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Dr Ameera Paurobally: marcher dans les traces de son père

18 juin 2022, 21:00

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Dr Ameera Paurobally: marcher dans les traces de son père

Soulager la douleur, tout en conservant, en harmonisant et en enjolivant la base dentaire, c’est l’objectif d’Ameera Paurobally, dentiste généraliste, à double spécialisation, soit la pédiatrie et l’esthétique, qui a été formée en Belgique et en Grande-Bretagne. Elle a rejoint le centre médical familial Afara où travaille déjà sa sœur Dilshad, dermatologue réputée, et elle entend prendre la relève de son père Rechade, dentiste très connu à Curepipe, quand celui-ci se retirera.

Ce n’est pas étonnant qu’Ameera Paurobally ait choisi comme une de ses deux spécialisations la dentisterie pédiatrique. Car avec ses yeux rieurs, son sourire franc et sa propension à rire, elle met d’emblée son vis-à-vis à l’aise. Une approche naturelle qui doit assurément rassurer les enfants.

Cette benjamine de quatre enfants baigne depuis toute petite dans l’ambiance de la santé bucco-dentaire. «Nous avons eu accès très tôt à l’internet et comme papa était passionné par son travail et qu’il surfait, on regardait avec lui les photos de dents et il nous parlait de l’importance d’entretenir la dentition naturelle. Il répétait aussi que lorsqu’une personne vient dans son cabinet, il doit la soulager, la soigner et lui rendre son sourire. Si bien que vers l’âge de six-sept ans lorsqu’on me demandait ce que je voulais faire quand je serai grande, je répliquais automatiquement que je serais dentiste.»

Si après leurs études supérieures, ses deux frères s’orientent vers la finance et l’hôtellerie à Londres et à Singapour, à l’issue de ses études secondaires au collège Dr Maurice Curé, Ameera Paurobally va rejoindre sa sœur Dilshad, de quatre ans son aînée, qui étudie déjà la dermatologie à Liège en Belgique. Ameera Paurobally n’a pas changé d’avis quant à sa filière d’études. Elle se fait admettre à la faculté de dentisterie à l’université de Liège. Au cours de la première année, les 600 aspirants médecins et 120 aspirants dentistes suivent le même cours, sanctionné à la fin de l’année par un concours, le Numerus Clausus.

Les appelés sont nombreux mais les élus sont une poignée. Ameera Paurobally fait partie des 17 aspirants dentistes retenus. Ainsi, pendant cinq ans, elle suit le cours menant au Master en dentisterie générale et lors de sa sixième année, elle opte pour un Master complémentaire en dentisterie pédiatrique pour obtenir une compétence supplémentaire en vue de son retour à Maurice. Pour cette spécialisation, elle choisit le Centre Hôpital Régional de la Citadelle à Liège et a pour mentor le dentiste stomatologue Thierry Boulanger, qui la forme en dentisterie pédiatrique. Lui s’occupe de la patientèle adulte et elle des enfants. Comme elle est en milieu hospitalier, elle est à même de pratiquer des interventions sous sédation sur place sur des enfants lourdement handicapés et gravement malades, de même que sur certains adultes. Le cas le plus difficile d’un point de vue émotionnel qu’elle ait eu à traiter est celui d’une enfant de deux ans souffrant d’un cancer et à qui il fallait extraire toutes les dents sous anesthésie générale. «Même si cette intervention n’a duré qu’une demi-heure, elle était humainement difficile», raconte-t-elle.

Ameera Paurobally passe 14 ans au total en Belgique mais avant de rentrer, elle veut boucler la boucle de la dentisterie générale avec l’obtention d’un Master complémentaire en esthétique dentaire. C’est à la faculté de dentisterie esthétique du King’s College à Londres qu’elle est admise en 2018 pour trois ans d’études, qui vont s’étendre dans la pratique à quatre ans, en raison de la pandémie du Covid-19.

«Être dentiste, c’est empiéter dans l’environnement oral d’une personne.»

Appelée à évoquer la différence entre les formations belge et londonienne, Ameera Paurobally déclare que la pédagogie belge est plus clinicienne alors que celle anglaise est un mélange de clinique et de recherches. «En Grande Bretagne, on nous pousse à avoir l’esprit critique et on nous donne les armes pour l’être.» Quand on parle d’esthétique en dentisterie, ajoute-t-elle, le praticien essaie d’imiter la nature, de rétablir ce qui était. «La première chose que l’on voit chez quelqu’un, c’est son sourire, qui est la vitrine de ce que l’on veut projeter et qui donne confiance en soi. La bouche est importante pour manger et dialoguer.»

La dentisterie esthétique préconise le Minimally Invasive Dentistery et donc la conservation du tissu dentaire sain, précise-t-elle. «C’est une dentisterie qui comprend des techniques qui permettent d’établir une harmonie dentaire d’un point de vue fonctionnel et esthétique. Des nouveaux matériaux dentaires, avec de nouvelles technologies qui arrivent sur le marché, offrent la possibilité de traiter chaque patient en fonction de ses besoins et de ses attentes.»

Ameera Paurobally se décrit comme une omnipraticienne, c’est-à-dire une dentiste généraliste, qui a ajouté, à sa pratique initiale, la pédiatrie et l’esthétique. «Ce sont deux outils de plus dans ma pratique.»

Son objectif est de tout mettre en œuvre pour traiter les dents et faire en sorte que l’expérience soit la plus sereine possible. «Être dentiste, c’est empiéter dans l’environnement oral d’une personne. Pour cela, il faut faire preuve de patience, de compréhension, de compassion et d’empathie.»

Sachant que les enfants ont peur du dentiste, le Dr Ameera Paurobally autorise les parents à assister à la séance. «Un enfant ne vient pas seul mais accompagné de ses parents. C’est une relation tripartite. Mon but, en étant flexible et en laissant les parents rester pendant le soin, est de leur enseigner à être plus sensibles à la santé bucco-dentaire de leur enfant. A la fin de la session, je leur explique ce qui doit être amélioré.»

Ses qualifications obtenues, cette jeune trentenaire est rentrée au pays à la fin de l’année dernière et a été ravie d’apprendre que son père allait aménager un centre médical à la rue Commerford à Curepipe. Sa sœur avait déjà rejoint le cabinet de leur père à Curepipe Road. Comme ils y étaient à l’étroit, le Dr Rechade Paurobally a acheté une maison à la fin de la rue Commerford et l’a fait aménager en centre médical digne de ce nom. En sus de sa consultation, ses filles Dilshad et Ameera ont chacune la leur. La salle d’attente est immense, tout comme l’est l’aire de stationnement. Et ce centre médical a sa salle de stérilisation d’instruments et de mise sous emballages stériles avant leur réutilisation.

C’est Irshad, un des deux fils de Rechade Paurobally, qui a choisi le nom Afara qui signifie arbre. Ameera Paurobally aime la symbolique du mot Afara. «Afara symbolise la pérennité, ses branches représentent différentes disciplines et ses feuilles vertes la nature apaisante.»

Le centre médical Afara est opérationnel depuis janvier dernier. Deux dentistes dans un même centre médical ne risquent-ils pas de se marcher sur les pieds, fussent-ils du même sang ? Pas du tout, à en croire Ameera Paurobally. Son père, un des doyens de la profession, a sa propre patientèle. «Et puis, papa fait en quelque sorte sa passation car il a dit qu’il voulait lever un peu le pied et se retirer dans deux ans. Cela tombe bien car je suis là (rires). Il me faudra gagner la confiance de ses patients. Et puis, en tant que professionnels, nous discutons des cas et au besoin, je le sollicite. Cela reste quelque chose de collégial.» Et au cas où elle doit opérer des enfants ou des adultes sous sédation, les interventions se feront à Fortis Darné-C Care.

Son souhait est «qu’à Maurice, on soit plus Dental health conscious. Je veux suivre les enfants et leur faire comprendre que le dentiste est là pour les aider, pour soulager leur douleur, leur apporter le bien-être psychologique et leur redonner le sourire. Tout le monde a droit à un beau sourire.» On ne vous le fait pas dire…