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Campagne «Nou pei bien malade» : l’intimidation porte ses fruits

22 juillet 2013, 07:54

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Campagne «Nou pei bien malade» : l’intimidation porte ses fruits

La campagne de publicité du Collectif Citoyen Maurice Environnement qui faisait polémique il n’y a pas si longtemps disparaît au fur et à mesure des billboards du pays, sur les chaînes des radios et télévision nationales. Toutefois, le Collectif n’était pas au courant de cette manœuvre.

 
La campagne d’intimidation à l’égard du Collectif Citoyen Maurice Environnement (CCME) a- t- elle finalement marché ? La publicité «nou pei bien malad» est en train de disparaître petit à petit des panneaux d’affichage du pays. À hier, un panneau d’affichage à Arsenal et un autre au rond-point du quai D avaient été recouverts d’un poster blanc. Alors que les publicités sur les radios et la télévision nationales ont, quant à elles, disparu depuis quelques jours. 
 
Les membres du CCME n’étaient pas au courant hier que les publicités sur ces deux panneaux d’affichage avaient été recouvertes. S’ils ont pu expliquer ce qui s’est passé à Arsenal – que le contrat avec Continental, propriétaire du panneau d’affi chage, était arrivé à expiration –, le cas du panneau d’affichage du Quai D reste, lui, un mystère. Car, apprenons- nous de sources fiables, Trait d’union, le propriétaire du panneau d’affichage du Quai D aurait reçu un e-mail menaçant de source gouvernementale – l’information n’est pas plus précise – qui lui aurait demandé de mettre fin à cette campagne publicitaire.
 
TIMIDITÉ DES VICTIMES
 
Si officiellement Trait d’union n’a pas obtempéré tout de suite, un poster blanc est apparu sur le panneau d’affichage dans la nuit de samedi à dimanche. Le collectif CCME se dit étonné par cet état des choses puisqu’«ils ne nous ont pas prévenus». Le collectif explique qu’il a bénéficié d’un tarif réduit pour le panneau d’affi chage étant donné que «Trait d’union était un de nos sponsors». Mais, «peut-être que Trait d’union a vendu cet espace publicitaire parce qu’ils ont trouvé un client», tente d’expliquer Sébastien Rousset. 
 
Depuis jeudi, les «menaces» subtiles n’ont pas arrêté. Ainsi un haut fonctionnaire du ministère de l’Environnement a fait comprendre à un des membres du collectif que «minis pa kontan, gouvernma pa kontan». La soudaine descente des lieux des officiers du ministère de l’Environnement à Terragen – «comme s’ils venaient de découvrir qu’il y avait des cendres à Terragen et que ce n’était pas bon pour l’environnement», commente un légiste – s’insère dans cette logique d’intimidation. 
 
La décision de la MBC d’arrêter de diffuser la publicité «nou pei bien malad», après n’avoir rien trouvé à redire sur la publicité pendant la semaine durant laquelle elle a été diffusée sur les ondes de la station nationale, en est un autre exemple. La raison donnée par la MBC est que la publicité en question pouvait être en violation avec les règlements de l’Independent Broadcasting Authority (IBA). Or, une source à l’IBA nous assure que jamais l’IBA ne s’est mêlée de tout cela et qu’aucune directive n’a été donnée en ce sens. 
 
Me Ashok Radhakissoon, ancien président de l’IBA, affirme, lui, que «tout est une question d’interprétation en ce qui s’agit des règlements de l’IBA. En tout cas, ce que cette affaire démontre, c’est à quel point la MBC est assujettie au gouvernement». Par contre, l’avocat explique que le CCME pourrait poursuivre la MBC pour rupture de contrat. 
 
Mais le problème, estime un autre légiste, c’est justement la timidité des victimes dans cette affaire. «Au gouvernement, ils ont pris la précaution de ne pas ordonner au collectif d’enlever la publicité. Donc, strictement parlant, il n’y a pas de violation des droits démocratiques, mais c’est indéniable qu’il y a eu et qu’il continue d’y avoir des actes d’intimidation que l’on pourrait qualifier de harcèlement.» 
 
Le problème, ajoute-t-il, c’est que seuls les promoteurs de la publicité ont le «locus standi» pour aller en Cour pour protester «contre ce harcèlement. Mais le collectif n’ira pas puisque ce sont des personnes qui sont dans la publicité et qui travaillent avec des agences du gouvernement et cela ne vaut pas la peine de se mettre à dos le gouvernement alors que Terra, qui est aussi un pollueur que l’État a toléré ces derniers temps, risque d’être harcelé systématiquement par les inspecteurs du ministère», explique le juriste en disant que «le jeu n’en vaut pas la chandelle pour eux». 
 
En d’autres mots, la tentative d’intimidation du gouvernement, a marché.
 
Terra risque d’être harcelé par les inspecteurs du ministère. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.