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Dégâts aux arbres fruitiers : l’abattage de chauves-souris sérieusement envisagé

16 janvier 2012, 00:00

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Dégâts aux arbres fruitiers : l’abattage de chauves-souris sérieusement envisagé

Les dégâts causés au secteur de la production de fruits (Rs 64 millions de pertes en 2009) sont tels qu’ils peuvent faire perdre à la chauve-souris son statut d’espèce protégée. Pour celui de parasite.

La patience a ses limites. Celle du gouvernement à l’égard des chauves-souris, a semble-t-il, atteint les siennes. Les mesures de prévention, dont les subventions pour l’achat de filets, n’ayant pas atteint les objectifs escomptés, l’Etat mauricien s’oriente vers l’abattage du Pteropus niger, la grosse chauve-souris, une espèce endémique, donc unique, à Maurice et à la Réunion.

Deux initiatives illustrent la détermination de l’Etat mauricien. D’abord, sa démarche auprès de l’Union internationale pour la conservation de la nature, organisation non gouvernementale chargée d’influencer, d’encourager et d’assister dans le domaine de la conservation, de l’intégrité et de la diversité de la nature.

L’Etat mauricien demande officiellement le déclassement du statut actuel de la chauve-souris mauricienne qui jouit d’un statut d’espèce endémique donc sujet à la conservation et à la protection. Autrement dit, lui accorder le feu vert pour les abattre.
L’autre initiative beaucoup plus décisive et percutante que la première concerne l’élaboration d’une législation pour que soit possible le contrôle des populations de la faune lorsqu’une espèce est considérée comme parasite. La législation, le National Parks Bill, est à l’étape de projet. Elle n’attend que le feu vert de l’Attorney General, conseil légal du gouvernement, pour que le texte soit déposé sur la table de l’Assemblée nationale.

Cette démarche fait sourciller déjà la Mauritian Wild Life Foundation. « La chauve-souris de Maurice est unique au monde, le résultat de millions d’années d’évolution dans l’Eden qu’était l’île Maurice. Elle mérite la fierté et la protection de chaque Mauricien, au même titre que l’ébénier, le tambalacoque, la crécerelle, le pigeon des Mares, le boa de l’île Ronde — en somme tout ce qui constitue le patrimoine de notre pays » insiste Vikash Tatayah, Conversation Manager.

Il propose la mise sur pied d’études avancées, fiables et à long terme sur l’écologie de la chauve-souris, les dynamiques de ses populations, les niveaux réels et comparables de dégâts causés aux fruits, les coûts et les bénéfices des méthodes de protection de fruits, de nouvelles techniques de culture et d’amélioration variétale. Vikash Tatayah souhaite que l’impact réel sur les pertes économiques soit pris en compte.

Les dégâts causés par les chauves-souris au secteur de la production de fruits ne sont pas étrangers à la démarche de l’Etat. Pour la seule année 2009, les pertes pour les producteurs de letchis, de longanes et de mangues, respectivement, sont estimées à Rs 40 millions, Rs 16 millions et Rs 8 millions.