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Appel mal ficelé : La Cour suprême exige une enquête sur l’avocat Alvin Juwaheer

17 janvier 2012, 00:00

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Appel mal ficelé : La Cour suprême exige une enquête sur l’avocat Alvin Juwaheer

Le Full Bench de la Cour suprême réclame des sanctions contre l’avocat Alvin Juwaheer pour sa mauvaise gestion de l’appel de Peroomal Veeren. Ce dernier est un caïd de la drogue impliqué dans plusieurs affaires.

Dans un jugement rendu ce lundi 16 janvier, Bernard Sik Yuen ainsi que les juges David Chan Kan Cheong et Rita Teelock invitent les autorités compétentes à mener une enquête sur le comportement professionnel de l’avocat. Il n’avait que vingt-sept mois de barreau au compteur quand il a décidé de gérer l’appel de Peroomal Veeren condamné à 34 ans de prison par la cour d’Assises, ce qui pousse la Cour suprême à se demander s’il a agi par incompétence, par imprudence ou de manière délibérée pour des raisons inavouables.

Or, selon l’article 8.4 du code d’éthique des avocats, un homme de loi ne peut gérer un dossier dont il n’a pas la compétence. Alvin Juwaheer a ainsi mal formulé l’appel de son client, a pris bien du retard pour le faire et a omis un point important que lui a signalé son client.

Bien que Peroomal Veeren ait indiqué à la cour l’oubli de son avocat, celui-ci n’a pas jugé bon de se désister, même quand un Senior Counsel, en l’occurrence Me Sanjay Bhuckory, a pris l’affaire en main. Jusqu’à ce qu’il ne soit invité à le faire.

Au final, la condamnation à 34 ans de prison pour Peroomal Veeren, âgé de 35 ans, a été maintenue. Il était déjà en liberté provisoire pour trafic de drogue quand il a été intercepté par la brigade antidrogue lors d’une livraison contrôlée en juin 2003 à Quatre-Bornes. Il venait réceptionner 1, 2 kilos d’héroïne à la sud-africaine Martha Elizabeth Roux, alors âgée 29 ans, quand il est tombé dans le piège de la police.

Appelé Gros Veeren ou Nobee, caïd notoire à la Prison Centrale, le condamné a été inquiété par la brigade antidrogue une première fois en mars 2002. Il avait été pris avec 98 doses d’héroïne qu’il a voulu vendre à des agents en civil à Sodnac.

En 2005, le nom de Peroomal Veeren a également été balancé comme étant le commanditaire d’un colis de Rs 18 millions d’héroïne impliquant trois étrangers. Le 24 août de cette année-là, la Néo-Calédonienne Julian Mena Anatré, 36 ans, est coincée à l’aéroport avec cette drogue dans le double-fond de sa valise.

La livraison contrôlée au Club-Méd de Pointe-aux-Canonniers verra l’arrestation d’un Anglais et d’un Sud-Africain. Ils diront qu’ils étaient en contact téléphonique avec lui bien qu’il était à l’ombre. La liste de ses visiteurs à la prison est passée au crible et mène à Parwiza Bibi Amina Jeeva, 24 ans, qui se faisait passer pour sa fiancée.

Une perquisition chez elle, à Vallée-Pitot, permet la saisie de 10g d’héroïne et Rs 100 000 dissimulés dans un ours en peluche. Vu qu’elle est mariée à un certain Mahmad Isrally Isseljee, 35 ans, une perquisition chez eux permet la découverte de l’attirail du parfait trafiquant, de même que Rs 34 000 et 150 dollars américains.

Dans sa résidence secondaire, à Beau-Bassin, Rs 507 000 cash sont saisis. Comme elle rendait visite à Peroomal Veeren en compagnie de la mère de celui-ci, Soopama Ganapathee, 63 ans, une perquisition chez elle, à la route Bois-Chéri, Moka, se soldera par la saisie d’un gramme d’héroïne dans un chiot en peluche.

Trois ans plus tard, son nom sera de nouveau évoqué comme le commanditaire des Rs 9 millions d’héroïne introduit à Maurice par un avocat ghanéen, Robert Mensah Kordze Dzite, 26 ans. Le 14 octobre 2008, ce dernier est intercepté au campus du Réduit alors qu’il tente de livrer la drogue à un bouncer proche de Peroomal Veeren, Jean-Paul Jhureea, 22 ans,.

En décembre 2009, Peroomal Veeren a été sous les feux des projecteurs pour avoir commandité l’agression de l’assistant surintendant des prisons Anil Omrahoo à quelque 100 mètres de son domicile, à Belle-Rose. Il aurait ordonné que le poignet de ce responsable de la Prison Centrale soit sectionné une semaine après l’opération menée dans sa cellule et qui a vu la saisie de Rs 300 000 de Subutex dans sa cellule.

Depuis, Peroomal Veeren se trouve à La Bastille, la prison de haute sécurité de Phoenix.