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Situation inquiétante à Morcellement Raffray

25 septembre 2022, 18:00

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Situation inquiétante à Morcellement Raffray

La vidéo où l’on peut voir trois jeunes de 14 ans se faire lyncher à Terre-Rouge, il y a plusieurs jours, a été massivement partagée sur les réseaux sociaux. Si les victimes parlent de plaisanterie qui aurait mal tourné, les résidents préfèrent se focaliser sur les problèmes de sécurité et de vol qui croissent depuis des mois…

La vidéo de ces trois mineurs se faisant prendre à partie par des habitants de Terre-Rouge a été massivement partagée, commentée et a choqué plusieurs Mauriciens. Selon la version des principaux concernés, ce serait une plaisanterie qui aurait pris une tournure dramatique. Ils ont expliqué que leur intention était de faire une blague au propriétaire de la moto, un habitant de la localité. Après le passage à tabac, la police a emmené les trois garçons. «Mais ils ont été relâchés parce que le propriétaire de la moto n’avait pas encore porté plainte», explique l’un des habitants.

Toujours est-il, selon des habitants, que la thèse de la plaisanterie ne tient pas la route car la moto a été retrouvée à environ un kilomètre de la maison du propriétaire. «Si c’était une plaisanterie, seraient-ils allés si loin avec le véhicule ?», se demande-t-on. Mais les parents des enfants, qui ont porté plainte au poste de police de Terre-Rouge, maintiennent leur version en faisant ressortir que les trois mineurs ne seraient pas retournés sur place s’ils avaient vraiment eu l’intention de voler ou s’ils avaient commis un délit. Quant au propriétaire de la moto, il a aussi porté plainte en racontant que ce jour-là, sa moto avait disparu et qu’il l’avait retrouvée à un autre endroit. Nos sollicitations pour plus de détails sont restées sans succès.

Agressions en série

Ce problème, qui a mis le quartier de Morcellement Raffray sous les feux des projecteurs, est l’arbre qui cache la forêt. Depuis quelques mois, les vols et agressions se multiplient. D’ailleurs, l’insécurité s’est étendue à d’autres quartiers voisins. L’agression d’un mineur de 17 ans, le 22 août, est toujours dans les esprits. Ce jour-là, le garçon marchait dans la rue lorsqu’il a été accosté par deux individus à moto. Ces derniers lui ont mis un cutter sous la gorge et lui ont volé son téléphone portable et Rs 10 000 que ses parents lui avaient remis pour le paiement de factures. Il a été blessé au poignet avec le cutter et a porté plainte au poste de police de Terre-Rouge le même jour.

Malgré la récente mise en place d’un groupe de forces vives en phase d’organisation, le problème perdure. Vendredi dernier, un individu est entré dans une boutique et il est reparti avec la caisse. Un habitant a tenté de l’en empêcher, mais le malfrat l’a menacé avec un couteau. «Linn dir mwa ki mo lé, res lwin. Mo pa’nn kapav fer nanié», confie-t-il. Dans la foulée, il relate que cela fait une trentaine d’années qu’il habite la localité, mais que c’est la première fois que le problème devient si aigu. Le 24 juillet, le même commerçant avait été agressé alors qu’il ouvrait sa boutique le matin. Il avait été projeté au sol par les malfrats qui l’attendaient dehors. «Il y a aussi eu ce cas d’une dame qui a eu sa chaîne en or arrachée, il y a quelques semaines», poursuit l’habitant. La plupart des cas, précise-t-il, se sont déroulés en pleine journée. Le boutiquier a porté plainte vendredi soir.

Au-delà des agressions, des vols sur les chantiers sont de plus en plus courants. Ajouté à cela, des «voler feray» sévissent. Un entrepreneur explique qu’il a été victime de vol à deux reprises. Le dernier passage des malfrats lui a valu une perte de Rs 100 000. Des fils électriques ont été emportés. Son cas n’est pas isolé. «Il y a bien des années, la situation était quasiment pareille. Nous avions mis en place un groupe de surveillance qui avait porté ses fruits. Mais petit à petit, le groupe s’est délité.»

La police débordée

Noor, un autre habitant de longue date du quartier, indique que l’initiative sera remise sur pied prochainement. D’ailleurs, une première rencontre entre la police et les habitants a déjà eu lieu. La prochaine étape est d’attendre des explications des forces de l’ordre sur les paramètres de fonctionnement des forces vives. Revenant sur l’agression des trois garçons, il avance que cet incident lui a rappelé un autre événement qui s’est produit il y a environ deux semaines. Plusieurs habitants ont remarqué trois ou quatre jeunes qui se baladaient avec des sabres en pleine journée. Pressés de questions, ils ont fait savoir qu’ils allaient cueillir des noix de coco. «Nous n’avons pas fait plus attention que ça, justement parce que c’étaient des enfants», dit-il.

Le problème est d’autant plus grave, ajoutent des habitants, que les policiers du poste de Terre-Rouge leur ont fait comprendre qu’ils sont débordés car plusieurs localités dont Jin Fei, Arsenal, Bois-Marchand, Bois-Pignolet et une partie de Baie-du-Tombeau tombent sous leur responsabilité. De plus, la route principale de Terre-Rouge est souvent bloquée, raison pour laquelle même lorsque des véhicules sont disponibles, les policiers mettent du temps à arriver. «C’est une des raisons pour lesquelles nous demandons un poste de police à Le Hochet. Cette partie du village est en développement, les habitants croissent d’année en année. Dans quelque temps, nous aurons une population composée de femmes au foyer, d’enfants et de personnes âgées et il faudra qu’ils soient en sécurité», avance Noor. Un poste de police, disent-ils en chœur, rendra la région plus sûre dans la journée car, à ce moment-là, Morcellement Raffray est désert; la plupart des habitants travaillent.

Les habitants attirent également l’attention sur les marsan féray. Ils sont de plus en plus nombreux et n’hésitent pas à pénétrer dans la cour des gens pour trouver leur «marchandise». Un habitant, qui était absent du pays pendant trois mois, a vu sa maison visitée et vidée par ces revendeurs de ferraille. Toutes les fenêtres et portes ont été emportées. Durant ces derniers mois, deux autres maisons ont été vidées après la visite de voleurs. D’autres personnes, comme Yannick, ont été cambriolées à de multiples reprises. Yannick a subi trois infractions chez lui. Ses proches qui habitent la région ont connu le même sort. Le jeune homme parle d’une bande organisée.

D’ailleurs, dans un des cas, il y avait même un camion qui attendait non loin pour récupérer les voleurs et le butin. «Zot koné ki zot fer. Zot debrans alarm, zot koup difil. Parfwa zot fini koup kouran-la depi lor kolon CEB deor.» Des plaintes ont été déposées au poste de police de Terre-Rouge à plusieurs reprises, mais il n’y a jamais eu de retour. Quant aux caméras Safe City, personne n’a eu l’assurance qu’elles fonctionnent. Toutefois, les habitants confient que depuis que la vidéo de ces trois jeunes a été partagée sur les réseaux sociaux, il y a une constante patrouille de la police dans les rues, au quotidien. «Ce qui est plus ou moins rassurant.» En attendant de mettre sur pied très prochainement une neighborhood watch, pour leur paix et leur tranquillité d’esprit...