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Dénonciations de «sniffing»: le PMO à l’affût d’informations trop précises pour un «survey»

21 juillet 2022, 20:01

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Dénonciations de «sniffing»: le PMO à l’affût d’informations trop précises pour un «survey»

Les informations techniques demandées par le département de sécurité du bureau du Premier ministre (PMO) sur le câble SAFE le 21 octobre et le 22 décembre ne sont pas anodines. C’est du moins ce qu’affirme l’informaticien et Systems Architect Ish Sookun. Décryptage.

Le PMO cherche à connaître «the regeneration capacity/technology used by each of these cables for noise/ interference reduction». Ce qui intrigue, avance Ish Sookun. Ces câbles, explique-t-il, font des milliers de kilomètres sous la mer. Ce qui fait que le signal s’affaiblit à un moment donné. De plus, lors de la transmission, il y a des interférences dans la transmission de l’information, dit-il. Il y a donc des appareils qui sont installés à des intervalles pour donner des impulsions aux données. Le principe est le même que les wifi repeaters. Ces appareils servent aussi à créer une isolation qui réduit ces bruits, poursuit-il.

«Ce sont des demandes un peu trop précises. Les autorités ne cherchent pas uniquement à savoir combien d’appareils il y a, mais elles veulent connaître la technologie utilisée. C’est un peu comme quelqu’un qui vous demande combien de chiffres composent le code de votre alarme», indique Ish Sookun. Si ces informations sont demandées, dit-il, c’est probablement pour planifier une intervention future sur le câble. Donc, cette question technique est loin d’avoir pour but uniquement de chercher des informations en vue de réaliser un «survey», d’autant plus qu’elle suit celle sur le trafic entrant, sortant et en transit.

Puis, le questionnaire comporte aussi une question sur les opérateurs utilisant le câble SAFE. Il faut bien noter ici, dit Ish Sookun, que la lettre ne fait pas mention d’Internet Service Providers, qui détiennent les licences de l’Information and Communication Technologies Authority pour fournir internet aux consommateurs. Il s’agit de compagnies et groupes qui obtiennent des adresses IP directement d’Afrinic qui alloue ces identifiants pour la région. Par la suite, ces groupes louent directement un câble avec le consortium pour la bande passante. Toutefois, le paiement se fait au consortium à travers Mauritius Telecom, qui est le représentant local. Le PMO cherchait donc à savoir quels sont les groupes qui louent les câbles directement. De nombreux groupes qui gèrent des données très sensibles utilisent ce système.

Pourquoi ces informations intéressent-elles ? La valeur du trafic Internet est proportionnelle au volume du trafic. Plus le trafic est conséquent, plus il y a des chances d’avoir des informations importantes. «Par exemple, la communication entre la partie sud et est de l’Afrique et l’Asie transite partiellement par Maurice. Donc, avec ces informations en main, on peut connaître le trafic de quel pays passe par ici et, par conséquent, savoir quel est le volume d’informations importantes transmis entre les pays. Vu que nous sommes entre le trafic africain et asiatique, la quantité d’informations sensibles qui transitent est conséquente», soutient l’informaticien.