Publicité

Affaire du «Sniffing/Survey»: Pravind Jugnauth ne veut pas de «select committee»

20 juillet 2022, 12:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Affaire du «Sniffing/Survey»: Pravind Jugnauth ne veut pas de «select committee»
Les fac-similés des correspondances entre le PMO et Sherry Singh fin 2021, qui ne mentionnent nulle part un quelconque «survey», mais où l’on parle bien de sécurité nationale et d’un questionnaire.

Le Premier ministre (PM) n’a pas manqué de passer plusieurs minutes pour réciter les standing orders relatifs à la mise sur pied d’un select committee, lors de la Private Notice Question (PNQ), hier. Pour dire à la fin qu’un tel comité sera superflu et injustifié. Pourquoi ? Une enquête policière est en cours. Xavier-Luc Duval aura beau lui dire que personne ne croit en l’impartialité de la police et surtout du Central Criminal Investigation Department (CCID), dont le chef est sous contrat, rien n’y fait. Pravind Jugnauth répétera plusieurs fois le mot «police». Il répétera aussi le mot «baseless» pour qualifier les accusations de Sherry Singh, sans présenter de preuves ou d’arguments. Il accuse aussi l’opposition de gâcher la réputation de Maurice. 

Le leader de l’opposition l’a pris au mot en lui disant que, justement, pour sauvegarder la réputation de Maurice et celle du PM, il devait mettre sur pied ce select committee. Xavier Duval lui a également parlé du discours de la hautecommissaire sud-africaine, la veille, au Centre Nelson Mandela. Pravind Jugnauth a sauté sur l’occasion pour engager un débat dans un débat. «Qu’est-ce qu’elle a dit ?» Réponse tranchante de Xavier Duval : «Vous n’avez qu’à lire les journaux. Ce n’est pas à moi de le faire pour vous.» Osman Mahomed le lui lira lors de son interpellation et Pravind Jugnauth n’y trouvera rien à redire. 

Xavier Duval est entré alors dans le vif du sujet. Brandissant les fameuses lettres du 21 octobre et 22 décembre 2021 adressées par le bureau du PM à l’ex-Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom, de même que la réponse de Sherry Singh du 24 décembre 2021, il a voulu savoir pourquoi ces lettres ne parlent pas de «survey» mais de demande d’informations alors que le PM a maintenu dès le départ que Sherry Singh était au courant qu’il était question de «survey». Faisant fi de ces lettres, Pravind Jugnauth répond que Sherry Singh était au courant depuis au moins le 21 octobre 2021 et qu’il a des témoins et des preuves, qu’il remettra à la police. On retournera souvent à la case police lors de ces échanges. Lorsque Duval lui fait remarquer que ces trois lettres ne corroborent pas avec ce que Pravind Jugnauth affirme, ce dernier demande pourquoi n’est-on pas allé à la police. Il ajoute que Sherry Singh s’est sauvé le 12 juillet et n’a pas apporté les preuves lors de son interview par l’express. 

Le PM parle d’une autre lettre en date du 12 avril 2022, qui contiendrait les mots «survey mission». Alors que Xavier Duval parlait des lettres d’octobre et décembre 2021. Et lorsque le leader de l’opposition lui fait la remarque, le PM s’emporte et lance «alé do ta!» C’est la même réaction lorsque Xavier Duval lui dit que la lettre du 12 avril est une fausse et demande si la lettre du 2 juillet 2022, signée par le Chief Technical Officer (CTO) de Mauritius Telecom a été obtenue sous pression. «Si vous avez le courage, répétez ce que vous avez dit en dehors du Parlement.» Réponse du berger à la bergère de Xavier Duval : «Si vous avez le courage, acceptez un select committee.» 

Le leader de l’opposition fait état alors d’un vrai rapport signé par un certain GM en date du 15 avril 2022. «Déposez ce rapport technique», invite-t-il au PM. Réponse : «Il n’existe pas de rapport». Pravind Jugnauth demande : «qu’est-ce qu’il y a dans ce rapport ?» Le speaker, bien que relativement impartial hier, ne fait aucun reproche au PM qui pose des questions au lieu de répondre. 

Même fuite en avant du PM lorsque Xavier Duval lui demande s’il a informé le Conseil des ministres de sa démarche auprès de techniciens indiens pour la sécurité nationale. «Ce qui se dit en Conseil des ministres ne peut être rendu public.» À quoi Xavier Duval lui a rétorqué que les ministres n’en savaient rien. 

Pour résumer, il n’y aura pas de select committee, le PM disant que c’est une perte de temps. Tout comme il l’a fait pour la demande de commission d’enquête sur les tortures policières. Pourtant, c’est lui-même qui avait hâtivement agréé à la commission d’enquête sur l’ancienne présidente de la République. La question qui viendra peu après, justement sur cette commission d’enquête aura sûrement rappelé aux membres de l’Assemblée nationale que le PM n’accepte de commissions d’enquête ou d’enquête parlementaire que lorsqu’il n’est pas impliqué. 

Pravind Jugnauth ne confirmera pas non plus l’authenticité du rapport du 2 juillet 2022 publié dans la presse lundi, ni celle des lettres d’octobre et décembre 2021. En un mot, il reste opaque.