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Bachar al Assad promet un dialogue national en Syrie

20 juin 2011, 00:00

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Bachar al Assad promet un dialogue national en Syrie

Le président syrien, Bachar al Assad, a promis lundi que des élections législatives auraient lieu en août dans son pays et qu''''un programme de réformes serait élaboré d''ici le mois de septembre.

Il s''agissait du troisième discours du chef de l''Etat syrien depuis le début, à la mi-mars, des manifestations contre son régime, Dans certains faubourgs de Damas et dans plusieurs villes, des manifestants ont aussitôt protesté contre cette allocution en affirmant qu''elle ne répondait pas aux demandes de changement politique radical, a rapporté un militant.

"Le régime ne réalise pas qu''il s''agit d''un mouvement de masse pour la liberté et la dignité. Assad n''a rien dit qui puisse satisfaire les familles des 1.400 martyrs ou les aspirations nationales du peuple syrien à la démocratie", a réagi Walid al Bunni, l''un des chefs de file de l''opposition.

L''Union européenne, qui comme les Etats-Unis, a infligé des sanctions au régime syrien, s''apprête à étendre la liste des personnalités visées, ont fait savoir les ministres des Affaires étrangères.

Assad a affirmé que l''on ne pouvait parvenir à aucun accord politique avec les "saboteurs" qui sont, selon lui, à l''origine des troubles en Syrie. "Les saboteurs forment un petit groupe qui tente d''exploiter la majorité sage du peuple syrien pour mettre en oeuvre leurs nombreux desseins", a-t-il dit.

"Aucune solution politique n''est possible avec des gens armés", a-t-il ajouté.

Elections en août ?

Alors que les forces syriennes se sont déployées à la frontière avec la Turquie, dans le nord-ouest du pays, bloquant l''exode de ceux qui fuient la répression, Bachar al Assad a invité les 10.000 personnes déjà réfugiées en Turquie à revenir.

"Certains donnent le sentiment que l''Etat se vengera. J''affirme que ce n''est pas vrai. L''armée est là pour garantir la sécurité", a-t-il dit dans son discours prononcé à l''université de Damas, lors duquel il est apparu tendu.

Une commission de dialogue national se réunira ces prochains jours et invitera une centaine de personnalités à discuter des critères et du mécanisme d''une réforme constitutionnelle, a ajouté le président syrien en fixant à cette commission un délai d''un mois pour lui présenter des recommandations.

Il a souhaité que les réformes soient adoptées en septembre, à condition que les élections législatives aient lieu comme prévu dans les deux mois. La date du scrutin doit être fixée dans le cadre du dialogue national.

"Si elles ne sont pas reportées, les élections législatives auront lieu en août. Nous aurons un nouveau parlement d''ici (...) août et je pense que nous sommes capables de mener cet ensemble (de réformes) à bien en septembre", a-t-il dit.

C''est "trop peu et trop tard", a jugé Oussama Safa, un expert libanais, ajoutant qu''Assad avait perdu toute légitimité aux yeux de l''opposition.

En Turquie, un conseiller du président Abdullah Gül a estimé qu''Assad disposait d''une semaine pour se lancer dans les réformes promises de longue date.

"Dans le cas contraire, il ne serait plus possible de couvrir les dirigeants syriens car il y aurait un risque (...), que nous avons toujours craint, celui d''une intervention étrangère", a-t-il déclaré.

« Dernière chance »

Pour le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, qui s''exprimait avant le conseil européen des ministres des Affaires étrangères, "Assad a laissé passer sa dernière chance d''entamer concrètement les réformes".

"Nous avons assisté jusqu''ici à d''horribles crimes (...) La police ouvre le feu sur des civils dans les rues (...) C''est absolument inacceptable!", a-t-il ajouté.

Le président russe, Dmitri Medvedev, a quant à lui réitéré son opposition à l''adoption d''une résolution de l''Onu condamnant la répression.

Dans une interview publiée lundi par le Financial Times, il dénonce la manière dont les puissances occidentales ont interprété la résolution 1973 de l''Onu sur la Libye en mars en en faisant "un bout de papier pour couvrir une opération militaire gratuite."

"Je ne voudrais pas qu''une résolution syrienne soit traitée de la même manière", ajoute-t-il.

Pris pour cibles par les forces de l''ordre dans la journée, les contestataires ont opté pour des rassemblements de nuit.
Des manifestations nocturnes ont ainsi été signalées à Hama, Homs, Lattaquié, à Daïr az zour, ainsi qu''à Madaya, à la frontière libanaise, ou encore à Albou Kamal, ville proche de l''Irak. D''autres ont eu lieu dans plusieurs faubourgs de Damas.
Plus de 1.300 civils et 300 membres des forces de l''ordre ont été tués depuis le début du mouvement de contestation, selon des ONG syriennes de défense des droits de l''homme. Dix mille personnes auraient en outre été arrêtées.

(Source : Reuters)