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Angleterre: les chantiers des nouveaux patrons de Chelsea

9 mai 2022, 11:10

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Angleterre: les chantiers des nouveaux patrons de Chelsea

Agrandir Stamford Bridge, conserver un effectif qui peut triompher en Ligue des champions et rassurer les supporters, les nouveaux propriétaires de Chelsea, qui vont débourser près de cinq milliards d'euros, ont du pain sur la planche.

Modernisation et agrandissement du stade

C'est le chantier prioritaire qui absorbera une bonne partie des 2 milliards de dollars d'investissements promis par le futur acquéreur: doter Chelsea d'un stade digne de l'élite anglaise et européenne.

Vieux de 117 ans, Stamford Bridge a certes connu un coup de jeune grâce à Ken Bates, propriétaire des «Blues» jusqu'en 2003, qui l'avait modernisé en créant deux hôtels, des restaurants, des bars et un gigantesque magasin de produits dérivés, mais sa capacité reste réduite à 42 000 places.

C'est seulement le 9e stade de Premier League, loin des autres stades, souvent ultra-modernes, de Manchester United (75 000 places), Manchester City (55 000), Liverpool (54 000), Arsenal (60 000) ou Tottenham (62 000).

Les recettes «jour de match» (billetterie, restauration, loges et merchandising) sont nettement inférieures à celle de leurs concurrents.

Roman Abramovitch, à qui Todd Boehly et ses associés vont racheter Chelsea, avait bien présenté un projet de modernisation en 2014, d'un montant de 1,4 milliard de livres (1,7 Md EUR), pour le porter à 60 000 places, mais il avait tout stoppé en 2018 après que le gouvernement britannique eut refusé de renouveler son visa de travail. 

Il avait cependant demandé à la banque américaine Raine, qui a supervisé le processus de vente, d'exiger des candidats un projet d'investissement dans le stade.

Les futures acquéreurs, Boehly et son associé Mark Walter, ont pu se prévaloir de leurs succès sportifs et commerciaux à la tête de la franchise de baseball des Los Angeles Dodgers, dont le superbe stade surplombe Los Angeles.

L'exemple de Tottenham pourrait les inspirer: les Spurs ont déboursé plus d'un millard d'euros pour leur stade devenu, depuis 2019, incontournable dans la capitale anglaise pour accueillir des événements sportifs majeurs (boxe, rugby, matches délocalisés de la NFL), ainsi que des concerts. 

Stabiliser l'effectif 

Chelsea opère sous une licence spéciale depuis les sanctions prises contre Roman Abramovitch il y a deux mois, suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. En raison des restrictions imposées, les «Blues» ne pouvaient recruter de nouveaux joueurs ou prolonger les contrats existants. Les défenseurs Antonio Rüdiger et Andreas Christensen partiront libres en fin de saison et devront être remplacés. Mais grâce aux dépenses somptuaires d'Abramovitch, l'équipe reste très compétitive. 

Il y a tout juste un an, Chelsea a remporté sa deuxième Ligue des champions en battant Manchester City (1-0) en finale. Malgré les difficultés des dernières semaines, le club est bien placé pour terminer dans le top 4 en championnat et retrouver la très lucrative C1 l'an prochain.

Pendant que le processus de vente se poursuit, le club peut s'attacher à bâtir un effectif capable de concurrencer City et Liverpool pour le titre la saison prochaine. «Quand la situation est claire, on peut prendre des décisions, faire des choix», avait déclaré l'entraîneur allemand Thomas Tuchel vendredi.

Séduire les supporters

Au grand dam de la classe politique et de l'opinion publique britanniques, le nom d'Abramovitch était encore régulièrement scandé par les fans de Chelsea malgré sa proximité avec le Kremlin et les sanctions. L'oligarque est révéré pour sa prodigialité pendant ses dix-neuf années de règne et les trophées remportés, dont deux Ligues des champions.

La très influente Fondation des supporters de Chelsea (CST) a été un interlocuteur de poids dans le processus de sélection et la famille américaine Ricketts, un temps en course pour le rachat, a jeté l'éponge notamment en raison de l'hostilité du CST à son égard.

La réussite sportive sera le plus court chemin vers le cœur des supporters, mais ce n'est pas gagné d'avance. 

Certains craignent que pour un meilleur retour sur investissement la projet très impopulaire de Super League européenne fermé ne soit relancée. Dans d'autres clubs de Premier League, les supporters ont manifesté leur hostilité à l'égard de leurs propriétaires américains, comme à Manchester United dont le déclin est attribué à la famille Glazer, propriétaire des Red Devils depuis 2005. A Liverpool, les propriétaires américains, le Fenway Sports Group, ont convaincu grâce aux succès sportifs des Reds, dont, en 2020, un premier titre de champion d'Angleterre depuis.... 1990. Mais la grogne n'est jamais loin, notamment lorsqu'on parle d'augmenter les prix des billets.