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Désaccord syndical : quand des dirigeants donnent le mauvais exemple

22 mai 2011, 00:00

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Désaccord syndical : quand des dirigeants donnent le mauvais exemple

Le 1er mai, l’appel à l’unité des syndicats était unanime. A peine les clameurs se sont-elles tues que l’on voit l’apparition d’une nouvelle fédération. Pour défendre les intérêts des fonctionnaires, mais qui porte aussi un nouveau coup à l’unité syndicale.

Deux personnes sont au centre de cette nouvelle controverse syndicale : Rashid Imrith et Toolsyraj Benydin, l’un président de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU) de 1994 à 2002, et l’autre en fonctions depuis cette date.

Il y a un an, le 13 mai 2010 précisément, les deux hommes s’étaient affrontés pour le renouvellement de l’exécutif, Toolsyraj Benydin remportant 73 votes contre 45 en faveur de son challenger.

Tout récemment, une guerre ouverte s’est déclarée entre Toolsyraj Benydin et Rashid Imrith, président de la Government General Services Union, jusqu’à récemment affiliée à la FCSOU. A l’origine de cette bisbille : la décision de Rashid Imrith de créer la Federation of Public Sector and Other Unions (FPSOU).

Lors de la première conférence de cette fédération qui a eu lieu le mardi 10 mai, Rashid Imrith avait choisi un thème éminemment fédérateur : le rapport du Pay Research Bureau (PRB), réclamant qu’il soit publié chaque deux ans au lieu de quatre.

« Il serait bénéfique à tous que le rapport du PRB soit publié chaque deux ans, soit un premier en novembre 2011, qui proposera une augmentation des salaires intérimaires pour les employés du secteur public, qui prendra effet à partir du 1er janvier 2012 », a expliqué Rashid Imrith.

Dans une déclaration à la presse, le président de la FPSOU a révélé s’être entretenu avec le Chef de la fonction publique, Suresh Seebaluck, et que ce dernier avait approuvé cette demande.

Cela a suffi pour faire réagir Toolsyraj Benydin. Le président de la FCSOU a alors indiqué qu’il a, lui aussi, rencontré le Chef de la fonction publique et que ce dernier lui a dit que « des discussions sont toujours en cours ».

Sollicité par lexpress.mu, Toolsyraj Benydin se veut conciliant et soutient « qu’il n’y a pas de clash entre lui et son collègue ». « C’est juste qu’il a décidé de mettre sur pied une nouvelle fédération, dont l’unique but est de diviser les fonctionnaires », confie Toolsyraj Benydin.

Même s’il avoue que certaines critiques entre dirigeants syndicaux mettent à mal l’appel du 1er mai en faveur de l’unité syndicale, Toolsyraj Benydin persiste à dire qu’il veut lutter en faveur des travailleurs. « Nous ne sommes pas là pour faire de la démagogie », a-t-il lancé.

Rashid Imrith n’hésite pas à revenir à la charge. « Je n’ai pas le temps pour ces choses-là. Je préfère me battre pour de vraies causes », a-t-il déclaré à lexpress.mu. « Contrairement à certains, je suis un syndicaliste pro-actif, toujours sur le terrain. Mon style diffère des autres syndicalistes », a ajouté Rashid Imrith.

Les choses semblent avoir atteint le point de non-retour entre les deux hommes. Même au détriment d’une solidarité face à leur employeur, le gouvernement. Ce qui ne manquera pas de créer de la désaffection chez leurs adhérents.

Le syndicaliste Jack Bizall, pour sa part, se dit  « déçu en voyant la situation syndicale ». Evoquant l’avenir du syndicalisme, Jack Bizlall, qui fut lui-même membre de la direction de la Fédération des syndicats du service civil, ancêtre de la FCSOU, ne mâche pas ses mots : « Suivant cette tendance, elle s’affaiblira et disparaîtra. »

« Il est désolant de constater que certains syndicalistes adoptent le même comportement que des politiciens. Bien évidemment, certains dirigeants syndicaux s’efforcent de travailler, mais d’autres tentent de torpiller nos activités. Je n’arrive pas à y croire. Cela est inacceptable ! », s’insurge-t-il.