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Algérie: le bilan final pourrait encore s''alourdir après la découverte de 25 corps

21 janvier 2013, 00:00

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Algérie: le bilan final pourrait encore s''alourdir après la découverte de 25 corps

Les autorités algériennes ont prévenu que le bilan final de la prise d''''otages de quatre jours sur un site gazier, qui doit être annoncé lundi, pourrait encore s''alourdir après la découverte dimanche de vingt-cinq corps d''otages.

Six Philippins sont morts et quatre autres sont portés disparus, à l''issue de la prise d''otages de quatre jours sur un site gazier en Algérie, a annoncé lundi le gouvernement philippin.

"La mort de six Philippins est une conséquence directe de la prise d''otages. Plusieurs sont morts par balle ou de blessures subies lors d''explosions", a indiqué à la presse Raul Hernandez, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, devait annoncer lundi à 13H30 GMT lors d''une conférence de presse un bilan officiel de cette attaque, selon le ministère de la Communication.

Aucun bilan officiel n''a été communiqué depuis l''annonce par la télévision privée algérienne Ennahar de la découverte dimanche par les forces algériennes de 25 corps d''otages sur le complexe gazier situé près d''In Amenas, à 1.300 km au sud-est d''Alger.

Le quotidien francophone El Watan, citant dimanche des sources de sécurité, parle d''une "trentaine de corps d''otages étrangers, algériens et de soldats de l''armée algérienne" découverts.

Samedi soir, le ministère de l''Intérieur avait fait état de 23 morts étrangers et Algériens, ainsi que de 32 assaillants tués par l''armée. Les forces algériennes ont pu libérer "685 employés algériens et 107 étrangers".

Le nombre de victimes risque d''être "revu à la hausse", a affirmé dimanche le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, précisant que "les forces spéciales continuent de sécuriser le site gazier de Tiguentourine à la recherche d''éventuelles autres victimes".

"Cinq terroristes ont été arrêtés ce matin" dans l''usine gazière, mais "trois autres sont en fuite", a déclaré à l''AFP le patron d''Ennahar, Anis Rahmani, généralement bien informé des affaires de terrorisme.

L''attaque a été menée par 40 jihadistes de pays musulmans et "même" européens, a affirmé Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe "Signataires par le sang" qui a planifié l''opération, dans une vidéo mise en ligne dimanche par le site mauritanien Sahara Media.

"Un acte de guerre"

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a parlé dimanche d''"un acte de guerre" en raison du nombre de personnes retenues au cours de la spectaculaire prise d''otages.

Parmi les étrangers confirmés morts par leurs pays depuis mercredi figurent un Français, un Américain, deux Roumains, trois Britanniques et une personne résidant au Royaume-Uni. Trois autres ressortissants britanniques sont probablement morts, a annoncé dimanche matin le Premier ministre David Cameron.

Un employé colombien de BP pourrait aussi faire partie des otages tués, a indiqué le président Juan Manuel Santos.

Emboîtant le pas à plusieurs dirigeants occidentaux dont le président américain Barack Obama, M. Santos a imputé aux seuls "terroristes" la responsabilité du lourd bilan de la prise d''otages. "Je voudrais être très clair. Pour le gouvernement de Colombie, les responsables de ces morts, dont celle d''un Colombien, sont les terroristes. Sur eux et eux seuls retombe la responsabilité de ce qui s''est passé là-bas", a affirmé M. Santos.

Le groupe norvégien Statoil, qui gère le site gazier avec le Britannique BP et l''Algérien Sonatrach, a fait état pour sa part de recherches intenses pour retrouver notamment ses cinq employés norvégiens toujours portés manquants.

La Malaisie était aussi sans nouvelles de deux de ses ressortissants.

Des rescapés ont témoigné de la violence de cette prise d''otages.
Dans un communiqué publié dimanche, le groupe islamiste a assuré que les assaillants "ont proposé la négociation tout en demandant à ce que l?armée s''éloigne du lieu de la prise d?otages (...), mais les hélicoptères ont commencé à bombarder la zone".


"Le deuxième groupe est resté retranché dans l’usine d’où il a proposé la négociation contre la suspension immédiate de l’agression contre les musulmans du Mali et la libération de nos frères détenus par les croisés. Mais l’armée algérienne n’a pas répondu à ces revendications légitimes, préférant lancer l’assaut, ce qui a conduit à l’élimination des otages", a accusé le groupe.

Pour Riad, un otage algérien employé par le japonais JGC, pas de doute: Les assaillants "avaient des complicités à l''intérieur car ils connaissaient les chambres des expatriés et tous les détails sur le fonctionnement de la base". "Ils étaient bien renseignés", confirme Abdelkader, un employé du britannique BP.

Dans la base-vie "ils se sont dirigés vers les chambres des Japonais, un terroriste a crié open the door (ouvrez la porte, ndlr) avec un accent nord-américain, puis a tiré", a raconté à l''AFP Riad, selon qui "ils étaient au courant de toutes nos procédures". Des employés ont filmé, pris des photos de l''attaque. Les images des corps de cinq des Japonais prises par l''un d''entre eux et visionnées par l''AFP sont violentes: balles dans la tête, crânes à moitié défoncés par l''impact.

Après des informations selon lesquelles neuf japonais auraient été tués par des islamistes lors d''une prise d''otages en Algérie, le gouvernement japonais a affirmé être toujours en train de chercher à confirmer le sort de dix Japonais manquants.

Selon une source hospitalière dimanche à In Amenas, 12 des cadavres à la morgue sont des Japonais.

Sur le site -que le chef des ravisseurs avait menacé de "faire exploser" jeudi selon un enregistrement diffusé par l''agence de presse mauritanienne ANI- des opérations de déminage étaient en cours.

Le redémarrage de l''unité de production pourrait se faire dans les "deux prochains jours", a annoncé dimanche le ministre algérien de l''Energie Youcef Yousfi. Il avait assuré auparavant que la prise d''otages n''avait pas entraîné de réduction des exportations de gaz algériennes.

(Farouk Batiche AFP)