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CT Power: une vérité qui arrange

30 janvier 2013, 00:00

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Le pays a-t-il véritablement besoin des 110 MW supplémentaires que produira CT Power ? Oui, s’accordent à dire des observateurs du secteur de l’énergie. Le fait est que Maurice devra, dans un avenir très proche, augmenter sa production d’électricité pour répondre à une demande croissante. A moins d’apprendre à mieux gérer celle-ci.


Interrogé, le président de l’Energy Efficiency Management Office, Khalil Elahee, affirme que le pays aura «effectivement besoin d’un minimum de 100 MW» d’ici 2015. Du moins si l’on continue à occulter des questions urgentes, comme la gestion de la demande de l’énergie et la réforme du secteur sucrier. Or, le potentiel pour les économies d’énergie ou «mégawatts » est énorme.

«Les lampes de basse consommation ont, à elles seules, permis d’éviter une hausse de 25 MW de la demande, soit la moitié de la première tranche de CT Power que nous attendons depuis sept ans. Durant les deux ans à attendre que CT Power sorte de terre, nous aurons même pu produire des bioénergies en partenariat avec les pays de la région comme le Mozambique ou Madagascar. Les investissements courants et futurs du CEB à Fort Victoria et à St Louis sont potentiellement durables si nous remplaçons l’huile lourde par du biodiesel», soutient Khalil Elahee.

Du côté du CEB, l’on est catégorique toutefois : «On devra augmenter notre capacité d’ici 2015 puisqu’en période de pointe, la demande arrive à plus de 430 MW.» A titre de comparaison, la «peak demand» avoisinait les 284 MW en 2000.

«La réalité, c’est qu’on arrive aux limites de nos moyens de production», dit, pour sa part, un ancien ingénieur spécialisé en énergie. Pour lui, «le charbon est une énergie d’avenir». Il ajoute que le monde possède des réserves de charbon pour 250 ans, des réserves situées dans des pays «politiquement stables», comme l’Afrique du Sud, l’Argentine et la Chine. Le hic, c’est qu’un kilowatt/heure d’électricité, produit à partir de charbon génère 900 g de CO2 (comparé à 600 g pour le gaz), d’où la nécessité d’installer des «chaudières dernier cri pour séquestrer le CO2».

Ce qui ne veut pas dire que le charbon représente une panacée en matière de politique énergétique. «C’est un ensemble. Il faudrait, par exemple, que tous les nouveaux bâtiments soient isolés et installer des panneaux photovoltaïques sur les toits des maisons», affirme l’ancien ingénieur. La suggestion est d’autant plus pertinente que la période de l’année où la demande est la plus élevée coïncide avec celle où il y a le plus de soleil. «Maurice a pris du retard dans le photovoltaïque. On peut faire des tas de choses, mais il faut de l’argent», conclut-il.

Khalil Elahee pense justement que juger le projet de CT Power uniquement en termes de la capacité supplémentaire qu’il offrira est bien trop réducteur, surtout pour un pays qui s’est donné pour objectif de réduire sa dépendance sur les énergies fossiles. «Tout est une question de choix. C’est une décision politique qui a des ramifications économiques, sociales et environnementales. Concrètement, ce qu’il faut d’abord, c’est gérer la demande et se donner les moyens pour le faire.»