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Clensy Appavoo - fondateur et directeur général du groupe Appavoo : Aller au-delà des frontières de la comptabilité

19 janvier 2014, 13:16

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Clensy Appavoo - fondateur et directeur général du groupe Appavoo : Aller au-delà des frontières de la comptabilité

 

Clensy Appavoo, fondateur et directeur général du groupe éponyme, a avancé dans la vie avec comme seules armes une soif inaltérable de connaissances et une détermination à réussir. Cela a contribué à son succès. Portrait d’un battant à l’occasion des 25 ans du groupe.
 
Affable, sympathique, se lisant comme un livre ouvert, c’est l’impression que laisse Clensy Appavoo après plus d’une heure d’entretien. Cet expert-comptable de 57 ans qui brasse des millions ne cache pas par exemple qu’il a connu la pauvreté. En effet, le père de ce natif de Souillac, tailleur de son état, décède alors que lui n’a que deux ans et que sa mère, Daisy, est enceinte.
 
Pour pouvoir l’élever, ainsi que le fils à qui elle va donner naissance, Daisy Appavoo, qui a appris la couture de son défunt mari, gagne sa vie en cousant sur mesure. «Elle nous a élevés pour ainsi dire avec la roue de sa Singer mais s’il y a deux choses qu’elle nous a inculquées, c’est que la pauvreté est notre vertu et l’intelligence notre seule richesse. Et que si nous avons la volonté, notre force sera à la mesure de nos désirs», raconte-t-il.
 
C’est à la Souillac R.C.A. et au collège Keats que Clensy Appavoo étudie. Le hic est que quand il arrive en Form II, sa mère ne peut plus payer sa scolarité. À l’époque, l’école offre une bourse au premier de la classe. Ne voulant pas arrêter l’école si tôt, il étudie sans relâche et de 12e qu’il était, il finit premier. Il répète l’exploit jusqu’à la Form V et décroche son School Certificate avec huit unités. Le recteur de l’école, qui voit en lui un futur lauréat, lui propose de payer ses études au collège St.-Joseph mais Clensy Appavoo joue de malchance.
 
Sa mère tombe gravement malade et ne peut plus coudre. À 17 ans et demi, il doit abandonner son rêve de fin d’études pour aller travailler et subvenir aux besoins de la famille. Le recteur du collège Keats lui offre un emploi d’enseignant de langues et mathématiques aux classes de Form IV. Sous la pression de sa mère cependant, il accepte d’intégrer la fonction publique.
 
Une de ses demandes d’emploi aboutit et il est embauché comme Court Officer à la magistrature de Souillac. Il conserve un pied dans l’enseignement puisqu’il donne des leçons particulières. Impressionné par la verve d’avocats de calibre tels que sir Gaëtan Duval et Madun Gujadhur, il ne peut envisager une carrière identique en raison d’un manque de finances.
 
La seule spécialisation qui se trouve à sa portée est la comptabilité qu’il a un peu tâtée en Form V et qu’il peut étudier à distance. Il se fait inscrire auprès de la London Chamber of Commerce and Industry et obtient les manuels adaptés. Il mise alors sur trois fronts : les études, l’enseignement et le travail. Il continue à chercher du boulot pour améliorer ses revenus et c’est au département des impôts qu’il est recruté comme percepteur.
 
Son mentor, Max Henri, le commissaire, l’encourage à prendre part aux examens internes et à gravir les échelons. C’est ainsi que peu après, il est nommé Investigation Officer et muté au département des enquêtes. Clensy Appavoo qui a alors 24 ans, est le plus jeune employé du département. Sa mère l’encourage à se marier pour acquérir une certaine stabilité et il le fait.
 
Il décide en parallèle de pousser plus loin les études de comptabilité et d’obtenir le fameux diplôme de l’Association of Chartered Certified Accountants. Il a 19 matières à l’étude qu’il complète en trois ans et réussit l’examen fi nal avec brio puisqu’il décroche le premier prix en gestion financière.
 
Cette réussite le catapulte numéro trois du département des impôts mais comme la nouvelle est loin de plaire à tout le monde, Max Henry lui conseille de mettre les voiles. Sentant, de son côté, qu’il ne progressera pas davantage, Clensy Appavoo cherche un emploi dans le secteur privé et est embauché comme chef comptable à la Chambre d’Agriculture. Ainsi pendant trois ans, il se familiarise au modèle d’affaires du secteur privé où ses compétences sont reconnues. Se sentant pousser des ailes, il se sent fi n prêt à s’installer à son compte dans un minuscule bureau coincé entre des quincailleries à la rue Royale à Port-Louis. C’est chose faite le 1er janvier 1989.
 
Ses débuts sont laborieux. Le premier projet d’affaires qu’il développe lui est présenté par un certain Alain O’Reilly, qui vient de quitter la sucrerie de Riche-en-Eau et qui veut réaliser un projet d’écotourisme. Clensy Appavoo rédige le projet en question et trouve même le financement adéquat pour ce qui deviendra «Le Domaine du Chasseur». Son deuxième client est Alain Arca, Français voulant investir à Maurice dans l’hôtellerie. «J’ai cherché le terrain, choisi le constructeur et mené jusqu’au bout le projet qui a abouti à l’hôtel St.-Georges ».
 
Son troisième client, qui n’a aucun lien de parenté avec lui, est le Réunionnais Armand Apavou, qui possède un terrain et qui veut y construire un hôtel. «Il cherchait un comptable. Il a ouvert l’annuaire et a trouvé mes coordonnées. J’ai donc mené à bien ce projet devenu l’hôtel Ambre.»
 
La famille Surat lui est aussi très reconnaissante. Lorsqu’elle le contacte, elle ne possède qu’un étal de fruits au marché de Curepipe mais veut agrandir son business. Il lui propose un modèle d’affaires, négocie un partenariat pour elle à La Réunion qui a fait du groupe Surat le numéro 1 de la distribution de fruits à l’île soeur, tout comme il présente les frères Surat à un partenaire sud-africain avec l’expansion qu’on leur connaît aujourd’hui. Clensy Appavoo fait aussi beaucoup d’auditing. De trois employés qu’ils étaient au départ en le comptant, ils sont une vingtaine au bout de trois ans et la croissance continue. Clensy Appavoo se fait un devoir de former chaque nouvel arrivant.
 
Les affaires marchant bien, il décide en 1995 d’investir dans la construction d’un Business Centre à la rue Mère Barthélemy à Port- Louis. Il est le premier des expertscomptables à avoir ses propres quartiers. Lorsqu’il s’installe dans ce bâtiment de sept étages, il entraîne à sa suite une cinquantaine d’employés. Au service de comptabilité et d’imposition propres à tout expertcomptable, il ajoute une palette d’autres services tombant sous des compagnies subsidiaires indépendantes, à savoir l’audit, le consulting, le secrétariat juridique, le global business (offshore), les ressources humaines, l’éducation sous forme d’un centre de formation, d’abord destiné aux employés du groupe mais finalement ouvert aux cadres et au personnel d’entreprises.
 
Clensy Appavoo se voit aussi confier entre autres la conception du business model de l’hôtel Ebony Mourouk à Rodrigues, de même que la responsabilité de mener une étude débouchant sur l’octroi de bateaux à moteur pour inciter les pêcheurs rodriguais à aller hors lagon. L’expansion du groupe Appavoo est aussi régionale car il travaille notamment sur un projet d’écotourisme dans la province du Kwazulu Natal en Afrique du Sud. Récemment, l’International Federation for Agricultural Development a retenu ses services pour une étude sur l’intégration des fermiers et agriculteurs seychellois dans la chaîne des valeurs du tourisme.
 
Appelé à dire comment il marque sa différence par rapport aux grosses entreprises comptables, Clensy Appavoo déclare que «tout est dans la façon dont on défi nit la qualité de son service et dans l’organisation du travail».
 
Depuis 1996, son groupe a intégré le réseau international d’expertscomptables HLB International, basé à Londres. Intégration qui lui permet de voyager énormément et d’être un des principaux intervenants aux conférences du réseau. Il est actuellement chargé du développement de la région Moyen-Orient et Afrique (MOA) et responsable d’organiser la prochaine conférence prévue pour novembre à Maurice.
 
Il met ensuite son énergie dans les études pour décrocher un Masters’ in Business Administration en stratégie globale auprès de l’université d’Oxford. Divorcé et remarié à Monica, expert-comptable italienne, qui lui a donné un fils de six ans nommé Loïc, Clensy Appavoo est aussi père de trois enfants adultes – Jérôme, Yannick et Aurélie – qui ont chacun leur propre business à Maurice, à La Réunion et en France. Il a présidé pendant deux ans la Mauritius Employers’ Federation et s’attelle dans une cellule spéciale au sein de cet organisme à rationaliser le secteur privé.
 
Ce professionnel qui s’adonne à la peinture et au jardinage dans son temps libre, sans négliger le social en souvenir de ses années de vaches maigres, a déjà préparé sa succession. Il met actuellement en place une structure de gestion qui intégrera les membres de son personnel les plus compétents. Une vie somme toute bien remplie !
 
«Tout est dans la facon dont on définit la qualité de son service.»