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Défi Intégration : Donner aux handicapés une chance dans la société

21 novembre 2010, 00:00

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Défi Intégration : Donner aux handicapés une chance dans la société

Le lundi 15 novembre, l’équipage du Jolokia est arrivé dans les eaux de Port-Louis, après plus de 68 jours de voyage en mer. Cet équipage venant de Port-Louis, France, et qui semble ne rien avoir en particulier, a pourtant accompli un voyage fantastique à plus d’un titre ,notamment en donnant la preuve que les handicapés ont leur place dans la société.

Le récit de ce long voyage a apporté beaucoup d’espoir aux enfants handicapés de Maurice, le jeudi 18 novembre dernier, lors d’une visite guidée du voilier.

Il est 9h45 sur le quai de La Péninsule, au Caudan. Beaucoup de visiteurs attendent patiemment de pouvoir monter sur le voilier. Eric Bellion, le skippeur en compagnie de son coéquipier, Olivier Brisse, se chargent de guider les visiteurs à bord du Jolokia, initialement destiné aux courses.

Le Jolokia est peint des couleurs vives du piment rouge. Le bateau fait 15,24 mètres de long et 5,10 mètres de large et a été modifié puisqu’il fallait l’adapter à tous les membres de l’équipage, également composé de personnes handicapées.

D’ailleurs, Olivier Brisse lui-même souffre d’un handicap. Il est non-voyant, ce qui n’est pas évident pour une personne non-avertie. Tellement il est à l’aise. Munis de lunettes de soleil, il se tient debout sur le voilier et aide les enfants à monter à bord.

Petite visite guidée dans ce voilier «spécial», puisqu’il contient toutes sortes de facilités pour permettre à la fois aux personnes valides ou handicapées de circuler, sans danger. Déjà du côté du cockpit, les sièges sont équipés de sangles protectrices qui assurent aussi la stabilité lors d’une traversée.

Dans le «carré», compartiment du voilier qui comprend les sacs de couchage, la douche, le tableau de contrôle, ainsi qu’une petite cuisine, des mains courantes et des sangles ont été placés tout le long de l’espace réservé au déplacement de l’équipage. Une «chaise ascenseur» se trouve à l’entrée du carré pour permettre à ceux qui ont des difficultés de déplacement à y entrer.

La question qui intéressait les enfants : la survie en mer pendant plus de 68 jours. Les guides ont affirmé qu’ils avaient eu droit au repas fonctionnel, comme des fruits secs ou des soupes, faciles à préparer.

Cependant, le plus gros souci de l’équipage au cours de ce voyage était le manque d’eau douce. «Il y a une pompe qui sert au dessalement de l’eau mais elle ne fonctionnait pas. Donc, on minimisait les douches et on se lavait avec des lingettes et un litre et demi d’eau», souligne Olivier Brisse.

Interrogé sur le déroulement du voyage, Eric Bellion affirme qu’il y a eu des jours difficiles mais que l’équipage est resté soudé malgré tout. «Nous menons une lutte pour l’intégration des personnes handicapées dans la société. Ce voyage a prouvé que tout le monde a du potentiel il faut juste repérer les qualités de tout un chacun», ajoute-t-il.

Les deux guides n’ont pas manqué de faire ressortir qu’ils avaient apprécié l’accueil mauricien à leur arrivée et  l’enthousiasme des enfants à la vue du voilier.

«C’est vraiment fabuleux. Les Mauriciens se montrent très enthousiastes pour la visite guidée», ajoute Olivier Brisse, tout en aidant les enfants. Ces derniers étaient tout excités à la vue du voilier, beaucoup d’entre eux étaient pressés de monter à bord. Olivier Brisse et Eric Bellion ont dû diviser la quarantaine d’enfants en groupe de quinze pour effectuer la visite à tour de rôle.

Vijayantee Domun, responsable du centre pour l’Education et le Progrès des Enfants Handicapés à Flacq, affirme que ce voyage donne de l’espoir aux enfants. «Cela leur montre qu’ils sont aussi capables de réussir dans la vie et que rien ne s’arrête à leur handicap. Il faut toujours penser à avancer», soutient-elle.

Eric Bellion annonce que le prochain objectif de l’équipage est de faire deux livres et un film sur le voyage, toujours dans le but de montrer aux gens que les handicapés sont des personnes capables de beaucoup de choses.

«La lutte pour l’intégration des personnes handicapées continue. Et puis, qui sait? Peut être que lors de notre prochain voyage, nous pourrons embarquer des Mauriciens également», conclut Eric Bellion en souriant.

Estelle Bastien