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Budget 2013 : le soutien de l’Etat sollicité

17 septembre 2012, 00:00

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Budget 2013 : le soutien de l’Etat sollicité

 A quelques semaines de la présentation du budget 2013 par le ministre des Finances, le 9 novembre prochain, les attentes des différents opérateurs économiques se précisent. Ils évoquent, entre autres, le besoin d’avoir des mesures incitatives susceptibles d’attirer des investissements étrangers et de relancer les secteurs du bâtiment et la pêche. D’autres attendent que les taxes dans l’immobilier ne soient pas revues à la hausse. La Mauritius Employers’ Federation (MEF) se prononce, elle, pour un partenariat public-privé pour la formation.

PECHE : «Priorités à une chambre froide et un fonds pour renouveler la flotte»

Objectif : développer le secteur. Pour ce faire, la Sea Lord Fishing (SLF) souhaite la construction d’une chambre froide dans la zone portuaire. Les poissons ramenés des bancs par des bateaux de pêche mauriciens y seront aussi traités. Cet organisme demande également une allocation pour le renouvellement de la flotte de bateaux.
Selon Hemraz Ghina, directeur général de la SLF, cette chambre froide permettra aux  bateaux de pêche mauriciens de débarquer leurs prises plus rapidement pendant la bonne saison, notamment en été. En ce faisant, ils pourront entreprendre un plus grand nombre de campagnes de pêche.

«Ces facilités vont aider à attirer un plus grand nombre de bateaux de pêche à Port-Louis et seront bénéfiques également aux chantiers navals, ajoute Hemraz Ghina. Cela aidera les compagnies mauriciennes de pêche à mieux approvisionner le marché local. Nous allons aussi pouvoir fabriquer des produits à valeur ajoutée.»

CONSTRUCTION : «Attirer des investissements étrangers»

Le constat dans le secteur du bâtiment est sans appel : la croissance continue à baisser. Et, pour la relancer,  une solution, soit attirer des investissements étrangers, indique Nicolas Pougnet, directeur général de la Building & Civil Engineering Co Ltd. «On ne voit pas de nouveaux gros projets privés démarrer dans un proche avenir. Les projets Integrated Resorts Scheme se font rares», dit-il. Conséquence : cela risque d’entraîner une suppression d’emplois dans le secteur.
Il déplore, par ailleurs, que les autorités prennent trop de temps pour traiter des dossiers relatifs aux projets d’investissement. «Autre problème : nous n’opérons pas à armes égales avec les compagnies étrangères du bâtiment. Il y a une concurrence déloyale», lance Nicolas Pougnet.

AGRICULTURE : «Un package pour booster les revenus canniers»

Le maintien du «80% advance scheme» pour les petits et moyens planteurs. C’est ce que réclame la Planters’ Reform Association (PFA). L’aide de la Banque de Maurice en ce sens est une nécessité. «Dans le sillage de la baisse de 36 % du prix du sucre, cela permet d’assurer, en début de campagne sucrière, un niveau de revenus adéquats pour couvrir les frais d’exploitation qui ne cessent de prendre l’ascenseur», soutient Salil Roy, président de la PRA.

Dans la foulée du programme gouvernemental 2012-15 et dans l’attente d’une formule finale correspondant aux attentes des planteurs au sujet de la bagasse qu’ils fournissent aux Independent Power Producers (IPP), il faudra, dans l’immédiat, un package intérimaire visant à booster les revenus canniers qui plafonnent. La PRA propose de fait l’augmentation du budget consacré au Field Operations Regrouping and Irrigation Project. L’objectif étant que celui-ci puisse toucher au plus vite les quelque 13 000 planteurs de canne.

Autre nécessité : augmenter les fonds alloués au Planters’ Harvest Scheme et baisser le taux d’intérêt y relatif. Cela, afin que les petites et moyennes entreprises et d’autres entrepreneurs puissent investir davantage dans l’achat d’équipements agricoles. Ce qui aidera à pallier le manque de main-d’œuvre. En contrepartie, ajoute la PRA, il faudra exiger des bénéficiaires qu’ils offrent leurs services à des tarifs compétitifs.

La PRA propose, en outre, de maintenir le remboursement de la taxe sur la valeur ajoutée sur les achats d’équipements agricoles, de créer un fonds pour une réhabilitation rapide et structurée des terres anciennement sous culture de la canne mais aujourd’hui abandonnées. Aussi, d’ouvrir l’espace Fairtrade  à de nouvelles sociétés coopératives selon les possibilités du marché.

IMMOBILIER : «Ne pas augmenter les taxes»

Maurice est à la croisée des chemins, affirme Sagiterra Limited, la branche immobilière de Terra (ex-Harel Frères). «Nous sommes dans un  buyers’ market  avec des opportunités d’investissements un peu partout, que ce soit dans des morcellements ou des constructions d’appartements», fait valoir Bernard Desvaux de Marigny, General Manager de Sagiterra.

Le foncier, ajoute-t-il, demeure une valeur sûre et le Mauricien continuera à y investir. Mais, il devient «exigeant et recherche la qualité, la proximité des services ainsi que le retour sur investissement».

De poursuivre : le marché immobilier est un des seuls qui résistent à la crise et le gouvernement se doit de le protéger. «Nous attendons de ce budget que la palette de taxes affectant ce secteur ne soit pas revue à la hausse. Car sur chaque vente d’un lot résidentiel, le montant des taxes est d’environ 35 % du prix de vente», avance Bernard Desvaux de Marigny. Pour lui, «le gouvernement se doit de faciliter l’obtention des différents permis, notamment pour la conversion  des terres, les morcellements et aussi l’Environment Impact Assessment. Cela prend actuellement environ dix-huit mois pour avoir une lettre d’intention. C’est trop».

TEXTILE : «Encourager l’investissement dans des équipements»

Le mémoire de la Mauritius Export Association (MEXA) s’articulera sur deux points. En premier lieu, des incentives pour l’investissement dans des usines, des machines et des équipements.

Actuellement, l’investissement dans des outils de production et d’exportation est très faible. «Cela risque d’avoir de graves conséquences à l’avenir pour le secteur d’exportation et manufacturier. La productivité et la qualité vont baisser et cela affectera notre compétitivité», clame Yogesh Singh, président de la MEXA.

Autre attente : «Des incentives pour la formation dans le secteur manufacturier», dit-il.


OFFSHORE : «Encourager la venue de professionnels étrangers»

Selon Kamal Hawabhay, président de l’Association of Trust and Management Companies, il faudra des mesures pour augmenter la substance dans les activités de l’offshore. Cela peut se faire à travers des incentives pour l’implantation d’Assets Managers étrangers à Maurice.

«Il y a beaucoup d’Assets Managers qui veulent venir et offrir des services à des fonds d’investissements qui se trouvent à Maurice et à l’étranger. Pour les attirer, il faudra leur accorder des mesures incitatives, notamment au niveau de la taxe sur la valeur ajoutée. Il faudra aussi encourager des avions et des compagnies maritimes à s’enregistrer à Maurice. Pour cela le gouvernement devrait recourir aux services d’un expert en la matière», souligne Kamal Hawabhay.

PATRONNAT : «Pour une stratégie nationale de formation»

Parmi les priorités de la MEF : la formation. «Il faudra investir davantage dans la formation et des institutions de formation, surtout à cause de la situation économique. Ce sera un bon signal. Il faut mettre l’accent sur la formation et le développement des compétences», affirme Azad Jeetun, directeur de la MEF.

De fait, poursuit-il, «il faut une stratégie nationale de formation». Il fait ressortir que «nous sommes arrivés à un niveau de développement où la formation doit jouer un rôle déterminant pour améliorer la croissance du pays et  l’employabilité».
La deuxième priorité pour la MEF : la réduction du taux de chômage chez les jeunes. Ils devraient bénéficier d’une attention spéciale afin de mieux les intégrer dans le monde du travail, estime Azad Jeetun. Pour cela, dit-il, il faut une formation ciblée et un partenariat public-privé.