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Deux ans après le naufrage du «Wakashio»: la vie reprend son cours mais les souvenirs restent…

25 juillet 2022, 16:01

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Deux ans après le naufrage du «Wakashio»: la vie reprend son cours mais les souvenirs restent…

25 juillet 2020 – 25 juillet 2022. Deux ans depuis que le vraquier japonais, le «MV Wakashio», a fini sur les récifs de Pointe d’Esny. Depuis, les habitants du Sud-Est essayent de reprendre leur vie. Si les pêcheurs peuvent à nouveau respirer, ce n’est pas le cas des plaisanciers et des marchands de plage. Rencontre… 

Cette semaine, les conditions météorologiques n’ont pas été favorables aux pêcheurs et aux plaisanciers. La mer à Mahébourg donne plus dans un mélange de marron et de vert sale que dans le turquoise. La boue est omniprésente. Les vagues sont hautes et un vent glacial souffle sur les pêcheurs, affairés non loin du fameux Bato Roche. Ils profitent du mauvais temps pour faire galvaniser leurs casiers de pêche. Il faut bien s’occuper, lancent-ils, en attendant le beau temps. C’est le cas de Jay Hurlall. Pêcheur depuis de nombreuses années, la mer l’a toujours porté. «Heureusement, la vie semble reprendre son cours.» 

Il a fallu plusieurs mois avant que les pêcheurs ne retrouvent leur embarcation et leur emploi. «Qu’après avoir eu l’assurance que l’eau de mer ne représentait plus de problème pour nous et pour les poissons.» L’absence d’huile et de graisse ou encore d’hydrocarbures dans les échantillons d’eau de mer prélevés sur le littoral et dans le lagon, de La Cambuse à Trou-d’Eau-Douce, a permis que ces pêcheurs reprennent leurs activités, le 29 mars 2021. Aujourd’hui, plus d’un an après, ce triste épisode appartient au passé. «Seulement, il nous est impossible d’oublier ce qui s’est passé le 25 juillet 2020. On espère que cela ne se reproduira plus jamais.» 

Jay Hurlall estime heureux que certains pêcheurs aient pu, grâce à Polyeco, obtenir, l’espace de quelques mois, un peu d’argent, suffisant pour nourrir leurs familles. «Le gouvernement aussi nous a aidés avec une compensation de Rs 10 200. Aucun pêcheur ne peut dire qu’il est resté sans manger.» 

Toutefois, ce sentiment n’est pas partagé par la communauté de plaisanciers, skippers et marchands de plage. Ils sont toujours en attente de la somme que le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, a annoncée depuis quelque temps. «Nous sommes toujours en attente. On a compris que cela pourrait se faire d’ici la fin du mois. Nous sommes en mode wait and see», avance Jean-Alain Fanchette, président de l’association des skippers. Cette compensation devrait être à hauteur de Rs 113 000 pour les plaisanciers et Rs 35 000 pour les skippers. «Cette somme serait la bienvenue, surtout après ce long combat que nous avons mené.» 

Il ne cache pas les difficultés rencontrées. «Les conditions climatiques ne nous aident pas. Certains bateaux ne sortent que deux, trois fois par semaine. Il n’y a pas de continuité auprès des clients. D’autant que cet hiver tape dur.» Les skippers se sentent délaissés. «On espère que l’on pourra prochainement reprendre notre souffle.» 

Sentiment partagé par Sanjay Leelachand, plaisancier. Il exerce depuis 20 ans. «Non seulement le Wakashio nous a fait du tort mais aussi le Covid-19. On essaye toujours de faire de notre mieux pour nous en sortir. Avec le mauvais temps, les clients ne viennent pas sur les plages.» 

Le souci est qu’entretemps, les dettes s’accumulent. «On aurait aimé avoir le million de touristes afin de voir nos affaires marcher.» Pour l’heure, la patience est de mise. «Le gouvernement a donné une compensation à tous ceux qui ont été affectés par le Wakashio. Mais aujourd’hui, on espère qu’il va avoir la même intention que pour les pêcheurs et les banians. On n’a rien contre ces personnes mais on devrait être jugés pareil.» Comme ses confrères, c’est grâce à la mer qu’il nourrit sa famille. Il raconte qu’au cours de ces deux dernières années, il a également eu à travailler sur la terre ferme. «Passant du travail de gardien à celui du vendeur de légumes, sans oublier celui du balayeur de cour. J’ai tout fait. Mem bat beton. J’ai trois enfants et une mère alitée à nourrir.» 

Autre corps de métier qui attend sa compensation après l’échouage du MV Wakashio : les marchands de plage. Salomon Gedeon, président des Beach Hawkers de l’île-aux-Cerfs, a allumé sa bougie rouge. «Les rumeurs annoncent que ce sera pour bientôt, mais on ne voit toujours rien venir.» Heureusement que certains touristes ont repris le chemin de l’île. «On arrive à se faire quelques sous. Mais il y a aussi les dettes à rembourser. Même les touristes hésitent à acheter les produits. Ils y réfléchissent à deux fois. Cela est dû à l’inflation.» Mais il reste optimiste. 

La région de Rivière-des-Créoles, sévèrement touchée par la marée noire du MV Wakashio, commence à reprendre vie. De petites pousses se font voir çà et là. Dame Nature a repris ses droits dans la région du Sud-Est. Cela donne espoir à beaucoup…