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Compensation salariale: Shakeel Mohamed déclare que rien n’a été décidé

11 novembre 2010, 00:00

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Compensation salariale: Shakeel Mohamed déclare que rien n’a été décidé

Le ministre du Travail tente de calmer le jeu et sauver le tripartisme. Il minimise l’importance du document du ministère des Finances sur la compensation salariale et appelle les syndicalistes à participer au dialogue.

A sa sortie, d’une réunion au ministère des Finances, ce jeudi 11 novembre, le ministre du Travail, Shakeel Mohamed a relativisé l’importance du document circulé, hier, par le ministère de son collègue Pravind Jugnauth,  « Le ministre des Finances m’a clairement dit que ce n’est qu’une proposition, qu’un document de travail, pour lancer le débat sur la compensation salariale. », dit-il.

Le ministre déclare avoir téléphoné aux confédérations syndicales, ce matin, pour leur demander de faire parvenir leurs points de vue, par écrit, le plus vite possible, au ministère des Finances. Cela afin de faire connaître leur désaccord, s’il y en a, et présenter leurs propositions. C’est alors que les points de discussion pourront être précisés, a-t-il affirmé
« Rien n’a été décidé. Il faudra engager des discussions et débats  sur les modalités pour que le comité du National Tripartite Forum  puisse arriver à un consensus sur la compensation salariale», a-t-il ajouté.

Shakeel Mohamed ne manque pas de réitérer sa volonté de réussir les négociations tripartites.  «Le tripartisme va triompher, j’y tiens. C’est important qu’on écoute le point de vue des syndicalistes, et qu’il y ait un échange d’idées entre toutes les parties».

On se rappellera qu’il y a eu un tollé au sein de la classe syndicale après les propositions du ministère des Finances concernant la compensation salariale. En effet dans un document circulé par le ministère, il est proposé de mener séparément les négociations avec les employés du secteur privé et ceux de la fonction publique. Une autre suggestion qui fait bondir les syndicalistes est celle qui veut repousser le paiement de la compensation dans le privé à juillet 2011.

Ces dernières demandent l’intervention du Premier ministre, Navin Ramgoolam. Elles rappellent aussi que c’est le ministre du Travail, Shakeel Mohammed, qui préside le National Tripartite Forum (NTF).

Toutefois, si leurs appels aux autorités pour que le respect des négociations tripartites décidant de la compensation salariale, sont ignorés, alors, disent-ils, se déferlera une vague de contestation de la part des travailleurs.

Pour rappel, le ministère des Finances a adressé un document, intitulé «Discussion Paper for the National Tripartite Forum  - Operation and mandate of the technical committee on the determination of salary compensation», aux syndicats, hier, mercredi 10 novembre.

Il en ressort, principalement, que le ministre des Finances ne prévoit pas de compensation salariale pour les employés du secteur privé à partir de janvier 2011. Seuls les fonctionnaires recevront une compensation, exceptionnellement au début de l’année prochaine. Il n’y aura par la suite plus de négociation pour la fonction publique. Cet exercice sera effectué par le Pay Research Bureau qui sera, dorénavant, appelé à soumettre son rapport chaque deux ans.

«Puisque la compensation salariale dans les secteurs public et privé sont distincts et répondent à différentes perspectives, il serait plus approprié pour chaque secteur d’avoir son propre mécanisme, afin de mieux faire face aux questions de la compensation ayant trait à chaque secteur», indique ce document.

«Nous sommes au début des consultations avec les partenaires sociaux pour instituer des mécanismes durables et efficaces pour le succès du NTF. Ainsi, il n’y pas de temps pour la création d’un système et débuter les discussions et d’éventuelles négociations afin d’arriver à un accord en janvier pour le secteur privé… Se précipiter maintenant ne permettra pas la mise en place []]d’une formule], pouvant maximiser la compensation sans trop affecter la compétitivité», peut-on lire dans le document.

Ashok Subron, animateur de la Confédération Syndicale de Gauche (CSG) Solidarité, commente avec virulence ces propositions pour exprimer ses impressions.

«Apres avoir lu le document que nous avons reçu hier du ministère des Finances, nous nous posons la question : qui est le Premier ministre de ce pays : Navin Ramgoolam, Ali Mansoor ou François de Grivel ? D’un trait de plume, le ministère des Finances, a annulé les réunions tripartites concernant la compensation salariale. Si ce document émane du ministre des Finances, Pravind Jugnauth, cela veut dire qu’il n’est qu’une marionnette ou un pantin dans les mains d’Ali Mansoor ou de François de Grivel», déclare Ashok Subron.

«Ce document représente un coup d’état contre la volonté populaire qui a été exprimée dans les dernières élections générales, contre la politique de l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen. Ce document comporte une triple attaque. La compensation salariale aux travailleurs du secteur privé en janvier 2011 sera éliminée. La compensation salariale aux travailleurs du secteur public sera éliminée jusqu’en 2012. Sauf dans le prochain budget et l’attribution des pensions aux retraités ne sera pas révisée en 2012», poursuit-il.

Selon l’animateur de la CSG Solidarité, ce document est aussi «une claque au ministre du Travail, Shakeel Mohammed, et un renversement total de tout le processus mis sur pied par  celui-ci». Ashok Subron est d’avis que le Premier ministre doit absolument intervenir.

Pour sa part, Toolsiraj Benydin, président de la National Trade Unions Confédération (NTUC), est tout aussi révolté par ces mesures
.
«Ce document aurait dû d’abord être étudié par le comité du NTF. Cette instance n’a pas encore siégé et voilà qu’un document d’une telle envergure vient imposer une tout autre nature à la NTF. Ce document est provocateur et dangereux pour les tripartites. Il met en péril le principe intrinsèque de la négociation collective. Le principe du NTF est le dialogue social et le consensus. Finalement, ces mesures préconisées pour la compensation salariale aujourd’hui, sont pires qu’au temps du National Pay Council (NPC)», soutient Toolsiraj Benydin.

Le syndicaliste a réitéré son opposition à la politique de négociation sectorielle. Il demande au ministre du Travail « de rappeler à l’ordre les auteurs de ce document ».