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45 ans de l’Indépendance et un mauricianisme qui se cherche encore

12 mars 2013, 00:00

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45 ans de l’Indépendance et un mauricianisme qui se cherche encore

Mot utilisé pour définir l’appartenance patriotique, le mauricianisme reste un sujet qui oppose. Tangible et nécessaire pour certains, inexistant pour d’autres, 45 ans après l’Indépendance, nous cherchons encore ce qui nous lie au quadricolore.

«Le mauricianisme est une chose continue. On ne peut la créer artificiellement», estime l’historien Sada Reddi. Dans le même ordre d’idées, la construction d’une nation prend du temps. On ne peut marquer la naissance de l’appartenance à l’île Maurice ou à une quelconque notion de patrie qui s’y reporte, à la seule date de la proclamation de l’Indépendance. Tout comme on ne peut la ressortir du placard chaque année à la seule date du 12 mars.

Jocelyn Chan Low, historien et ancien président du Centre Culturel Mauricien, abonde dans ce sens, en rappelant que cette notion de mauricianisme animait déjà les débats populaires, au début du siècle dernier.

«La question d’une entité mauricienne apparaît déjà dans les années 30.» A l’époque, cette question déchainait déjà les passions: le besoin d’une définition de la culture mauricienne, des bases communes de la cohabitation insulaire d’individus d’origines et de coutumes différentes, se faisait sentir. De nos jours, on cherche encore cette définition.

«Le mauricianisme existe», insiste pourtant Sada Reddi. Avis que ne partagent pas de nombreux internautes sur la page Facebook de lexpress.mu, pour qui cette formule n’est qu’une hypocrisie, voire une invention politique. Sentiment que comprend l’historien pour deux raisons essentiellement. La première est politique, justement, avec un brandissement de l’appartenance ethnique au gré des fléchissements du soutien populaire.

La seconde, s’explique par la compétition pour les ressources. Travail, finances ou autres opportunités, le vivre-ensemble pâtit souvent quand les limites économiques de notre petit territoire se font sentir. «Pourtant, ce n’est pas le cas quand les Mauriciens sont à l’extérieur, lorsqu’ils ne sont pas soumis à cette compétition pour des ressources», ajoute Sada Reddi.

Dans l’expression du sentiment, on pourrait ainsi croire que le mauricianisme est surtout chose des émigrés. Ces Mauriciens d’ailleurs qui parlent avec nostalgie de leur «bor la mer», de leur «dholl puri», des rythmes du Séga ou des fleurs de la langue Kreol, qui ne prennent un sens qu’avec l’éloignement. Pour dire que, si sur le plan administratif le passeport mauricien nous rassemble sous une seule et même bannière quadricolore, sur le plan sentimental, la structure est toujours branlante.

Au moindre coup de vent politico-ethnique,  le mauricianisme vacille.