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Levée des restrictions: entre sourires et grimaces sur les plages après un mois

2 août 2022, 21:00

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Levée des restrictions: entre sourires et grimaces sur les plages après un mois

C’était le 1er juillet. Un mois tout juste donc depuis la levée des restrictions sanitaires liées au Covid-19. Constat sur les plages : les affaires reprennent petit à petit, même si la cadence n’est pas la même partout. Si certains retrouvent ainsi leurs clients après de longs mois avec un large sourire, d’autres grimacent encore. De Trou-aux-Biches à Trou-d’Eau-Douce, la température n’est pas la même… 

La plage de Trou-aux-Biches est presque bondée, même en ce lundi. Cela sent les vacances. Touristes et locaux se mélangent, tous veulent profiter du soleil, surtout après les chutes de température des derniers jours. Mohabeer Sookdevsingh marche sur le sable fin, ne se souciant guère des grains qui alourdissent ses savates à chaque pas. Souriant, il tente de vendre ses souvenirs artisanaux et sa meilleure clientèle reste de loin les touristes. Il confie que les affaires ne sont pas encore aussi florissantes. «Rien n’est plus comme avant. Avec Internet, certains clients préfèrent acheter en ligne.» Il essaie tout de même de faire contre mauvaise fortune bon coeur. «J’y suis bien obligé. Quelques fois, je peux arpenter la plage de long en large sans faire une seule vente. Pourtant, il y a beaucoup de touristes, mais ils n’achètent plus comme avant.» Il faut dire que tout le monde – même les vacanciers – fait attention à leur budget en ces temps économiques incertains. 

Reprendre des couleurs 

C’est également le sentiment d’Atish Luchoo, skipper. Il est quand même heureux de retrouver quelques clients. «Il y a des touristes qui avaient acheté leur billet depuis deux ans. Avec la pandémie, ils n’ont pu venir à Maurice, mais les affaires semblent reprendre des couleurs. Il ne faut pas oublier que presque 80 % des grands hôtels sont remplis à ce jour.» 

Il soutient que la levée des restrictions a été perçue comme une véritable bouffée d’air frais pour le tourisme. «Nous avons même remarqué que nous avons une nouvelle clientèle avec la présence d’Espagnols, de Portugais et de Belges. Mais il est vrai que l’inflation mondiale influe sur les habitudes et les dépenses…» 

Reetoo Beejaysingh, gérant d’une roulotte sur la plage de Mont-Choisy, préfère encore pratiquer les anciens tarifs. Pour le moment. «On nous a dit que l’huile allait être accessible bientôt à un meilleur prix. J’attends de voir…» C’est le 5 août que l’huile importée par la State Trading Corporation devrait être disponible dans les commerces. 

Notre interlocuteur tient à faire ressortir que cela aura un impact sur son chiffre d’affaires car il n’est pas de ceux qui «recyclent l’huile des frites pour frire des nouilles après.» Sa réputation est plus importante. «Il faut donner l’envie aux clients de revenir nous voir. Ces derniers recherchent maintenant des roulottes où l’hygiène et la classe ne font qu’un.» 

Atish Luchoo, plaisancier et Belaal Azaree, marchand de glace.

En tout cas, hiver ou pas, cela n’empêche pas les clients de déguster des glaces. Ce n’est pas Belaal Azaree qui dira le contraire. «Depuis la levée des restrictions, on attendait l’arrivée des touristes. On peut dire que les affaires marchent.» Par contre, à Trou-d’Eau-Douce, Prem Beerbaul ne peut en dire de même. Le président de l’association des plaisanciers de l’Est confie que les affaires ont du mal à repartir. «Déjà que c’est la saison basse, mais avec les vacances scolaires, on aurait dû reprendre du poil de la bête, mais ce n’est pas le cas.» La faute au Wakashio, même deux ans après. «Plusieurs clients optent pour les destinations de l’Ouest et du Nord. Des familles qui ont des enfants ne veulent pas prendre le risque, même aujourd’hui, de venir ici. Nous avons recensé une chute de 40 % dans les recettes depuis que l’on peut de nouveau aller en mer.» 

Ce n’est pas tout. Il ajoute que les frais ne cessent d’augmenter pour l’entretien des bateaux. «Si nous devons réparer nos embarcations, nous devons nous rendre à Port-Louis, chez une compagnie privée, qui nous prend Rs 4 000 par jour. Si les réparations prennent plus d’un mois, imaginez le coût.» Une demande a été faite auprès du gouvernement pour que les plaisanciers puissent effectuer les réparations dans un endroit moins éloigné, mais ils n’ont reçu aucune réponse jusqu’ici. «Il y en a plusieurs qui ont déjà jeté l’éponge.» 

Si pour lui, le soleil est loin d’être revenu sur les affaires, d’autres en revanche, voient les nuages gris se dissiper peu à peu.