Publicité

Blocage en Côte d''Ivoire après l''annonce du succès de Ouattara

3 décembre 2010, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Blocage en Côte d''Ivoire après l''annonce du succès de Ouattara

La Côte d''''Ivoire est confrontée vendredi à un blocage politico-juridique au lendemain de l''annonce de la victoire de l''opposant Alassana Ouattara à l''élection présidentielle. Le président sortant, Laurent Gbagbo, battu au deuxième tour dimanche avec 45,9% des voix contre 54,1% à Ouattara, conteste ces résultats et réclame l''annulation dans quatre régions du Nord, fief de Ouattara.

Son allié Paul Yao N''Dré, président du Conseil constitutionnel qui doit ratifier le résultat pour le valider, a jugé illégale l''annonce faite par la Commission électorale indépendante (CEI) car elle est intervenue après l''expiration du délai prévu, mercredi à minuit.

Les Nations Unies, les Etats-Unis et la France ont appelé les candidats à respecter le jugement du peuple ivoirien.
Mais le sort du scrutin semble désormais entre les mains du président du Conseil constitutionnel, qui a sept jours pour valider ou non le résultat.

"Il y a toujours un risque qu''il soit la dernière arme de Gbagbo", dit Gilles Yabi, analyse indépendant.

Laurent Gbagbo a toujours fait usage d''une rhétorique populiste et nationaliste, rappelle Yabi, estimant donc qu''une communauté internationale trop ouvertement favorable à Ouattara ferait le jeu du président sortant.

"Je pense que la réaction de la communauté internationale va renforcer l''impression que le résultat est celui qu''elle désirait", a dit le chercheur au sujet des résultats provisoires donnant la victoire au candidat le plus policé, par ailleurs ex-directeur adjoint du FMI.

Laurent Gbagbo accuse les rebelles partisans de Ouattara d''avoir manipulé les résultats et intimidé les électeurs dans le Nord. Mais selon les résultats donnés par la CEI, il faudrait annuler près de 400.000 votes pour donner la victoire au président sortant.

Frontières fermées

Vendredi matin, Abidjan, la capitale économique, donnait l''image d''un pays dans l''attente. Le centre-ville ne grouillait pas de taxis, les magasins sont restés fermés et le port, d''où part normalement une grande partie de la demande mondiale de cacao, tournait au ralenti. "Je suis venu aujourd''hui pour voir si je pouvais travailler un peu mais je crois que ça va être difficile", a dit Germain Gado, un docker de 31 ans. "Depuis le couvre-feu, il y a très peu de bateaux".

Signe d''un climat électoral tendu, un couvre-feu a été instauré par Gbagbo avant le scrutin, une élection censée constituer un pas important vers la réunification du pays après des années de guerre civile et d''incertitude politique.

L''armée a fermé toutes les frontières jeudi soir "jusqu''à nouvel ordre", sans donner d''explication, et l''annonce des résultats a été faite sous haute protection de l''Onu, dans un hôtel plutôt qu''au siège de la CEI.

L''organisme de régulation des médias a également suspendu la diffusion en Côte d''Ivoire des chaînes de télévision Canal+ Horizon, France 24 et TV5 Monde et de la radio RFI.

La Cour pénale internationale (CPI) a fait savoir jeudi qu''elle serait particulièrement attentive aux actes de violence dans le pays. Des incidents ont été signalés à Abidjan depuis le deuxième tour, faisant plusieurs morts par balles.

(Source : Reuters