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Anoska: lorsque des jeunes veulent sauver leur village…

27 mai 2009, 00:00

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Anoska, petit village se trouvant à 16e Milles connaît un changement et, cela, grâce aux habitants qui ont réalisé qu’ils sont, eux-mêmes, la solution.

Un après-midi d’octobre de l’année dernière, deux adolescentes profitent du beau temps pour faire du volleyball dans le village, qui abrite de nombreuses familles relogées. Elles ne sont qu’à deux. Peu de temps après, d’autres jeunes se joignent à elles et, sans se rendre compte, ils se retrouvent une vingtaine de jeunes à vouloir passer un bon moment. Après la partie, ils se promettent de se rencontrer le lendemain pour un autre match. Les jours passent et une magie s’est installée. Le Groupe Zenes Anoska est né.

Le 18 mai, le lendemain du Candlelight Memorial, qui avait été commémoré dans le village, Cindy 16 ans, une collégienne qui habite ce village, est surprise de voir ses camarades de classe avec un article sur son village. Elle est assaillie de questions. «C’est comment Anoska? Est-ce que c’est vrai que les gens sont mauvais là-bas? Est-ce qu’ils sont des bouncers ou des gens bien?», lui demande une amie.

D’autres l’implorent de parler du village, des familles qui y vivent et ce qu’elle envisage de faire au sein du Groupe Zenes Anoska. Pour un moment, l’attention est sur le village: « J’ai un rêve pour mon village et c’est quelque chose que je chéris chaque jour. Je n’ai plus envie de voir des jeunes sur la rue une bouteille à la main. Je n’ai plus envie de voir des filles de mon âge avec un gros ventre. Je n’ai plus envie de voir les gens nous juger». Il fallait qu’elle le dise. Que ses camarades de classe se rendent compte qu’Anoska est un village comme tant d’autres et où des humains cohabitent pacifiquement.

Lors d’une rencontre avec, d’un côté, le maire de Curepipe et ses collègues et, de l’autre, des représentants de divers mouvements du village, à l’unanimité, ils ont tous dit oui au changement. Pendant une heure, les villageois ont fait entendre leur voix auprès des autorités présentes. A un moment, lors de ce partage, voyant la détermination des jeunes pour un changement, celui qui tenait les rennes du village lâche une phrase de son cœur. « C’est à leur tour de prendre le relais. Ils sont l’avenir de ce village et nous devons leur faire confiance. Ils méritent notre soutien.» Ceux présents sont soulagés.

Le douanier du village reconnaît qu’il est grand temps à ce qu’Anoska soit placé entre les mains de ce groupe de jeunes. Des applaudissements retentissent. Le wagon du changement est en marche. Un wagon avec 77 familles qui souhaitent que le village devienne un endroit où il fait bon vivre. Depuis dix ans que ces familles ont été relogées. Beaucoup sont venus pour donner un coup de main mais, hier, la magie a opéré. Les villageois ont réalisé que c’est le moment de se réveiller. «Nous voulons bouger mais pas être des assistés», laisse échapper un jeune de ce mouvement plein d’espoir et de volonté.

Alors que se terminait la réunion, une jeune engagée du Groupe Zenes Anoska devait lancer un appel à ceux présents. « C’est ensemble que nous allons réussir. Nous n’avons aucune prétention d’être des super héros du village. C’est ensemble avec vous, chers parents et amis, que nous allons construire Anoska.» Exemple d’humilité et de sagesse. Bravo l’ancien, bravo aux jeunes, bravo aux habitants. Hier, le 26 mai, une autre page d’histoire s’est tournée sur une note d’espoir. Le village s’est réveillé en espérant que les autorités vont suivre.