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Au Canada, le pape en mission réconciliation auprès des autochtones

25 juillet 2022, 21:09

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Au Canada, le pape en mission réconciliation auprès des autochtones

Vers des excuses historiques? Le pape François est arrivé lundi sur le site d'un ancien pensionnat pour autochtones au Canada, où il devrait renouveler, devant des milliers d'Amérindiens, sa demande de pardon pour le rôle joué par l'Eglise pendant plus d'un siècle dans les violences infligées à des générations d'enfants.

Cette visite était attendue depuis des années par ces peuples Premières nations, Métis et Inuits qui représentent aujourd'hui 5% de la population canadienne.

Au cœur de ce «pèlerinage pénitentiel», le douloureux chapitre des «écoles résidentielles» pour enfants autochtones, un système d'assimilation culturelle qui a fait au moins 6 000 morts entre la fin du 19e siècle et les années 1990, et créé un traumatisme sur plusieurs générations.

Le gouvernement canadien, qui a versé des milliards de dollars en réparation à d'anciens élèves, s'est officiellement excusé il y a 14 ans d'avoir créé ces écoles mises sur pied pour «tuer l'indien dans le cœur de l'enfant».

L'Eglise anglicane avait ensuite fait de même. Mais l'Eglise catholique, en charge de plus de 60% de ces pensionnats, a toujours refusé de le faire jusqu'ici.

En avril, tout a changé avec les excuses du pape François. Des milliers d'autochtones attendent maintenant des excuses sur leurs terres.

C'est Maskwacis, une réserve autochtone à une centaine de kilomètres au sud d'Edmonton, que le pape a choisi pour son premier déplacement. Il doit se recueillir sur le site de l'ancien pensionnat d'Ermineskin, l'un des plus grands du Canada, ouvert de 1895 à 1975.

Pour le recevoir, plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées, sous une pluie fine et dans une ambiance de recueillement. De nombreux autochtones sont venus en groupes, certains portent des habits avec le nom ou le logo de leur communauté. D'autres, le t-shirt orange symbole des autochtones.

Journée spéciale

«Pour moi, c'est une journée très spéciale car j'ai survécu à des abus d'un prêtre catholique quand j'avais sept ans», a confié à l'AFP André Carrier, de la Fédération Métis du Manitoba, chapeau sur la tête et médaillon autour du cou.

«C'est une grande peine que nous avons subie (...) C'est un temps pour pardonner et travailler ensemble avec l'Eglise catholique pour le futur de la communauté. Plusieurs générations n'ont pas été respectées, donc c'est un moment très important pour la réconciliation», ajoute-t-il.

«Je vais lui demander de prier pour moi, pour ma famille et pour la guérison de mon peuple», renchérit très émue Gilda Soosay, qui va faire partie de ceux qui pourront rencontrer le pape.

Après sa prière silencieuse dans le cimetière, le pape doit prononcer son premier discours, en espagnol, devant des milliers de personnes, dont d'anciens élèves de pensionnats.

Le pape se rendra ensuite à 16H30 (22H30 GMT) à l'église du Sacré-Cœur des Premiers Peuples d'Edmonton.

«J'espère que cette visite est le début d'un changement dans l'histoire et une façon pour nous de commencer notre parcours de guérison», a déclaré George Arcand Jr, grand chef de la Confédération des Premières Nations du Traité n.6.

En avril, le Saint Père avait pour la première fois présenté ses excuses au Vatican pour le rôle joué par l'Eglise dans les 130 pensionnats du pays, fustigeant la «colonisation idéologique» et l'«action d'assimilation» dont «tant d'enfants ont été victimes».

Génocide culturel

Quelque 150 000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans ces écoles, où ils étaient coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture, et souvent victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles.

Petit à petit, le Canada ouvre les yeux sur ce passé qualifié aujourd'hui de «génocide culturel»: la découverte de plus de 1 300 sépultures anonymes en 2021 près de ces pensionnats a créé une onde de choc.

Mardi, le pape célèbrera une messe au Commonwealth stadium d'Edmonton et se rendra au lac Sainte-Anne, site d'un important pèlerinage annuel. Il rejoindra ensuite Québec mercredi avant une dernière étape vendredi à Iqaluit (Nunavut), ville du grand Nord canadien dans l'archipel arctique.

Toujours affaibli par des douleurs au genou, le jésuite argentin circule en fauteuil roulant. Son programme a été aménagé pour limiter ses déplacements.