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Arrivée à Maurice: seule une poignée de personnes sait où Yashika s’est réfugiée

4 avril 2014, 07:48

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Arrivée à Maurice: seule une poignée de personnes sait où Yashika s’est réfugiée
Elle est restée à l’abri des regards à Plaisance. Yashika Bageerathi, expulsée d’Angleterre dans le courant de la soirée de mercredi est arrivée à Maurice aux alentours de 12 h 30 jeudi 3 avril. «J’ai très peur.» C’est le message qu’elle a adressé au téléphone à sa rectrice dès qu’elle a foulé le sol mauricien. Est-ce la raison pour laquelle elle a quitté l’aéroport en toute discrétion ? 
 
Elle aurait, semble-t-il, quitté l’aéroport dans une voiture non identifiée. La chaîne SkyNews, le site web de la BBC ainsi que le journal Belfast Telegraph relayaient, eux, hier, la confidence faite à la rectrice de son école d’Enfield, Lynne Dawes. Mais la fille de 19 ans, de son côté, a tout fait pour éviter la presse locale. Elle se terre dans un endroit connu d’une poignée de personnes. 
 
Même son père, Vinesh Bageerathi, employé à la Mediclinic de Triolet, ne sait pas où elle se trouve. «Je ne sais pas où elle est», a-t-il confié à l’express. Ce dernier déclare, du reste, avoir appris son expulsion comme tous les Mauriciens dans l’express. 
 
> Vinesh Bageerathi, le père de Yashika : «Cela fait plus de trois ans
que je n’ai pas vu ma fille.»
 
«Yashika est ma fille, je suis disposé à la rencontrer n’importe où et à n’importe quelle heure si elle m’appelle pour me dire  qu’elle a envie de me voir et me confier ce qu’elle a sur le coeur», souffle cet employé du ministère de la Santé. 
 
Interrogé sur la menace d’agression sexuelle qui planerait sur la jeune fille, il a préféré ne pas faire de commentaire. Toutefois, Vinesh Bageerathi a été plus volubile sur  l’injustice dont Yashika a été victime, selon lui. «Je pense que le Home Office britannique aurait dû donner le temps à Yashika de compléter ses examens. Je considère cela comme une grande injustice à son égard, d’autant plus qu’elle est brillante et qu’elle a même reçu des offres de plusieurs universités prestigieuses du Royaume-Uni», s’indigne-t-il. Yashika, qui étudiait à l’Oasis Academy Hadley, à Enfield, devait, en effet, prendre part à des examens de A Levels dans deux mois. 
 

Une fois à Plaisance…

 
Comme le veut la procédure, les services d’immigration ont soumis la jeune fille à une série de questions sur son séjour en Grande-Bretagne et sur ses allégations de tentative de viol contre sa personne, raison évoquée auprès des autorités britanniques pour obtenir l’asile. Elle a refusé de répondre. Lasse de leurs questions, elle aurait répondu un moment qu’elle logeait dans un hôtel à Ébène.
 
Dimanche, les autorités britanniques avaient une première fois tenté de faire expulser la jeune collégienne. Une initiative qui n’avait pas abouti, Air Mauritius et même British Airways ayant refusé. Mais, par la suite, dans un communiqué émis tard dans la soirée de mercredi, la compagnie nationale d’aviation a expliqué qu’elle a reçu, le 1er avril, «une injonction des autorités britanniques pour le rapatriement de Mlle Bageerathi, remplissant toutes les conditions administratives et de sécurité. Air Mauritius n’a eu d’autre choix que de s’y soumettre».
 
La mère de Yashika, Sowbhagyawatee, a raconté à Sky News comment elle a appris la première tentative d’expulsion à l’encontre de sa fille. Cela, le jour de la Fête des mères en Angleterre.
 

Voici l’entretien filmé : 

 

Mouvement de soutien à Londres

 
Yashika Bageerathi a rejoint sa mère ainsi que sa sœur et son frère cadet en Grande-Bretagne grâce à un visa de touriste en 2001. Étant majeure, elle a été arrêtée par les autorités britanniques parce qu’une fois majeur, elle ne bénéficiait plus du même avantage que sa mère. 
 
La décision de l’expulser a provoqué une grosse mobilisation. Une pétition en sa faveur a même recueilli 175 000 signatures. Après deux tentatives ratées, les services de l’immigration ont finalement réussi à la faire quitter le territoire britannique mercredi soir. Elle est interdite de séjour en Grande-Bretagne pour au moins dix ans. 
 
> Mouvement de protestation contre l’expulsion
de Yashika Bageerathi devant le Parlement.
 
En fait, la Mauricienne en quête d’asile ne répondait aucunement aux critères de la Convention internationale des réfugiés datant de 1951. Ses allégations de tentative de viol étant à des années de lumière des raisons justifiant une demande d’asile. Elle n’est pas une victime politique, de discrimination raciale et elle ne vient pas non plus d’un pays où l’état de droit a fichu le camp. 
 
Mais les supporters de Yashika Bageerathi en Angleterre ne baissent pas les bras. Ils comptent mener campagne pour qu’elle puisse revenir en Angleterre, rapporte le Mirror dans son édition en ligne. 
 
A Channel 4 News, la rectrice de l’école de la jeune fille, affirme ainsi qu’ils feront tout pour la soutenir à l’île Maurice. «Nous gardons toujours espoir et nous espérons vraiment que les autorités seront finalement sensibles à son cas.» Quoiqu’il en soit, ses amis d’école sont tous unanimes à dire que la jeune fille a eu “an outstanding contribution” dans leur vie depuis qu’elle est sur le sol londonien. Elle serait un mathématicienne très talentueuse et les aurait aidés à guider des plus jeunes dans cette matière, tout en faisant du bénévolat.