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Amendements aux lois du travail: les syndicats satisfaits d’avoir pu repousser les débats

26 mars 2013, 15:39

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Amendements aux lois du travail: les syndicats satisfaits d’avoir pu repousser les débats

Le ministre du Travail a présenté ses amendements en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, ce mardi 26 mars. Mais «sous la pression des syndicats», le gouvernement a décidé de renvoyer les débats. Les syndicalistes crient victoire.

Il n’y aura finalement pas de débat sur les amendements proposés aux deux lois du travail à l’Assemblée nationale, ce mardi 26 mars, comme annoncé précédemment par le ministre de tutelle, Shakeel Mohamed. Selon le whip de l’opposition, il a été convenu que le leader de l’opposition demande l’ajournement des travaux à la semaine prochaine, après la présentation du premier texte de loi par le ministre du Travail et des Relations industrielles.

Les dirigeants de la General Workers Federation (GWF) et le Joint Negociating Panel (JNP) qui se préparaient à une sévère riposte, se disent satisfaits de cette première victoire. Ils affirment que c’est grâce à leur insistance, entre autres, auprès du Premier ministre que les choses ont évolué positivement.

«Nous avons adressé nos revendications pour le renvoi des débats au Premier ministre, ce matin. Nous savons que l’opposition en a fait de même ainsi que des élus de la majorité gouvernementale. Nous avons été informés par les députés Steve Obeegadoo et Nita Deerpalsing que les débats ont été renvoyés à une date ultérieure», affirme le négociateur de la GWF, Ashok Subron.

Les membres de la GWF ont, en effet, adressé une lettre au Premier ministre après avoir étudié les amendements circulés par Shakeel Mohamed durant la soirée du lundi 25 mars. Ils devaient annoncer des actions «de grandes envergures» cette après-midi. Mais, ils ont reçu l’annonce du renvoi des débats.

«Nous pensons que c’est une sage décision. Cela aurait été un véritable coup d’état si ces amendements avaient été votés aujourd’hui. Nous demandons aux travailleurs de rester mobilisés et d’interpeller les députés de leur circonscription respective», lâche Ashok Subron.

Il faut dire que la Confédération des travailleurs du secteur privé avait également la présence de leurs membres à Port-Louis, cette après-midi.

Lors d’une rencontre avec la presse à la mi-journée, Ashok Subron avait soutenu que Navin Ramgoolam devra lui aussi assumer la responsabilité des changements proposés.

«Nous avons voulu le rencontrer ce matin mais il nous a fait comprendre qu’il serait pris avec les réponses de la PNQ. Nous le demandons de ne pas aller de l’avant avec les débats et le vote de ce projet de loi. Au cas contraire, il signera, non seulement une injustice envers les travailleurs mais également un affront envers les fondateurs du Parti travailliste», souligne Ashok Subron en ajoutant que l’amendement que souhaite le ministre du Travail, en introduisant des sanctions en cas de grève illégale, marque un «grand pas en arrière».

La GWF et le JNP s’opposent farouchement à plusieurs amendements proposés par Shakeel Mohamed. L’une des principales contestations émane du fait que le droit de grève est menacé.

«Contrairement à ce que Shakeel Mohamed veut faire croire, ces rectifications portent atteinte au droit de grève. Dans un des amendements, il est dit qu’une grève ne peut être enclenchée pendant une négociation collective si un accord est toujours en vigueur. Mais que va-t-il se passer lors des négociations qui auront lieu dans l’industrie sucrière ? Elles devraient démarrer, alors que l’accord signé en 2010 expire en décembre 2013», souligne Serge Jauffret, également dirigeant de la GWF.

L’autre modification qui fâche les syndicalistes à trait à la définition du «litige» dans la section 2 de l’Employment Relations Act. «Il est écrit que le labor dispute n’inclut pas les cas reportés, il y a trois ans. Je me demande ce qui va se passer si un syndicat est créé au sein d’une entreprise et que les syndicalistes veulent adresser un problème qui dure depuis plus de trois ans ?», s’interroge Ashok Subron.

 «Dans les années 70, des gens ont été licenciés à cause d’une grève spontanée. Par exemple, est-ce que Shakeel Mohamed sait que des employés d’usine de textile avaient été licenciées parce qu’elles avaient refusé de travailler après avoir vu leur employeur frapper une de ses employées ?», lance Ashok Subron.

De son côté, interrogé ce matin, sur son état d’esprit à quelques heures de la présentation des amendements à l’Assemblée nationale, Shakeel Mohamed se dit serein et espère que «l’opposition et le gouvernement travailleront ensemble pour l’avancement des travailleurs du pays». «Je n’ai qu’une chose en tête, c’est les travailleurs. Pour moi, accorder un délai supplémentaire c’est faire le jeu des employeurs !», a-t-il affirmé à l’express.