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Ali Mansoor : Il faudra réduire les dépenses et faire payer pour les services gouvernementaux

8 août 2011, 00:00

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Ali Mansoor : Il faudra réduire les dépenses et faire payer pour les services gouvernementaux

La situation économique sur le plan mondial ne sera pas sans incidence sur l’économie mauricienne. La croissance sur le plan local risque d’en pâtir. Qui dit croissance moindre, dit revenus fiscaux à la baisse. C’est ce qui ressort d’une circulaire prébudgétaire du secrétaire financier, Ali Mansoor, envoyée le mercredi 3 août aux chefs des ministères et des départements publics.

La situation est délicate, fait ressortir le secrétaire financier, car le soutien budgétaire exceptionnel de l’Union européenne sous les mesures d’accompagnement pour le protocole sucre arrive à sa fin. De plus, un autre rapport salarial du Pay Research Bureau (PRB) est prévu pour 2013. Et l’Etat doit faire face à ses dépenses massives dans les grandes infrastructures.

C’est dans ce contexte général que se présente le prochain budget 2012 qui doit être soumis à l’Assemblée nationale en octobre prochain. De même que l’orientation budgétaire jusqu’à l’année 2014 dans le cadre du Project Base Budgeting (PBB), résume le secrétaire financier, Ali Mansoor, dans la circulaire prébudgétaire.

Les revenus fiscaux diminuent, l’aide européenne aussi. Mais les dépenses pour les salaires des fonctionnaires devraient augmenter. Et il n’est pas possible de s’endetter car on s’est engagé à réduire notre endettement à 50 % du Produit intérieur brut (PIB), contre un peu plus de 60 % actuellement. La pression sur les finances publiques sera intenable.

La seule solution dans la conjoncture sera de réduire et de contrôler plus strictement les dépenses récurrentes du gouvernement et d’introduire un concept de frais pour l’utilisation des services gouvernementaux, estime Ali Mansoor. Il ne précise pas toutefois quels services gouvernementaux il a en tête et quels seraient les frais que les utilisateurs auront à payer.

Un des concepts qui revient assez souvent dans le débat depuis quelques années est celui du péage pour l’utilisation des routes ou autres ponts routiers. Cette idée est justifiée par la nécessité d’accroître le réseau routier et de réduire en même temps la circulation routière qui est un véritable calvaire pour les usagers de la route.

Ali Mansoor explique également qu’il sera nécessaire d’introduire le concept de services publics payants car on ne saurait augmenter les impôts indéfiniment, si on veut attirer des investissements locaux dans des projets productifs ou des investissements directs étrangers. Le secrétaire financier donne quelques pistes aux administrateurs de la fonction publique pour contenir les dépenses du gouvernement.

En tout cas, il serait intéressant de voir si la réforme que veut introduire Ali Mansoor a une ombre d’espoir de commencer à faire du chemin sous un gouvernement travailliste, dont le leader Navin Ramgoolam, se vante d’être le fils du fondateur du welfare state à Maurice.

Le constat que dresse Ali Mansoor de la situation économique internationale s’appuie sur les observations du Fonds Monétaire International (FMI) avant les récents événements. Ce constat a été établi avant la dégradation de la dette des Etats-Unis par Standard and Poors et les réactions négatives des marchés internationaux qui appréhendent une répétition de la crise de 2007. Avec un facteur aggravant, les pays riches se sont tellement endettés pour sauver les meubles à l’époque qu’elles sont aujourd’hui sans le sou et impuissants.

A l’époque où Ali Mansoor rédigeait sa circulaire, il se basait, notamment, sur un « no shock scenario in the Euro Zone ». Même avec ce scénario optimiste, le FMI prévoyait que la croissance mondiale serait de 4,3 % en 2011 et de 4,5 % en 2012. Toutefois, le FMI avertissait déjà qu’il percevait des risques venant des Etats-Unis, de l’Europe et du Japon, et que ces risques affecteraient négativement ses prévisions. Ces risques se sont partiellement avérés, et ce n’est pas fini.

Pour ce qui est de Maurice, Ali Mansoor observe que notre économie a été plus ou moins résiliente mais qu’elle n’est pas résolument sortie d’affaire. L’investissement privé domestique continue à être sous pression et l’investissement privé direct étranger (FDI) est en déclin certain. De fait, les perspectives de croissance auront à être révisées à la baisse et la pression sur le compte courant et sur la balance des paiements augmente. La croissance moyenne de 2012 à 2014 stagnera autour de 4 % au lieu d’arriver à 5 % comme initialement prévu.