au sport mauricien durant mon mandat de ministre. »