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Afrique du Sud: recherche d'indices après la mort de 21 jeunes dans un bar informel

27 juin 2022, 17:33

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Afrique du Sud: recherche d'indices après la mort de 21 jeunes dans un bar informel

Le bar informel en Afrique du Sud où 21 jeunes ont trouvé la mort au cours du weekend dans des circonstances mystérieuses était passé ce lundi 27 juin, au peigne fin par la police, à la recherche d'indices, des survivants décrivant «des corps étendus» et «une odeur» suspecte.

A l'aube dimanche, les corps de 17 jeunes dont certains âgés de seulement 13 ans ont été retrouvés dans un «shebeen» (bar de township, banlieue pauvre) d'East London dans le sud du pays. Quatre sont décédés plus tard à l'hôpital. Treize garçons, huit filles au total, aucune blessure apparente.

Sinovuyo Monyane, 19 ans, une survivante, raconte à l'AFP la foule, le manque d'air: «Je me suis évanouie. J'étais à bout de souffle, il y avait une forte odeur, une sorte de spray. Nous avons pensé à du gaz poivré».

La jeune femme jointe par téléphone, qui travaillait ce soir-là pour une marque d'alcool, a repris connaissance lorsqu'elle a reçu de l'eau dans le visage. «Il y avait des corps étendus. Certains les ont aspergés d'eau mais ils n'ont même pas bougé».

Selon le DJ, Luhlemela Ulana, la situation dans la salle bondée de l'immeuble de deux étages était devenue «ingérable». Il se souvient avoir tenté en vain de calmer les fêtards en arrêtant la musique.

«Nous avons essayé de fermer la porte mais les gens continuaient à pousser. Les videurs n'ont pas pu gérer la foule», explique-t-il. Le propriétaire du bar, appelé dans la nuit de samedi à dimanche, a évoqué une bousculade. Il risque des poursuites.

Moins de 18 ans

Intoxication à l'alcool, empoisonnement, plusieurs pistes sont pour l'heure évoquées sur l'origine des décès. Des autopsies sont en cours, ont indiqué les autorités.

Au total, 31 personnes ont été conduites à l'hôpital. Vomissements, maux de tête, certains se sont plaints de douleurs au dos et au thorax. Deux personnes sont encore hospitalisées.

«Des échantillons ont été prélevés et envoyés par avion aujourd'hui au Cap», à 800 km à l'ouest d'East London, où des tests notamment toxicologiques doivent être menés, a déclaré Unathi Binqose, un représentant du gouvernement chargé des questions de sécurité.

Une équipe spéciale d'enquêteurs a été envoyée de Pretoria. Pour l'instant, la police n'a procédé à aucune arrestation. Selon les autorités, la plupart des victimes sont des étudiants qui fêtaient les résultats des examens de fin de semestre.

Dimanche, parents et proches des jeunes disparus s'étaient rassemblés devant le bar, pendant que des voitures mortuaires transportaient les corps vers la morgue.

Le ministre de la police, en larmes, a décrit des images «terribl» après avoir vu les corps. Le président Cyril Ramaphosa a regretté que des adolescents aient été admis «dans un lieu qui, à première vue, devrait être interdit aux personnes de moins de 18 ans».

En Afrique du Sud, la consommation d'alcool est interdite aux moins de 18 ans. Mais la législation n'est pas toujours appliquée en particulier dans les bars informels.

Les «shebeens» étaient des débits de boissons illégaux sous l'apartheid. Ils sont aujourd'hui autorisés ou tolérés dans les townships, anciens ghettos noirs.

Le chef de la Commission de l'Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a exprimé dans un tweet sa tristesse et adressé ses prières «en ce moment de chagrin et de douleur indicibles».