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Calebasses : Raj Jatoo dédie sa vie à la formation des jeunes

30 avril 2013, 08:10

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Calebasses : Raj Jatoo dédie sa vie à la formation des jeunes

 

Vingt ans depuis que la Maison familiale rurale (MFR) de Calebasses a vu le jour. Il a fallu, pour cela, qu’un homme ait une vision. Suite à un concours de circonstances, guidé par son envie d’aider son prochain et grâce à un coup de pouce du destin, Raj Jatoo a atteint son but.

 

Aujourd’hui, il est le directeur par intérim de la MFR de Calebasses et le directeur de la Fédaration des MFR de Maurice. Ces établissements proposent une formation à des adolescents qui ont abandonné l’école prématurément et les aident à trouver des stages en entreprise.

 

C’est en 1992 que l’aventure a commencé pour l’homme affable et discret qu’est Raj Jatoo. Il vient alors de terminer ses études secondaires au collège S t-Andrew set se joint au K rshnanand Seva Ashram de Calebasses, en tant que W elfare Officer. À titre bénévole.

 

En octobre de la même année, il rencontre des étudiants fréquentant la MFR de Tampon, à la Réunion, qui était en voyage d’étude à Maurice. Raj Jatoo s’intéresse de près aux opportunités offertes à ces étudiants…

 

Poursuivant son parcours atypique, dont le fil conducteur demeure son envie de venir en aide aux autres, le 1e janvier 1993, il décide de suivre un stage en gérontologie à l’hospice St-Jean de Dieu de Pamplemousses.

 

Il y rencontre alors Nicole Savromootoo, cuisinière, qui se plaint du fait que ses enfants avaient terminé leurs études primaires et «n’avaientrien à faire». L’image de sa rencontre avec les jeunes réunionnais lui revient à l’esprit.

 

Mû par une force intérieure, Raj Jatoo décide de faire du porte-à-porte à Pamplemousses, allant à la rencontre des autres enfants et adolescents livrés à euxmêmes après avoir abandonné l’école. Il en rencontre huit. Ensuite, direction de son village natal, Montagne-Longue, où il en rencontre 12. Au village Les Mariannes, il découvre huit autres jeunes désoeuvrés. «À cette époque-là, il n’y avait pas de prévoc», explique Raj Jatoo.

 

Ce dernier décide de prendre le taureau par les cornes. Il promet à deux enfants de Pamplemousses qu’il les fera admettre dans une nouvelle école. Ces derniers le prennent au mot. Ills se parent d’habits neufs, excités à l’idée de reprendre le chemin de l’école…

 

Le seul hic est que Raj Jatoo n’a pas d’endroit où il peut les emmener pour les aider à apprendre à lire et à écrire. Ce sont les deux enfants qui lui montrent le chemin. Ils lui indiquent un sentier qui donne un accès direct au Jardin botanique de Pamplemousses. Raj Jatoo s’en souvient comme si c’était hier. «J’avais été piqué par des guêpes…» La première classe a tout de même eu lieu...sous un kiosque.

 

Touché par le combat que mène l’instructeur, Chandernath Sembhoo met alors un garage – sis à Montagne-Longue – à sa disposition. Il compte alors 28 élèves. Pour les rejoindre, il enfourche chaque matin sa bicyclette. Et, malgré les démêlés avec ses proches qui lui reprochent de «travailler gratuitement» et les nombreux obstacles, Raj Jatoo n’abandonne pas les adolescents.

 

«Certaines personnes me traitaient même de fou !» se remémore-t-ilMais d’autres soutiennent son combat. À l’instar d’un homme d’affaires, qui met un local situé à côté de la plage, à Baie-du-Tombeau, à sa disposition. Mais le bâtiment subit d’importants dégâts durant le passage du cyclone Hollanda, en 1994.

 

Le propriétaire réclame Rs 60 000 pour des réparations. «On a dû changer huit fois d’emplacement. Si on ne payait pas la location à temps, on se faisait expulser. Nous cherchions des planches de coffrage pour les poser entre deux blocs afin de fabriquer des pupitres.»

 

Raj Jatoo entreprend également des démarches pour faire en sorte que son petit centre de formation soit associé à la MFR de France. C’est chose faite en 1996 et l’instructeur se rend à la Réunion pour suivre des cours destinés aux gestionnaires de ce type d’établissement. En 2000, il décroche son diplôme.

 

Quelque temps avant, alors qu’il se dirigeait vers Port-Louis, Raj Jatoo devait faire une halte à hauteur de l’église de St-Antoine, à l’entrée nord de la capitale. Il fut interpellé par une enseigne : celle d’Allied Motors. Il décide de tenter sa chance. Et il a eu raison. Deux rounds de négociation plus tard, le directeur de l’entreprise, Philippe Ah-Chuen décide de recruter deux des élèves de Raj Jatoo en tant que stagiaires.

 

«C’est à partir de làque j’ai commencé à récolter lespremiers fruits de mes efforts.»Plus tard, à travers Philippe Ah-Chuen toujours, l’instructeur rencontre Li Kwong Ken, alors président du Rotary Club de Grand-Baie, qui décide de soutenir son initiative. Grâce à un autre membre du R otary Club,Dinesh Gajeelee, la MFR obtient un lopin de terre de l’État à Calebasses. C’est là que se trouve le centre depuis.

 

En 20 ans, il a vu défiler plus d’un millier de jeunes. Une soixantaine d’entre eux y effectue des stages chaque année. Raj Jatoo, marié et père de deux enfants, souhaite désormais que ces derniers prennent la relève. «Peu importe le métier quec hoisiront mes enfants, je veux qu’ils s’engagent socialement comme moi…»