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Des milliers de tonnes de litchis pourrissent à Tolagnaro

10 décembre 2008, 01:00

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À cause de son éloignement, Tolagnaro a du mal à écouler ses produits. Des milliers de tonnes de litchis pourrissent sur place, faute d’infrastructures.

Le spectacle est à la fois impressionnant et désolant. Tolagnaro et ses environs sont envahis par la couleur rouge vif du litchi parfaitement mûr à cette époque. Des pieds de litchis alourdis par leurs fruits longent les routes et attirent les regards au milieu des forêts avoisinantes.

L''''Anosy est une des régions de la Grande île particulièrement propices à ce fruit. Christophe Veloson Tsirafy, directeur régional du développement rural (DRDR), parle d''une production de plus de 5 000 tonnes, mais d''autres techniciens avancent une estimation allant jusqu''à 20 000 tonnes.

Pourtant aucune précaution n’a été prise au préalable et cette année encore, presque la totalité de cette richesse pourrira sur place. Il n''y a pas de débouchés car Tolagnaro est une ville enclavée qui ne dispose d’aucune infrastructure en vue de son exportation.

«Le litchi est une filière qui est encore à réorganiser entièrement dans notre région. Les fruits vont une fois de plus pourrir sur leurs arbres cette année», constate avec amertume le DRDR de l''Anosy.

Pourtant, le litchi de Tolagnaro est un des meilleurs de Madagascar. Même sans les données techniques comme celles émanant du Centre technique horticole de Toamasina, la bonne qualité des fruits est frappante à vue d’œil : un calibre moyen de 30 mm et un taux de sucre élevé. Toutes les communes du district produisent du litchi pour ne citer que Ranomafana, Ampasinampoana et Soanierana. Sur

le marché local, le prix du kilo est dérisoire et avoisine les 200 ariary (Rs 6.00). «Presque personne n''achète de litchi à Tolagnaro car il y en a partout et il suffit d’en cueillir. Ce sont surtout les visiteurs qui en achètent», témoigne Natacha Tsitakotsy, une commerçante du centre-ville.

Les autorités locales tentent de remédier à la situation. Le DRDR annonce la mise en place d''un plan d''actions à court et moyen terme. L''objectif vise l''exportation, mais une restructuration de la chaîne en amont est indispensable, des producteurs aux collecteurs et exportateurs.

«L''ouverture prochaine du port d''Ehoala changera la donne pour la filière. Il est temps de valoriser ce potentiel», déclare Christophe Veloson Tsirafy.

Pour les opérateurs concernés, Tolagnaro offre une réelle opportunité, mais l’absence d’infrastructures bloque les possibilités, notamment au niveau du transport. Les bateaux frigorifiés des importateurs français n''y vont pas alors qu''il faut presque trois jours pour rejoindre la capitale par la route.

Le cas de Tolagnaro n''est pas isolé. Plusieurs localités du littoral oriental de la Grande île, du Nord au Sud, et qui sont productrices de litchis souffrent du même problème. C''est le cas, par exemple, de Maroantsetra et de Mananara-nord. Par la force des choses, la production est exclusivement destinée à la consommation locale dans ces zones pourtant réputées comme très propices à la culture de ce fruit. À Manakara, la fermeture du port handicape aussi la filière. Durant la dernière campagne, un opérateur qui a effectué le traitement sur place, a dû acheminer sa production par camion jusqu''à Toamasina. Il a pourtant pu remplir difficilement 4 conteneurs.
 
Mahefa Rakotomalala

L’Express de Madagascar