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Charge rayée dans l’affaire d’avortement de Kalla: une victoire au goût amer

7 mai 2009, 02:00

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Charge rayée dans l’affaire d’avortement de Kalla: une victoire au goût amer

En ce 7 mai, Shabeela Kalla n’est plus poursuivie par le DPP pour avoir eu recours à un avortement en 2006. La charge pesant contre elle a été rayée. Mais, à son bonheur, se mêle la frustration d’avoir «perdu» trois ans de sa vie.

«La charge contre ma cliente a été rayée. Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) a toutefois ordonné une enquête policière suite à une lettre que ma cliente a écrite. Mais nous ne nous en inquiétons pas. Cette lettre n’a pas de poids. Ma cliente est hors de danger. Le bon sens a primé et le DPP a enfin vu juste», déclare Me Kishore Pertab, celui qui a assuré la défense de Shabeela Kalla.

Cependant, il déplore le «gaspillage de temps et de fonds publics». Il juge que la «jeunesse et l’avenir» de sa cliente a été «éclaboussée».

Pour preuve, c’est elle-même qui le dit: «Même si c’est une victoire pour moi et de nombreuses femmes, je reste quand même assez amère. Parce qu’en fait, j’ai perdu trois ans de ma vie, et cela, le DPP ne pourra jamais me les rendre…».

«Pendant ces années où j’étais poursuivie par l’Etat, ce n’était pas facile pour moi de me présenter à la Cour, d’être traitée comme une criminelle. Dire que ces inconvénients auraient pu être évités…», poursuit-elle.

Et d’ajouter, «C’était une énorme perte de temps pour tout le monde, alors que les réels accusés de l’histoire sont libres depuis pas mal de temps».

Pour comprendre les raisons pour lesquelles cette jeune femme de 25 ans et son homme de loi évoquent sans cesse cette perte de temps, il faut revenir à la charge qui pesait sur Shabeela Kalla depuis août 2007. Celle de «procuring her own miscarriage when quick with child».

Me Kishore Pertab soutient que l’issue du procès a été déterminée grâce à la partie «quick with child» de cette charge. Selon le dictionnaire médical, cela fait référence à la période à partir de la 16ème semaine de maternité.

Or, les médecins, assignés dans cette affaire par l’Etat, ont avancé, suite à une échographie de Shabeela Kalla, que celle-ci était enceinte de six à huit semaines quand elle s’est fait avorter. L’avocat de la défense affirme qu’il a été avisé de leur conclusion qu’en avril 2009.

«Si j’avais obtenu cette information auparavant, j’aurais pu prouver que ma cliente n’a commis aucune offense plus tôt. L’information que détenait le DPP cassait la charge contre Shabeela. Ils ont mis trois ans pour comprendre cela. Enfin, vaut mieux tard que jamais», déclare Me Kishore Pertab.

Du moment que l’affaire est logée contre Shabeela Kalla, en août 2006, à ce mois de mai 2009, presque trois ans se sont écoulés, sans compter qu’elle a été appelée plusieurs fois durant cette période.

Aujourd’hui, sa liberté de partir et de revenir au pays à sa guise lui a été restituée. Que pense-t-elle faire alors?

«Je vais m’accorder un moment pour profiter de la vie, parce que j’en ai bavé pendant trois ans. Mais je compte continuer le combat avec toutes les associations concernées pour amener une suspension de la loi anti-avortement, que je juge archaïque et discriminatoire envers les femmes. Je ne veux pas qu’une autre passe par ce que, moi, j’ai vécu», répond-t-elle, plus que jamais combative.