Publicité

Air Mauritius: Quand les syndicalistes veulent prendre en main le sauvetage de la compagnie

10 janvier 2009, 01:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Air Mauritius: Quand les syndicalistes veulent prendre en main le sauvetage de la compagnie

L’Intersyndical, regroupement de quatre syndicats d’Air Mauritius sur les six existants, présentera un plan de sauvetage pour sortir Air Mauritius de la crise.

En prélude, quelques-uns de ces syndicalistes donnent leurs points de vue quant aux bouleversements récents au sein de la compagnie nationale d’aviation.

Narvada Beeneereesingh, présidente du Air Mauritius Cabin Crew (AMCC)

«Je salue Sanjay Buckhory pour sa démission. Il a très bien fait de partir et je pense que, puisqu’il n’est pas le seul à avoir décidé d’appliquer le hedging, les autres devraient le suivre avec la même élégance. En ce qui concerne la situation à Air Mauritius, cela fait longtemps que les syndicats ont tiré la sonnette d’alarme et ont demandé un audit dans une lettre datée de septembre 2007. Mais au lieu de nous écouter, on nous a suspendus, Moteelall Manic et moi-même pendant deux mois! Et voilà le résultat aujourd’hui. C’est écœurant! Quand je pense que j’ai 35 ans de service au sein d’Air Mauritius, le nombre de sacrifices que mes collègues et moi-même avons fait pour le bien de la compagnie à ses débuts… En tout cas, l’Intersyndical est en train d’élaborer un plan de sauvetage, que nous présenterons dans les jours à venir au Premier ministre.

D’ailleurs, nous le félicitons d’avoir rejeté le plan de restructuration bidon et bâclé d’Air Mauritius, qui a été fait sans la participation des syndicats. C’est avec la contribution de tous les acteurs qu’on pourra retirer la compagnie de l’impasse.»

Awadh Balluck, petit actionnaire et technical advisor du mouvement Intersyndical d’Air Mauritius

«Concernant la démission de Cornwell Muleya, le gouvernement devrait commanditer un audit afin de vérifier toutes les transactions financières effectuées depuis que l’Executive Vice-President des Finances était en poste. Afin de voir si tout ce qu’il a fait est correct avant qu’il ne quitte le pays. D’ailleurs, ce serait bien que le Directeur de l’Audit s’en occupe personnellement. Cet audit rassurerait tous les actionnaires. En ce qu’il s’agit de Sanjay Buckhory, il a parlé de responsabilité collective quand il a annoncé sa démission. Justement, dans ce sens, si, lui, il s’en va, il faut que le reste du Conseil d’administration fasse de même. Finalement, je suis d’avis que le gouvernement ne devrait pas injecter de l’argent dans Air Mauritius tant que le management, le CEO et ses EVPs restent les mêmes. Ce serait illogique de parier encore sur une équipe perdante et qui a causé la faillite quasi-totale de notre compagnie aérienne.»

Moteelall Manic, président de la Air Mauritius Staff Association (AMSA) et coordonnateur de l’Intersyndical

«La Air Mauritius Staff Association demandera prochainement au Conseil d’administration de faire une objection de départ contre Cornwell Muleya. Il faut que ce dernier nettoie son ardoise avant de partir. Car il a quand même participé à une activité qui a mis en péril l’emploi d’environ 3 000 employés. Ce qui est grave. De plus, il a un département à Air Mauritius, nommé Program Office. Lors du plan de restructuration, les employés de cette section se sont permis de se placer eux-mêmes dans les départements de leur choix. Je pense que ce n’est pas normal. Il y a un conflit d’intérêt. Comment peuvent-ils eux-mêmes décider de leur sort? Enfin, je pense que c’est le moment ou jamais de redresser la compagnie, pour trouver des stratégies à long terme et non à court terme, comme ce qui a été fait jusqu’à présent à Air Mauritius. C’est justement un manque de vision à long terme qui l’a menée à sa chute.»

Raj Jugurnauth, président de la Union of Employees of Air Mauritius Ltd (UEAM) et membre de l’Intersyndical

«C’est très difficile pour nous d’accepter la chute d’Air Mauritius parce que tout laissait présager, jusqu’au mois de septembre 2007, que la compagnie nationale d’aviation était en bonne santé. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle les EVPs ont tous eu des Performance Bonus l’an dernier. A l’UEAM, nous ne comprenons pas la chute d’Air Mauritius! Et même si c’est à cause de la baisse du remplissage des avions due à la compétition et à la crise financière, ce n’est pas possible que le manque à gagner pour Air Mauritius soit de Rs 6 milliards sur deux ans. J’aurais plutôt cru qu’il serait de Rs 300 à 400 millions. Il faudrait vraiment qu’un expert financier mène une enquête pour mettre tous les chiffres au clair. Aussi, il y a un autre point à éclaircir. A Air Mauritius, le département des finances est le seul à employer des gens sur la base de contrats à durée indéterminée (CDI) alors que les employés des autres départements ont tous été embauchés pour un an ou deux ans. Pourquoi cette différence? Ceux des finances savent-ils quelque chose que Air Mauritius veut absolument cacher?»

Bissoon Munghroo, petit actionnaire

“J’espère que d’autres personnes auront la décence de partir. Sanjay Bhuckory n’est pas le seul à assumer la décision en rapport au ‘Hedging’. Il y a aussi un secrétaire financier qui siège sur le Conseil d’administration, entre autres. Il est temps que la compagnie repart à zéro. Il faudrait revoir la composition du Conseil d’administration. Le fait que le Premier ministre n’a pas été enthousiaste par rapport au plan de restructuration démontre qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. En fait, une enquête s’impose sur la gestion générale de la compagnie. Pour ma part, je suis prêt avec le consortium, que nous avons constitué avec des étrangers déjà engagés dans des compagnies d’aviation, pour un éventuel rachat de la compagnie si le gouvernement décide de la libéraliser».