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Crise de la dette: il n''y a pas de fatalité populiste en Europe

16 novembre 2011, 00:00

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Crise de la dette: il n''y a pas de fatalité populiste en Europe

Plusieurs gouvernements sont tombés en Europe, tels des dommages collatéraux de la crise de la dette. A l''''horizon des prochaines consultations électorales, quelle Europe politique se dessine? Analyse de Christian Makarian dans L’EXPRESS.fr ce mercredi. Extraits.

On sait combien la crise aggrave les injustices sociales, mais, en matière politique, reconnaissons qu''elle n''épargne ni les ministres ni les chefs de gouvernement, écrit l’auteur. Avec la chute de Berlusconi, le nombre des gouvernements victimes, directes ou indirectes, de la situation économique et financière vient encore d''augmenter. Si légitime et parfaitement démocratique qu''il soit, le dénouement transalpin ( en Italie) allonge la liste des dommages collatéraux, qui commence à devenir hautement significative. En précisant que ce sont non les frasques insensées du président du Conseil italien qui lui ont coûté son fauteuil, mais bien plutôt les pressions des marchés et des partenaires européens.

Pour être complet, à la démission de Georges Papandréou et au départ programmé de l''Espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, contraint d''avancer la date des élections législatives au 20 novembre face à la dégradation de la note souveraine du pays et à la colère de l''opinion, il faut encore ajouter, depuis 2010, les défaites cuisantes des Premiers ministres d''Irlande et du Portugal, ainsi que la déstabilisation de leurs homologues au Danemark, en Hongrie, en Slovaquie et en Slovénie. Le cas du Royaume-Uni, qui se positionne obstinément hors de l''euro, est différent mais tout aussi alarmant, puisque la coalition conservateurs libéraux au pouvoir a dû essuyer une offensive conservatrice dirigée contre l''Europe, fronde qui visait en premier lieu David Cameron.

Trois autres pays, pourtant réputés stables, n''offrent aucun répit à leurs gouvernants. En Allemagne, la chancelière navigue à vue à la tête de sa Koalition et reste tributaire d''une majorité émiettée et houleuse. Or, après sept revers successifs dans différents Länder (dont le Land de Berlin), Angela Merkel est maintenant forcée, en raison d''une décision récente de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, de soumettre tout accord budgétaire conclu avec ses partenaires européens à l''assentiment du Parlement. Aux Pays-Bas, l''opinion est plus que sceptique quant à la longévité de la coalition au pouvoir, dans laquelle sévit le parti populiste de Geert Wilders, qui fait ouvertement campagne contre l''euro. En France, il va sans dire que l''échéance présidentielle s''inscrit totalement sous le signe de l''angoisse entretenue par la crise. 

D''où le doute qui surgit: quelle Europe politique se dessine à l''horizon des prochaines consultations électorales? La question conditionne évidemment l''avenir même de l''Union, sa capacité à tirer les leçons de la crise des dettes souveraines comme les nouveaux contours qu''elle prendra. 

Bien que les courants populistes soient donnés partout en progrès par les pessimistes - notamment aux Pays-Bas, en France, en Hongrie et au Danemark -, il n''y a pas de fatalité "climatique" à une telle marée. En parallèle, se dessine au sein des opinions européennes une autre tendance, qui privilégie, à l''inverse, des dirigeants avant tout responsables, capables de mener à bien des programmes aussi rigoureux que fiables - ni promesses ni rudesse! 

Cette aspiration existe, s''exprime, mais reste entièrement à satisfaire et à délivrer des ficelles de la démagogie. Ce qui requiert une condition principale: que les différents candidats aux élections à venir, qu''ils soient de droite ou de gauche, acceptent de se montrer sincères autant que réalistes. En un mot, qu''ils abordent la dette avec le souci de leur propre crédit. 

Photo : Un Indigné à Berlin: "Le peuple ne devrait pas avoir peur de son gouvernement. C''est le gouvernement qui devrait avoir peur du peuple."

Source : Christian Makarian, L’EXPRESS.fr