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Fêtes de fin d’année: le Père Noël revoit ses plans

6 septembre 2022, 17:30

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Fêtes de fin d’année: le Père Noël revoit ses plans

Les commerçants pensent déjà aux fêtes de fin d’année. Mais la situation sur le plan international ou encore le manque de devises étrangères et la cherté de la vie les font douter. Par conséquent, ils étudient d’autres options.

Pendant ces deux dernières années, Ali, marchand à la foire de Flacq, n’a pu importer de nouveaux produits. Il a dû se contenter d’écouler son ancien stock. Cette année, il comptait sur la Chine mais a dû revoir tous ses plans. «L’importation pose problème. Dans un premier temps, le manque de devises se fait sentir. Puis, autre souci, c’est que la Chine est toujours en confinement. Surtout la région où j’ai l’habitude de m’approvisionner.»

Résultat des courses : il doit prospecter ailleurs. «Je vais devoir passer des commandes en Inde. Et effectuer des transactions bancaires pour obtenir mes produits. Heureusement que la technologie nous permet de le faire.»

«Bizin (...) manz margoz»

Toutefois, il sait que certains clients ne vont pas apprécier car avec le fret, les produits se vendront un peu plus cher. «On n’a pas le choix. Nous aurions pu attendre que la région où j’achète mes produits en Chine sorte du confinement, mais je crains aussi qu’un conflit entre l’Empire du Milieu et Taïwan n’éclate. On ne sait pas ce qui peut arriver dans les prochains mois. Tous ces facteurs affectent nos commerces.»

Il n’est pas le seul à anticiper la situation précaire. Hydar Ryman, président de la Street Vendors Association, confie que tous les commerçants ressentent de l’appréhension. En particulier ceux qui opèrent au Victoria Urban Terminal. «On en est toujours à lancer un appel au Premier ministre pour qu’il trouve une solution temporaire pour soulager les marchands.»

Le loyer mensuel de Rs 4 000, rappelle-t-il, n’est pas à la portée de tous. Face à cet état de choses, les commerçants ne pourront importer en masse. «Certains vont attendre jusqu’à novembre. Mais je pense que la meilleure solution est de passer des commandes localement. On va miser sur le Made in Moris. Ainsi, on donne un coup de pouce au marché mauricien.» Il soutient que l’approvisionnement se portera sur des articles de luxe et haut de gamme. «On passera par les grosses boîtes. Je pense qu’il n’y aura pas de grand débat à ce sujet, car il faudra terminer l’année avec ce que nous avons.»

De son côté, Raj Appadu, président du Front commun des commerçants de Maurice, a un message à faire passer aux autorités. «Pourquoi ne pas chercher l’avis d’experts étrangers et organiser une table ronde pour réfléchir et voir comment aider les commerçants ?» Pour lui, les autorités sont à blâmer car aucune étude n’a été réalisée sur les commerces pour voir s’ils arrivent à joindre les deux bouts, et sinon, ce qu’il faudrait faire pour y remédier. «Nous faisons face à une situation critique. Difficile d’importer de Chine. Les devises étrangères font défaut. Les produits coûtent cher dans leurs pays d’origine. Sans parler du coût du fret. Comment travailler, même avec une marge de profit très basse ?»

Il fait valoir qu’une partie de la population n’arrive même pas à sortir la tête de l’eau, alors comment va-t-elle se permettre d’acheter des cadeaux à la fin de l’année ? «Actuellement, beaucoup de gens entrent dans les commerces, font un petit tour et puis s’en vont sans acheter. La priorité reste les denrées alimentaires.»

À quatre mois de la fin de 2022, Raj Appadu brosse un tableau sombre sur le court terme. «Bizin kontinié manz margoz.» Un coup de pouce des autorités serait plus que jamais bienvenu.