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Amina Carrim carbure à l’énergie positive

15 mars 2014, 00:00

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Amina Carrim carbure à l’énergie positive

Si les femmes ont réussi à pénétrer le monde de la mécanique, rares sont celles qui prennent la direction d’un business dans ce domaine. Amina Carrim est stockiste pour les pièces de rechange Mercedes et pour quelques autres marques de voitures de luxe.

C’est un peu par la force des choses qu’Amina Carrim, bientôt 28 ans, s’est retrouvée à la tête de l’entreprise paternelle A. Carrim à Beau-Bassin. Celle-ci, qui jouxte sa maison, ressemble davantage à une coquette maisonnette qu’à un store de pièces de rechange pour Mercedes-Benz, BMW, Jeep, Chrysler ou Audi. L’entreprise a démarré en 1982 sous l’impulsion de son père Azize, qui vendait des véhicules neufs et de seconde main pour le compte de concessionnaires avant de se lancer dans les pièces de rechange.

 

Mais depuis toute jeune, Amina et sa sœur aînée Sana doivent assumer des responsabilités car leurs parents divorcent et les filles sont confiées à la garde de leur père. «Ma soeur et moi avons été obligées de prendre des responsabilités prématurément car notre père avait une santé très délicate. Ma sœur n’a pu faire d’études poussées car il fallait que l’une de nous s’occupe de la maison. Et quand je rentrais de l’école, il fallait que j’épaule mon père. Je devais aussi l’aider durant les vacances.»

 

Aider son père signifie s’occuper des documents pour l’importation des pièces originales et des pièces Original EquipmentManufacturers (OEM), accueillir les clients et effectuer les ventes, gérer le stock qu’elle connaît aujourd’hui sur le bout de ses doigts. «Ma soeur et moi nous n’avons pas eu le choix mais aujourd’hui, nous ne le regrettons pas. La vie est ainsi faite. Il faut l’accepter et assumer

 

Si, au départ, ce monde des pièces de rechange l’intrigue, ce sentiment se transforme bien vite en passion. Elle veut tout de même continuer ses études au collège Muslim Girls jusqu’à la Form V et compléter son Higher School Certificate au collège Bon et Perpétuel Secours. Amina Carrim tient à poursuivre aussi des études supérieures car elle se dit que son père est vieillissant et que la vie d’un business peut être éphémère.

 

Comme elle est retenue au sein de l’entreprise paternelle, c’est par correspondance qu’elle entame une licence en droit auprès de l’université de Londres. Son monde – et celui de sa soeur – bascule il y a sept ans. Un soir, son père est secoué par une crise d’asthme. Il meurt dans les bras de sa cadette qui voulait à tout prix le conduire dans un centre de soins.

 

«Les choses se sont passées si vite que je n’ai pas eu le temps de réfléchir. J’ai dû prendre la barre du business et le jour des funérailles, j’étais obligée de servir les clients. Ce n’est qu’après la mort de mon père que j’ai réalisé à quel point il était un bouclier pour moi lorsqu’il était encore en vie. L’univers automobile est un monde d’hommes et les attitudes envers moi lorsqu’il était encore en vie et après sa mort étaient différentes. Les hommes que je côtoyais dans le business étaient moins familiers et moins ouverts avant sa mort. Ils le sont devenus après son décès. J’ai dû mettre un mur entre eux et moi

 

Mais comme elle connaissait le business paternel par coeur, Amina Carrim s’en est tirée comme un chef, accroissant sa part de marché, augmentant la gamme de ses produits et en sous-traitant avec un garagiste pour offrir à ses clients deux services supplémentaires : le montage des pièces détachées et la maintenance de leur automobile. Récemment, des particuliers se sont lancés dans la commercialisation de pièces de rechange de Mercedes mais celles-ci ne sont ni des originales, ni des OEM comme elle en importe.

 

«A. Carrim reste le pionnier dans le domaine. Ces particuliers n’offrent ni des genuines spare parts, ni la qualité que nous essayons de maintenir pour nos produits et services. Malheureusement, les clients ne connaissent pas les pièces de rechange et se laissent berner. Ces individus cassent les prix et comme nous représentons une marque de prestige, nous ne pouvons pas nous aligner», dit-elle.

 

Mais Amina Carrim ne se plaint pas trop car les propriétaires d’automobiles Mercedes sont de plus en plus nombreux. Depuis trois ans, elle a recruté un Sales Executivepour leur prêter mainforte à elle et à sa soeur qui l’a rejointe dans le business. «Je conserve la responsabilité de l’administration et de la supervision générale», explique-t-elle. Depuis peu, A. Carrim se charge aussi de la livraison des pièces de rechange aux clients.

 

N’ayant pas une nature à faire les choses à demi, Amina Carrim a complété une maîtrise en droit des affaires internationales, toujours par correspondance, et fait actuellement ses études de barreau auprès de l’université de Maurice. «Le droit m’intéresse et de plus, j’aime terminer ce que j’ai commencé.»

 

Le rêve d’Amina Carrim est que son entreprise ait son propre garage afin de pouvoir proposer aux clients le montage des pièces qu’ils achètent auprès d’elle. «Je me donne deux ans pour cela car j’aime faire les choses de façon professionnelle,même si cela vame prendre plus de temps. Je l’aménagerai dans un endroit accessible et pas loin de Beau-Bassin».

 

Se marier et fonder une famille font aussi partie de ses projets. Mais l’homme qu’elle choisira devra accepter qu’elle soit une chef d’entreprise indépendante. «Ce sera celui qui saura l’accepter…»