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Antoine de Gaudemar : « Les partenariats financiers ont modifié le métier de journaliste »

27 mai 2011, 00:00

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Antoine de Gaudemar : « Les partenariats financiers ont modifié le métier de journaliste »

Le journaliste Antoine de Gaudemar estime que les entreprises de presse ont dû trouver des partenariats pour survivre. Ce qui a largement contribué à la mutation de la presse dans le monde.

« Mutation de la presse : crise ou chance ? ». C’est le thème qu’a abordé le journaliste et cofondateur de l’agence de presse française Libération, Antoine de Gaudemar, ce jeudi 26 mai, à l’Institut Français de Maurice (IFM).

La presse écrite est en pleine mutation. D’une part, à cause de l’emprise des institutions financières et, d’autre part, à cause d’un changement de pratiques du journalisme. Antoine de Gaudemar est d’avis que plusieurs facteurs ont entraîné ces changements.

Le journaliste soutient que les entreprises commerciales ont dû s’associer à plusieurs agences de presse, ce qui a modifié le métier même de journaliste. Il affirme que souvent la logique des entreprises est confrontée à celle des journalistes, ce qui occasionne des désaccords.

« Pour sortir une information que personne n’a encore traitée, donc pour faire du journalisme, cela demande peut-être que plusieurs journalistes travaillent ensemble durant de nombreux jours. Mais cela n’est pas très rentable pour l’entreprise qui finance l’agence de presse. Et c’est ce qui s’est passé avec Le Monde et Libération », explique Antoine de Gaudemar.

Et d’autres facteurs ont contribué à cette mutation. Le conférencier affirme que la baisse de la vente des journaux en est l’un. « Ensuite, il y a la réduction des ressources publicitaires, l’apparition de la radio, de la télé et des journaux en ligne. La presse écrite est réellement menacée », soutient le journaliste.

Outre les facteurs externes qui ont une influence sur la presse écrite, le conférencier a également fait ressortir que la demande du lectorat a changé. Il soutient que depuis une dizaine d’années, les journalistes ont tendance à faire davantage de sensationnalisme.

« Peu à peu, le sensationnalisme a intégré la presse dite sérieuse. Par exemple, auparavant, on cherchait à faire des portraits de gens inconnus. Maintenant, on cherche à avoir les gens qui sont dans l’actualité et cela plaît au public, qui en redemande », explique Antoine de Gaudemar. Ce sensationnalisme, ajoute-t-il, a créé une culture de consommation de nouvelles chez le lectorat.

Le conférencier a aussi expliqué que les journalistes font une confusion entre la communication qui est le contraire de l’information et le traitement de nouvelles. « Les communicants sont ceux qui veulent vendre une entreprise, une personne ou un produit en essayant de faire croire que c’est cela faire de l’information. Alors que le journalisme informe et démontre la vérité », a-t-il conclu.