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Cassam Uteem : « Je contemple toujours la possibilité de refaire de la politique active »

1 avril 2012, 00:00

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Cassam Uteem : « Je contemple toujours la possibilité de refaire de la politique active »

L’ancien président de la République Cassam Uteem ne pense pas que l’institution a été malmenée avec le retour de Sir Anerood en politique active. Il dit contempler la possibilité de revenir en politique.


Un président de la République qui démissionne, fustige l’action gouvernementale  et annonce son retour dans l’arène politique. Que vous inspire cet épisode de la vie de nos institutions ?


Si le Président a décidé de démissionner, c’est qu’il s’est rendu compte que le pays était en eaux troubles, et que les actions menées par le gouvernement ne sont pas à la hauteur des défis que ce soit sur le plan social, ou encore économique. Je ne crois pas que l’institution qu’est la présidence en a souffert, car en voulant démissionner du Réduit et retourner dans l’arène politique, le Président n’est pas allé à l’encontre des institutions.

L’image qu’a donnée la présidence de la République, ces derniers jours est-elle conforme à ce que vous aviez voulu donner durant votre mandat ?

Je ne suis pas du genre à venir faire des attaques contre mes successeurs. Je n’ai d’autant plus aucun reproche contre Sir Anerood, qui durant tout le long de son mandat a su se montrer au-dessus de la mêlée. Il a à mon sens été le garant de la constitution, et même s’il a décidé de se jeter dans l’arène politique je n’y vois là rien d’illégal. La loi n’empêche pas un Président de faire de nouveau de la politique active. D’ailleurs le cas de Sir Anerood n’est pas inédit, plusieurs présidents à travers le monde ont également décidé de revenir au-devant de la scène politique. C’est peut-être le style de Sir Anerood qui dérange car il a un style propre à lui qui fait souvent sourciller ses détracteurs. Il s’est vu contraint de prendre certaines positions, car ses messages n’étaient pas transmis comme il le voulait à la population. Il a donc décidé d’assumer ses responsabilités avec des déclarations par moments fracassantes. En ce qui me concerne, j’avais un style différent, mais dans le fond c’était la même cause : l’intérêt de la nation.

Ne peut-on dire que l’institution présidentielle est aujourd’hui malmenée de part et d’autre parce que  le choix du Président de la République est le résultat d’un Yalta institutionnel. Pourquoi ?

Je vous le redis à mon avis l’institution n’a en aucun cas été bafouée ou malmenée. Le style du Président, n’est certes pas très conventionnel, mais dans le fond nous constatons qu’il a su afficher de la neutralité depuis les neuf ans où il occupe ce poste. Il a été à l’écoute de la population et lorsqu’il a décidé de se jeter dans l’arène, il a soumis sa lettre de démission, tout en prenant le soin d’expliquer ses motivations à la population juste avant.

Avec toute la polémique concernant la neutralité que doit afficher un Président, ne pensez-vous pas qu’on devrait éviter de choisir un politicien pour assurer la présidence de la République ?

Le débat peut-être lancé. Mais à mon avis, personne ne doit être exclu ni les politiciens ni  les non politiciens. Tout ce dont ce poste a besoin, est d’une personne intègre, qui est au-dessus de la politique.

Quelle devrait selon vous être la préoccupation première d’un président de la République ?

S’assurer de la protection des intérêts de la nation. Le Président s’en est préoccupé, tout comme moi, qui allait souvent à la rencontre des plus démunis, pour donner un signal fort d’abord au gouvernement, pour qu’il se rende compte de ce qui se passe sous notre nez, et aussi conscientiser la population afin qu’elle évite de se contenter de son confort, et qu’elle réalise que Maurice est aussi habitée de personnes extrêmement pauvres.

La République a 20 ans. Pourquoi les Mauriciens n’ont-ils pas encore intégré les valeurs républicaines ?

La faute en revient plus aux gouvernements qu’aux Mauriciens. Il n’y a hélas aucune volonté politique surtout de la part de ce gouvernement pour conscientiser la population sur ce que ce sont réellement les valeurs républicaines. Par exemple, lors des célébrations nationales, mention n’est jamais faite de la République, qui est aussi en fête. On a tendance à trop capitaliser sur l’accession du pays à l’indépendance, et ainsi à négliger  un chapitre tout aussi important de notre histoire.

Sur un plan personnel maintenant. On peut comprendre que vous contemplez toujours la possibilité de revenir faire de la politique active. Quand allez-vous le faire et dans quel parti ?


En effet je contemple toujours. Les propositions sont là.

Votre cœur balance pour quelle formation politique ?

Certainement pas pour le Parti Travailliste, dont le leader avait fait des campagnes abjectes contre moi lors des législatives de 2010.