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Aslam Kathrada: Croire en Madagascar

14 mars 2014, 00:45

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Aslam Kathrada: Croire en Madagascar

C’est un pionnier du commerce interîles.Et la preuve des immenses oppotunités qu’il représente.Histoire d’une réussite.

 

De la vente au détail à Port-Louis à la grande distribution interîles de l’océan Indien. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier le parcours de l’homme d’affaires Aslam Kathrada. Le commerce avec Madagascar a été une carte maîtresse de son succès.

 

Aslam Kathrada fait partie de ces visionnaires qui ont misé sur le potentiel de développement et de croissance de Madagascar aux côtés d’autres pays africains. Les résultats lui ont donné raison. En 20 ans, son chiffre d’affaires est passé de Rs 10 millions à plus de Rs 300 millions, soit une progression de quelque 3 000 %.

 

C’est dans la distribution que cet homme d’affaires s’est engagé. «Notre famille dont le magasin se trouve à la rue Desforges est traditionnellement engagée dans le commerce de tissus. Le commerce avec Madagascar a démarré au compte-gouttes. C’étaient des commandes de 50 à 100 kilos que nous expédions par avion en direction de Tananarive», se rappelle-t-il.

 

Petit à petit, ce commerce prend de l’ampleur avec la vente de produits autres que le tissu, à savoir des chaussures, des produits alimentaires, de l’électroménager. Ils sont vendus à de petits commerçants malgaches qui les revendent à leur tour dans leur pays.

 

Le tournant dans les activités de la famille intervient dans le sillage de la création d’un port franc à Port-Louis. Les Kathrada vont changer leur fusil d’épaule et s’engager désormais dans la gestion d’un dépôt de produits importés des pays producteurs du continent asiatique. «Nous occupons un espace de quelque 3 500 m2 dans le port franc. C’est un véritable supermarché où les commerçants de la région, en particulier de Madagascar, viennent s’approvisionner.»

 

Les produits sont désormais embarqués en conteneurs. La gamme de produits se diversifie. La famille Kathrada crée la compagnie Nak Enterprises Ltd qui exporte l’alimentaire de base dont le riz, le sucre, l’huile. Des expéditions sont effectuées soit à partir des pays producteurs de l’Asie par le biais de Nak Enterprises Ltd. «Ils viennent ici parce qu’ils peuvent tout avoir sur place. C’est une activité où les deux parties sont gagnantes

 

Malheureusement, Aslam Kathrada assistera, impuissant, à une perte de la clientèle malgache. «Nous avons été devancés par Dubayy. Le choix y était plus diversifié», explique-t-il. Selon lui, des opérateurs mauriciens «n’ont pas compris qu’il fallait prendre des risques en investissant massivement» dans le stockage des produits dans le port franc au lieu de miser sur des «gains immédiats». «Nous n’avons pas su créer les conditions pour inciter des producteurs de Singapour, de la Malaisie, de la Chine à lancer en partenariat des projets de stockage dans le port franc.»

 

Il estime que le rôle de Maurice en tant que pays pont entre l’Asie et les îles de l’océan Indien et dans une plus large mesure des pays de l’Afrique australe a été mal exploité. En soulignant que Madagascar est «extrêmement riche», l’homme d’affaires insiste : «On ne doit pas rater le potentiel du marché des pays de l’Afrique australe. On ne fait pas suffisamment de promotion pour notre port franc. Je suis vraiment étonné que les autorités n’aient pas jugé utile d’organiser une visite de Dato Sri Mustapha Mohamed, ministre malaisien du Commerce international, dans le port franc. C’est une occasion ratée.»

 

Puisque c’est avec les petits acheteurs qu’il a fait du progrès, Aslam Kathrada est devenu avec le temps un peu leur défenseur. «Il ne faut pas négliger l’apport de ces petits acheteurs pour notre économie. Ils ont de l’argent. Leur capacité s’est renforcée avec le temps. Leur implication dans notre système économique peut contribuer à créer un bouillonnement d’activités pour les propriétaires de campements, les restaurateurs, les propriétaires de taxi, les banques.»

 

Aslam Kathrada estime que plusieurs facteurs pourraient contribuer à l’éloignement graduel des petits acheteurs de la région de Maurice. Il s’agit entre autres de l’absence d’une brochure informant les passagers du montant en devises auquel ils ont droit, l’insécurité en raison de la délinquance grandissante dont ils sont victimes dont le vol à la tire, l’absence d’une formule capable de combiner commerce, loisirs et vacances ou encore le coût élevé du billet entre les destinations régionales et Maurice comparativement aux offres que leur fait Dubayy.

 

«Les amendes infligées à des acheteurs en raison d’un surplus de devises sont considérées comme un manque de respect à leur égard et lesigne d’une volonté à les humilier, soutient l’homme d’affaires. En ce qui concerne les loisirs pour les touristes, nous pouvons nous faire aider par des experts de Singapour ou de la Malaisie qui ont acquis un savoir-faire remarquable sur ce plan.»