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Ashvin Krishna Dwarka : «On lit pour échapper à la réalité»

28 juin 2013, 09:17

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Ashvin Krishna Dwarka : «On lit pour échapper à la réalité»

Ashvin Krishna Dwarka est le lauréat du prix Jean-Fanchette 2013 pour son roman Le neuvième passage. Rencontre avec ce notaire féru de fantastique.

 

◗Votre roman, Le neuvième passage (Sic Moriuntur Ismailiae), n’a pas encore été publié. Pouvez-vous nous en parler ?

 

Le jury du prix Jean-Fanchette [composé de J.M.G. Le Clézio, Martha van der Drift et Issa Asgarally, ndlr] l’a décrit, avec raison, comme un «thriller philosophique». Le roman est avant tout un thriller, car il répond aux codes du genre : crime, action, suspense… Un meurtre est commis dans la banlieue parisienne très cossue de Neuilly-Sur-Seine. Un jeune lieutenant de police, fraîchement débarqué de Londres, est parachuté dans l’enquête. Autour du crime, il découvre toute une mise en scène qui évoque des mystères historiques, de l’Antiquité et du Moyen-Age.

 

◗Le mystère historique comme intrigue d’un thriller, cela fait penser à Dan Brown…

 

En effet, Dan Brown est un des auteurs les plus connus de ce genre. Dans Le neuvième passage, cette dimension de thriller policier est le premier degré de lecture. Le second degré est celui d’une lecture plus philosophique. Mon but est d’amener les lecteurs à réfléchir à des questions fondamentales, autour de la justice et de la morale. Par exemple, à un moment dans le livre, se pose la question : «Faut-il tolérer les intolérants ?»

 

◗Comment avez-vous été amené à écrire votre roman ?

 

Quand on est un avide lecteur, on est, tôt ou tard, amené à l’écriture. Et j’ai été un avide lecteur depuis aussi longtemps que je me souvienne.

 

◗Quelles sont vos lectures favorites?

 

Plus jeune, je dévorais les romans d’aventures, ceux de Jules Verne notamment. Puis je suis passé à la science-fiction. La pentalogie de Philip José Farmer, Le monde du fleuve, m’a beaucoup marqué. Je pense que tous les adolescents devraient la lire. Je me suis ensuite mis aux classiques de la « fantasy » : Edgar Rice Burroughs, Robert Ervin Howard, H.P. Lovecraft, Bram Stocker, Stephen King… Ce n’est que plus tard que je suis passé au genre policier, avec Arthur Conan Doyle et Patricia Cornwell. Ah, j’allais oublier de citer le maître absolu du fantastique, Edgar Allan Poe !

 

◗Pourquoi cet intérêt pour le fantastique ?

 

Le fantastique, c’est l’ultime en matière d’évasion. Je pense qu’on lit pour échapper à la réalité. Et il n’y a pas de genre aussi transcendant que le fantastique.

 

◗Parlez-nous de votre parcours.

 

J’ai fait ma scolarité à Maurice. J’ai étudié les sciences au collège Royal de Curepipe. Pour mes études universitaires, j’ai fait quatre années de droit à la London School of Economics avant de me spécialiser en droit notarial à la Sorbonne pendant un an. Je suis ensuite resté à Paris où j’ai travaillé pour Freshfields, un cabinet de droit anglais. C’est à cette époque, vers 2004-2005, que j’ai écrit mon roman. 80% de l’action se situe d’ailleurs à Paris, lieu qui m’a beaucoup inspiré.

 

◗Pourquoi ne pas avoir essayé de publier votre livre plus tôt?

 

Quand je suis rentré à Maurice, j’ai mis le pied à l’étrier du notariat et, comme le disait Joseph Story, «the law is a jealous mistress». Je n’ai simplement jamais eu le temps de démarcher les éditeurs. Mon manuscrit est resté dans un tiroir, seuls ma femme et quelques amis l’ont lu. Jusqu’à ce que cette année, j’aperçoive annonce dans l’express au sujet du prix Jean-Fanchette…

 

◗Vous imaginiez-vous alors remporter le premier prix ?

 

Non, j’ai participé sans trop y croire. J’avais tout à fait conscience d’être un ovni dans le paysage littéraire mauricien. D’ailleurs, je n’avais pas trop relu mon texte depuis 2005. Pour le concours, j’ai juste modifié quelques passages afin de refléter deux événements qui ont eu lieu en 2012. Mon épouse s’est chargée d’imprimer les trois copies demandées par le jury. Quand j’ai reçu le carton d’invitation pour la remise du prix, j’y suis allé sans savoir que j’avais gagné. Je me suis surtout dit que c’était l’occasion pour que mon épouse, Reema, rencontre J.M.G. Le Clézio, car elle l’a étudié pour sa thèse de doctorat en lettres.

 

◗Quand le public pourra-t-il découvrir votre roman ?

 

J’ai trouvé une société d’édition à Maurice qui publiera le livre dans l’année. En parallèle, je démarche des éditeurs en France, mais là cela risque de prendre plus de temps.

 

◗Et que nous réservez-vous pour la suite?

 

J’ai déjà trois romans là (Il désigne son front du doigt). Après, tout dépendra de la réception du premier livre. C’est le public qui décidera.