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Analyse: les casseroles de «lakwizinn»

7 août 2022, 22:00

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Analyse: les casseroles de «lakwizinn»

Rarement  un Premier ministre (PM) n’aura été aussi critiqué, contesté. Sans parler de ceux qui font partie de son gouvernement. Rappel, ci-dessous, de quelques scandales qui ont secoué la marmite orange.

Nous sommes à la mi-juin 2017 ; le cauchemar MedPoint recommence à hanter le sommeil du PM avec l’avis d’appel au Privy Council annoncé par le Directeur des poursuites publiques, après que Pravind Jugnauth a été blanchi par la Cour suprême en mai 2016. Dès lors, ils sont nombreux à demander à Pravind Jugnauth de step down en attendant le verdict des Law Lords britanniques. Cependant, il restera sourd à ces appels.

Octobre 2019 : une série d’articles, notamment de Top FM, commencent à être publiés touchant directement Pravind Jugnauth et ses proches. Entre autres, Serenitygate et Maradivagate. Vient alors le scrutin de novembre 2019 et, malgré ces scandales et d’autres concernant ses ministres, Pravind Jugnauth et son Alliance morisien remportent les élections. Il faut dire cependant qu’il avait en face de lui une opposition divisée avec le MMM allant séparément du PTr/PMSD. Et que de leur côté, les Jugnauth ont débauché les Obeegadoo, Ramano et Ganoo de l’opposition, ce dernier se ralliant à l’Alliance morisien à la veille des élections. Ces défections avaient fortement ébranlé le MMM, notamment.

Toutefois, dès la proclamation des résultats, des accusations de fraude électorale vont surgir. Les pétitions électorales s’ensuivront. Et même si les celles-ci prennent du temps à être entendues, elles ont contribué à maintenir les soupçons d’illégitimité du gouvernement. Soupçons grandissants par la suite.

En février 2020, alors que l’opposition réclame la fermeture des frontières au plus vite pour protéger notre île et ses habitants du virus du Covid-19, le gouvernement de Jugnauth nie tout d’abord la réalité du danger pour ensuite prendre tout son temps pour fermer les frontières. On le soupçonne alors d’avoir attendu pour permettre à ses proches de rentrer au pays.

Les premiers morts sont justement des personnes venant de l’étranger qui auront contaminé d’autres personnes. La gestion du Covid a été, c’est le cas de le dire, catastrophique. Et ce même Covid sera utilisé comme prétexte pour enrichir des proches du pouvoir. «Comment, nous disait-on, peut-on utiliser le malheur de la population pour faire du business ?» Souvenez-vous des achats de médicaments et d’équipements pendant le confinement de 2020. Parmi les noms des soumissionnaires de produits pharmaceutiques et d’équipements médicaux utilisés pendant le confinement, figuraient des personnes très proches du MSM. Il y aura aussi l’affaire Pack & Blister. Puis celle de Kammal Trading Co. Ltd, une quincaillerie qui rafle un contrat de Rs 12 336 345, entre autres.

Ces révélations n’ébranlent aucunement le gouvernement Jugnauth mais on assiste au contraire à un renforcement de conseillers et la fameuse Lakwizinn qui se met en place. Le premier coup dur est lancé avec le drame de Wakashio et le fameux «kot monn foté». Des négligences à tous les niveaux sont constatées dans cette affaire : le temps pris par les autorités pour empêcher le navire de venir s’échouer sur un banc de sable dans le Sud, le temps pris pour immobiliser le navire, le temps pris pour pomper l’huile, le temps pris pour empêcher la pollution de s’étendre, le temps pris pour dépolluer, le temps pris pour se débarrasser de l’épave et le temps pris pour enlever la proue. On attend toujours le rapport de la commission d’enquête qui a terminé ses audiences en février dernier. C’est après cette catastrophe économique et écologique que l’on témoignera du plus gros rassemblement citoyen organisé par Bruneau Laurette, le 29 août 2020, dans les rues de la capitale.

En même temps, Roshi Bhadain soulève un autre scandale impliquant directement le couple Pravind Jugnauth. L’affaire Angus Road va dominer l’actualité pendant plusieurs mois avec des révélations, des tentatives de Pravind Jugnauth de s’expliquer, suivies de nouvelles révélations jusqu’à que l’affaire aille en justice. Quatre PNQ d’Arvin Boolell révéleront d’autres scandales dans un scandale. Le barrage fait par Sooroojdev Phokeer, les expulsions et autres tergiversations auront permis à Pravind Jugnauth de s’en sortir. L’enquête de l’ICAC, elle, non seulement n’a mené à rien, mais elle a été utilisée comme prétexte pour ne pas répondre aux questions des parlementaires et des journalistes.

L’affaire la plus grave contre le gouvernement Jugnauth, l’affaire Kistnen – avant l’affaire de sniffing et Agalega – éclate en octobre 2020 grâce à une enquête de l’express. Assassinat, complot, fraude, corruption et le rôle de la police dans cette affaire, tous les ingrédients sont là.

Il y aura aussi d’autres scandales financiers comme la mise sous administration de la Bramer Bank et celle d’Air Mauritius. Selon Roshi Bhadain, rien que pour l’achat d’avions depuis 2015, la compagnie aérienne mauricienne a dilapidé Rs 40 milliards pour rien. L’administration d’Air Mauritius a aussi provoqué d’autres pertes comme la vente soldée d’avions. On apprend qu’Air Mauritius veut maintenant louer d’autres avions après qu’Emirates Airlines a obtenu la permission d’effectuer deux vols quotidiens sur Maurice. Rs 12 milliards. C’est la somme perdue par la State Bank of Mauritius entre 2017 et 2020. Le député Adil Ameer Meea y fera référence dans son discours sur le Budget.

Dernièrement, l’affaire Uricek a démontré comment des permis de séjour sont accordés sans un véritable background check qui a rendu possible l’arrivée d’un présumé trafiquant de drogue dans le pays. Et sans aucun suivi de ce résident étranger qui ne faisait que distribuer sirop, jus et biscuits importés. Ce n’est qu’après cette affaire que la loi a été réécrite mais en soulevant d’autres polémiques car elle autorise le PM à révoquer la nationalité mauricienne acquise par un étranger. D’un extrême à un autre…

Par ailleurs, les deux affaires de sniffing et d’Agalega ont en juillet dernier, achevé de nuire à l’image du gouvernement. Et provoquent en ce moment, un vrai ras-le-bol de la population, qui en a décidément assez.

«Skandal lor skandal»

Les autres scandales qui ont secoué le mandat de Pravind Jugnauth depuis 2017 sont notamment l’affaire Bet 365, qui a poussé l’ex-Attorney General, Ravi Yerrigadoo, à la démission. Il y a eu la commission d’enquête sur la drogue où les noms de Roubina Jadoo-Jaunbocus et Sanjeev Teeluckdharry ont été cités. Ou encore le Biscuitgate impliquant Maya Hanoomanjee et sa fille Naila.

Puis il y a eu l’affaire bal kouler de Raj Dayal et le dérapage de Ravi Rutnah et son fameux «femel lisien» lancé contre une journaliste. Puis, l’express avait dévoilé l’affaire Euroloan – la demande d’emprunt de Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères à l’époque, d’un million d’euros à la SBM. On n’oubliera pas le dérapage en novembre 2017 de Showkutally Soodhun, qui avait tenu des propos à relents communaux face à des membres des forces vives de Bassin. Sans oublier les autres Lalang Gate et Karokann Gate du défunt député Kalyan Tarolah.

Il faudrait plus d’espace dans notre journal pour tout énumérer – mais resteront dans la mémoire, l’affaire Kistnen, forçant la démission de Yogida Sawmynaden mais aussi l’affaire d’essence contaminée où son nom est également cité ; l’expulsion des squatters en plein confinement par Steven Obeegadoo ; tous les abus au ministère de la Santé de Kailesh Jagutpal – quelques-uns déjà mentionnés plus haut mais aussi l’achat du Monulpiravir et le décès des patients dialysés. On passera sur les frasques de Kalpana Koonjoo-Shah, Sudheer Maudhoo et les dauphins morts, dans le sillage de la piètre gestion de la catastrophe Wakashio