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Fin des subsides| Pez néné, pa bwar délwil !

30 juin 2022, 17:12

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Fin des subsides| Pez néné, pa bwar délwil !

Après l’euphorie suscitée chez certains par les annonces de Padayachy lors la présentation du Budget 2022-2023, le retour à la réalité économique fera très mal dès demain avec l’enlèvement des subsides sur des produits de consommation courante.

Les subventions de l’État sur sept produits alimentaires arrivent à échéance aujourd’hui. Les produits concernés sont les boîtes de conserve – pilchard, sardines et les tomates –, le fromage, l’huile comestible, la margarine, le lait en poudre et les grains secs. En effet, lors des débats budgétaires au Parlement le mardi 14 juin, Soodesh Callichurn, ministre du Commerce, avait affirmé que les subsides sur les denrées de base, soit 234 marques de fromage, huile, grains secs, lait en poudre, margarine, tomate et poisson en boîte, ne seront pas maintenus pour la prochaine année financière 2022-2023.

Rappelant qu’en juillet de l’année dernière, le gouvernement avait dû introduire ces subsides et qu’en décembre, la décision a été prise d’étendre la période de subvention à juin. Si les subsides avaient été maintenus pour la prochaine année financière, leur maintien a été insoutenable car cela aurait coûté Rs 4,8 milliards, en assumant que les prix ne grimpent pas.

Un coup dur surtout pour ceux qui sont au bas de l’échelle car ces produits font partie des aliments quotidiens des ménages. À mardi, si une boîte de margarine Blue Band de 500g se vendait à Rs 75, elle coûtera plus cher dès le 1er juillet. Idem pour les grains secs dont le prix se situera entre Rs 10 et Rs 15 plus cher pour le sachet de 500g. Les Rs 1 000 accordées aux salariés touchant jusqu’à Rs 50 000 mensuellement s’effriteront rapidement avec la hausse des prix. «Avek tou séki pé monté, Rs 1 000 la pou disparet», ironise un consommateur. Ce qui, selon lui, aura un impact négatif sur le pouvoir d’achat.

Qui dit hausse imminente des prix, dit également panic buying dans les grandes surfaces. «Mardi, au rayon d’huile comestible, j’étais surprise de constater qu’il ne restait aucune bouteille d’huile de tournesol. J’ai fait la remarque tellement à haute voix qu’un couple qui passait par là m’a lancé qu’il y aura une nouvelle hausse à partir du 1er juillet. Les consommateurs ont tout vidé», lâche une habituée d’un hypermarché des basses Plaines-Wilhems.

Interrogé, le propriétaire de l’enseigne confirme qu’il y a bel et bien eu des achats abusifs d’opérateurs, notamment des marchands de «gato délwil», des traiteurs, mais qu’il est impuissant face à cette situation. «Ils viennent vider les étagères d’huile. Je ne sais pas si on doit mettre un avis pour rationner car dans le passé, j’ai été verbalisé par le ministère du Commerce pour l’avoir fait. Si quelqu’un remplit son caddie, je n’ai pas d’autre choix que de le laisser partir», se désole-t-il. Pour le moment l’opérateur a préféré ne mettre aucun avis de rationnement sur les huiles comestibles, le lait et le fromage, entre autres, contrairement aux autres hypermarchés, sans aucun communiqué officiel des autorités.

Frénésie d’achat en gros

En effet, de nouvelles consignes sont apparues pour les consommateurs. Du côté de Dreamprice de Plaine-Verte, un avis est placardé dans les rayons d’huile et de lait. L’achat d’une boîte (quatre sachets) d’huile de la marque Rani et Rajah est autorisé par personne. Pour les autres marques d’huile, notamment 5 Star, Leader, Karina, Rani et Moroil, chaque consommateur a droit à quatre litres. En ce qui concerne le lait, seules les marques Farmland et Twin Cow d’un kilo sont rationnées. Chaque personne a droit à quatre sachets de lait. «Nous ne notons pas de frénésie d’achat pour le moment. Il se fait de manière normale. C’est vrai que nous rationnons l’huile mais le fromage non», affirme Muryoodeen Fauzee, directeur des supermarchés Dreamprice.

Des photos prises dans l’enseigne d’un supermarché à Vacoas montrent des rayons d’huile vides pour la marque Rani. Sur un avis, l’on peut lire qu’une personne a droit à une boîte de Rani contenant quatre sachets d’un litre pour Rs 212. La limite d’achat pour les bouteilles est de deux par personne. Idem pour Moroil Soybean et l’huile embouteillée par un supermarché. La limite d’achat pour le lait Farmland est de deux sachets par personne. Les fromages ne sont pas en reste. Chaque personne peut se procurer quatre boîtes de fromage Bega de 250g alors qu’elle a droit à seulement deux boîtes de 250g pour la marque Kraft.

Jayen Chellum, secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), dit noter une frénésie d’achat venant de ceux qui ont les moyens d’acheter en gros volume. S’il accueille favorablement le rationnement sur l’huile et le lait, il estime que cela permettra à tous de s’approvisionner. Selon lui, il est primordial qu’il y ait un contrôle sur les commerçants qui s’approvisionnent en masse. «Nous demandons que les commerçants jouent le jeu sur les autres produits. N’augmentez pas le prix des autres produits qui ne sont pas contrôlés. Pa pran sa kouma enn prétext.Aux consommateurs, prenez les produits dont vous avez besoin. Faites des achats raisonnés. Aux boutiquiers du coin, n’achetez pas en grande quantité pour ensuite revendre à prix élevé.»

Afin d’éviter une hausse trop importante des prix des denrées alimentaires de base, un «maximum markup», soit le pourcentage de profit des importateurs, sera de nouveau introduit. Si les importateurs continueront à faire des profits, ils seront néanmoins contrôlés. L’express s’est tourné vers le ministère du Commerce pour plus de précisions, mais nous n’avons eu aucun retour. Face à la hausse des prix, la State Trading Corporation se chargera de l’importation à un meilleur prix de certains produits de base destinés aux familles vulnérables. D’ailleurs, une enveloppe de Rs 500 millions a été allouée à la STC dans le budget 2022-2023 pour que l’organisme puisse importer de l’huile et du lait.