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Mario D’Souza: invitation à la biennale de Kochi

20 juin 2022, 16:20

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Mario D’Souza: invitation à la biennale de Kochi

Rapprocher Maurice de Kochi. Et de sa biennale d’art contemporain. Mieux que des ponts, c’est une relation triangulaire qui vient de s’établir. Entre Salim Currimjee, fondateur de l’Institute of Contemporary Arts Indian Ocean (ICAIO), le Fonds régional d’art contemporain (FRAC) Réunion et la Biennale de Kochi-Muziris (ou Cochin) dans l’Etat du Kerala en Inde. La biennale est d’ailleurs financée par l’État du Kerala. 

Résultat : Mario D’Souza, directeur des programmes de la Kochi Biennale Foundation, vient de faire un court séjour chez nous, début juin. Il en a profité pour présenter cette manifestation considérée comme la plus grande exposition d’art contemporain en Inde. Et surtout inviter des créateurs locaux à y participer. 

Ce qui distingue la Biennale de Kochi-Muziris, explique le commissaire d’exposition, c’est qu’elle a «été initiée par des artistes pour des artistes. Ce qui fait que cela n’a rien à voir avec la Biennale de Venise, par exemple». Il décrit la manifestation indienne comme étant «very hands on, very raw. On part de zéro». Ce qui n’enlève rien à l’ampleur de l’événement. La prochaine édition s’ouvrira le 12 décembre 2022. 

Mais le commissaire travaille déjà pour la prochaine édition de 2024. Elle devrait avoir un volet consacré à l’océan Indien. D’où l’intérêt de Kochi pour les créateurs locaux. 

Cette biennale accueille une centaine d’artistes répartis dans, «une quinzaine d’espaces d’exposition». Ajouté à cela, le cachet historique de Kochi. Le navigateur portugais Vasco de Gama est mort à Kochi au 16e siècle. La région a été colonisée par les Français, les Portugais et les Anglais. «La biennale se déroule en partie dans des lieux historiques», ajoute Mario D’Souza. L’exposition principale se tient dans un ancien entrepôt de l’ère portugaise qui compte 140 pièces. «Plusieurs artistes internationaux sont invités à s’inspirer de l’histoire – dont celle de la colonisation – et des sites historiques. Kochi is also known as a biennale city. La biennale a transformé l’économie de Fort Kochi. Plus de 100 000 visiteurs viennent pour la biennale. Pendant six mois, chaque maison accueille un visiteur. Les habitants ont littéralement des étages qui sont loués comme des guest houses.» 

Lors de son séjour, Mario D’Souza a eu droit à deux instantanés de la création locale. Le Salon de Mai et l’exposition des oeuvres sélectionnées par le jury du Samudra Prize, au Caudan Arts Centre. 

Il a évidemment entendu parler de l’oeuvre censurée de Palvishee Jeewon. «I think it is a great work actually. There is very good technique to it.» Selon lui, certaines réticences face au corps nu sont «très similaires à ce que l’on a en Asie du Sud. En Inde aussi ou au Bangladesh». Pour Mario D’Souza, ces réactions sont particulièrement virulentes quand elles sont perçues comme blessantes d’un point de vue religieux. Le mois dernier, l’oeuvre d’une étudiante des Beaux-Arts à Baroda a fait scandale. Elle a rassemblé des coupures de presse parlant des cas de violences sexuelles à l’égard des femmes. Des coupures de presse découpées en forme de déesses hindoues. «Des gens ont été bouleversés par cette oeuvre, surtout des politiciens.» L’oeuvre a été enlevée et l’étudiante renvoyée. «It was very severe.» 

Pour Mario D’Souza, que l’art puisse susciter des réactions aussi puissantes montre en réalité le pouvoir de la création. «L’art peut encore choquer les gens. C’est une bonne chose.»