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Théâtre de Port-Louis: portes closes pour un bicentenaire

6 juin 2022, 11:00

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Théâtre de Port-Louis: portes closes pour un bicentenaire

Qu’est-ce que 14 ans à l’échelle de deux siècles ? C’est le temps écoulé depuis que le théâtre de Port-Louis est fermé pour rénovation. Le rideau est tombé le 30 juin 2008. 

Pourtant, c’est avec faste qu’il s’est levé le 11 juin 1822. Il y aura 200 ans, samedi, sir Robert Farquhar inaugurait le théâtre de Port-Louis. C’est à deux voix que l’histoire de ces lieux deux fois centenaires a été racontée vendredi. 

Une nouvelle édition des conférences-dîner du Labourdonnais Waterfront Hotel a réuni Thierry de Comarmond, architecte et urbaniste, et Robert Furlong, passionné de théâtre, de littérature et des arts. Les deux conférenciers seront à nouveau A table, le vendredi 10 juin, pour une balade au fil des 200 ans d’histoire du théâtre de Port-Louis. 

«Ce qui a mis au désespoir tous les défenseurs du patrimoine c’est qu’il a fallu attendre dix ans de fermeture pour que les autorités entament une première phase de rénovation du théâtre», se désole Thierry de Comarmond. Avec Robert Furlong, les deux conférenciers ont récemment eu l’autorisation du lord-maire pour visiter l’édifice qui a refermé ses portes après une partie des travaux, en juin 2019. 

L’oeil exercé de l’architecte et urbaniste a d’abord constaté que la rénovation de la toiture et des murs extérieurs a «été faite dans les règles de l’art». Cependant, il «regrette» deux choses. «On n’a pas suivi la bichromie d’origine avec les balustrades, les corniches, le fronton en blanc sur un fond ocre. Ce qui faisait ressortir la qualité de cette architecture renaissance.» 

Thierry de Comarmond a également regretté «les six statues qui étaient sur les pilastres de la balustrade de la terrasse. De ces six statues, il n’en restait plus qu’une, qui a aussi disparu». Enlevée pendant les travaux. L’architecte a espéré qu’elle a été conservée «précieusement». Que le maître d’ouvrage se «fera un devoir» de respecter le projet de Pierre Poujade, l’architecte qui a conçu le théâtre de Port-Louis, pour la remettre en place, avec des copies des cinq autres statues. «Cela changerait tout.» 

Pour ce qui est de l’intérieur du théâtre, Thierry de Comarmond confie qu’il s’en inquiétait. Refermer un édifice en bois après une partie des travaux équivaut à l’exposer à de nouveaux risques de détérioration. Suite à la visite des lieux, «nous avons été rassurés», affirme-t-il. «Il reste à reconstituer toutes les parois en bois, en restaurant les anciennes qui peuvent l’être.» 

Il a souhaité que le lustre en verre de Murano de Venise ait été précieusement conservé. De même que les appliques – également en verre de Murano – qui étaient sur les balcons et au fond des loges. L’architecte a aussi souhaité que la coupole en trompe-l’oeil de l’artiste Vandermeersch soit restaurée. Elle n’a pas bougé pendant la première phase de rénovation. 

C’est faute de budget que la rénovation s’est arrêtée après une première phase de travaux, achevée en 2019. La municipalité a eu une enveloppe de Rs 30 millions dans le Budget 2019-2020, alors qu’une estimation de coûts indique qu’il faudrait des moyens nettement plus conséquents.

 


Robert Furlong : «Sur 200 ans d’existence, le théâtre est resté clos pendant à peu près 40 ans»

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="500" src="/sites/lexpress/files/images/robert_furlong_et_thierry_de_comarmond.jpg" width="333" />
		<figcaption><strong>Dans le cadre des conférences-dîner &laquo;A table&raquo;, Robert Furlong et Thierry de Comarmond ont eu l&rsquo;autorisation de visiter le théâtre de Port-Louis. L&rsquo;édifice a refermé ses portes en 2019 après une première phase des travaux.</strong></figcaption>
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<p><em>&laquo;Sur 200 ans d&rsquo;existence, le théâtre est resté clos pendant à peu près 40 ans. L&rsquo;actualité vient de nous montrer que pareil héritage n&rsquo;est pas immortel, que l&rsquo;on peut balayer 200 ans d&rsquo;histoire en un tour de main.&raquo; </em>C&rsquo;est avec cette allusion au Mauritius Turf Club, organisatrice des courses hippiques pendant 210 ans au Champs-de-Mars, contrainte désormais de partager l&rsquo;hippodrome, que Robert Furlong a égrené les actes de l&rsquo;histoire artistique du théâtre de Port-Louis. Avec humour, ironie, une solide documentation sur l&rsquo;histoire de l&rsquo;art lyrique, <em>&laquo;qui fait partie de l&rsquo;histoire du pays&raquo;</em>, le conférencier nous a tenus en haleine. <em>&laquo;Le théâtre de Port-Louis doit sa naissance à un cyclone et au hasard&raquo;</em>, a-t-il raconté. Début 1800, il y a une salle de spectacle au Jardin de la Compagnie, là où se trouve le cinéma Majestic. Elle échappe au grand incendie en 1816 qui détruit les magasins de La Chaussée. Mais est détruite en 1818, par les violentes rafales d&rsquo;un cyclone. Ce théâtre naît de deux <em>&laquo;recherches&raquo;</em>, a expliqué Robert Furlong. Celle de l&rsquo;architecte Pierre Poujade qui recherche l&rsquo;appui des autorités britanniques pour construire un théâtre. Ambition qui rejoint la <em>&laquo;recherche par Farquhar d&rsquo;un rapprochement entre les vainqueurs et les vaincus. La conquête britannique qui date de 1810 est encore jeune, les plaies pas encore cicatrisées&raquo;.</em></p>