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«Data capture»: les jeux géopolitiques de l’océan Indien

31 juillet 2022, 14:21

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«Data capture»: les jeux géopolitiques de l’océan Indien

Face au scandale politique et diplomatique qui enfle dans l’affaire de la landing station du câble South AfricaFar East (SAFE) de Baie-du-Jacotet, un article de la presse indienne met en exergue les jeux géopolitiques des grandes puissances dans l’océan Indien, en utilisant Maurice.

L’article du groupe indien The Print, daté de jeudi et intitulé How fears of Chinese digital espionage got ‘RAW involved in Mauritius, led to snooping scandal’, explique que les experts techniques de la Research and Analysis Wing (RAW), ou agence d’intelligence indienne, ont émis des alertes depuis début 2021 indiquant que la People’s Liberation Army (NdlR : armée chinoise) utilisait l’infrastructure d’Internet construite par la firme Huawei à Maurice, pour l’espionnage digital de l’Inde et d’autres pays occidentaux, dont la France qui a une base navale et aérienne opérant de La Réunion à travers l’océan Indien. Depuis, l’Inde avait émis des alertes sur la landing station de Baie-du-Jacotet à Maurice à travers Kumaresan Ilango, ancien officier de la RAW et actuel National Security Adviser au PMO.

L’équipement de sniffing, que RAW a tenté d’installer avec l’équipe qui a accédé à la station de Baie-du-Jacotet, visait à intercepter le trafic Internet et le stocker pour une analyse ultérieure. L’article explique que l’Inde a déjà déployé des équipements similaires à Cochin Cable Landing Station (Cochin CLS), point d’atterrissage indien du câble sous-marin à fibre optique SAFE, qui relie l’Afrique du Sud, Maurice, l’Inde, La Réunion et la Malaisie. Il est également allégué que les cibles d’espionnage dans la région comprennent l’installation construite par l’Inde sur Agalega, qui est en train d’être transformée pour collecter des renseignements maritimes indiens sur les navires chinois.

Le rôle de Huawei…

Alors que la Chine s’implantait dans l’infrastructure Internet de Maurice en 2015, Huawei a fait une offre non sollicitée pour le projet Safe City. Cette offre s’inscrivait dans un effort plus vaste d’installer des systèmes similaires dans 73 villes de 52 pays, dont la France, le Pakistan et le Mexique. La même année, Sherry Singh, alors proche collaborateur des Jugnauth, prend la tête de Mauritius Telecom. Comment Huawei a-t-elle convaincu le gouvernement d’adopter le concept Safe City ? Cette démarche est survenue au moment où le gouvernement est entré dans un conflit juridique avec les États-Unis et le Royaume-Uni.

En 2015, Maurice a obtenu la reconnaissance de Diego Garcia. Si cette affaire a envenimé ses relations avec ses alliés occidentaux, elle a peut-être renforcé ses liens avec la Chine, comme l’explique Roukaya Kasenally dans The Trappings of the Mauritius Safe City Project. Par ailleurs, Maurice a des liens étroits avec l’Inde, qui s’est montrée généreuse en traités fiscaux, lignes de crédit et transfert de connaissances, et qui semble rivaliser avec la Chine pour s’attirer ses faveurs. Nous avons sollicité une réaction de Huawei Mauritius sur l’information publiée par The Print mais celle-ci est toujours attendue.