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Théâtre: un Tramway nommé désir d’ailleurs

2 mai 2022, 19:00

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Théâtre: un Tramway nommé désir d’ailleurs

Embarquer pour plusieurs voyages. Le temps d’une pièce de théâtre. L’adaptation d’Un tramway nommé désir de Tennessee Williams les 21 et 27 mai, au Caudan Arts Centre. Une troisième représentation est prévue. En fallait-il de «bonnes raisons» pour choisir cette pièce de 1947 ? Ce n’est pas les motivations qui manquent chez Ashish Beesoondial, le metteur en scène. 

Flash-back. En plus de son goût pour la littérature américaine, du temps où il était prof des profs au Mauritius Institute of Education, Ashish Beesoondial a goûté aux joies de mettre en scène – à une échelle nettement plus modeste – The night Thoreau spent in jail de Robert Lee et Jerome Lawrence. Ou encore All my sons d’Arthur Miller. Et des saynètes de Williams pour le centenaire de sa naissance. 

Deux confinements plus tard, le metteur en scène constate : «Cela fait un bout de temps que l’on n’a pas vu de la littérature, une pièce de théâtre moderne.» La tendance étant, selon lui, davantage au divertissement. 

Ashish Beesoondial en est convaincu. Il existe «un public pour les voyages émotionnels». La tension entre Blanche Dubois (rôle tenu par Rachel de Speville-Mamet) et son beau-frère Stanley Kowalski (joué par Guillaume Silavant) est à couper au couteau. «Je suis fan du théâtre qui bouscule le spectateur.» 

L’aventure a commencé il y a un an, avec Rachel de Spéville-Mamet. «Ce rôle demande beaucoup de maturité. Blanche Dubois est une femme très vulnérable mais qui parvient à le dissimuler. La complexité de ce rôle c’est que Blanche Dubois est toujours sur deux émotions pour masquer son vécu.» 

Question qui a surgi pendant la phase d’analyse du texte : pourquoi sympathiser avec un personnage comme Blanche Dubois ? «On peut ne pas aimer la façon qu’elle a de mentir, mais on est emporté par Blanche. C’est pour cela qu’il faut une comédienne capable de fouiller dans sa vie.» 

Ashish Beesoondial ne cache pas que l’attente a nourri le projet. «J’ai dû attendre de trouver la bonne équipe.» Des comédiens «semi-professionnels» choisis avec minutie. «J’ai aussi dû attendre que je sois prêt en tant que metteur en scène.» Accumuler de l’expérience pour trouver des réponses aux interrogations persistantes : «Est-ce que je vais dans la bonne direction ?»

 

Saine schizophrénie

<p>Jongler entre son poste de Theatre manager du Caudan Arts Centre - depuis décembre 2018 - et le métier artistique de metteur en scène fait dire en riant à Ashish Beesoondial : <em>&laquo;On devient schizophrénie. It becomes your way out.&raquo;</em></p>

 

 

Une pièce toujours d’actualité 

<p>&laquo;Un tramway nommé désir&raquo; date de 1947. &laquo;Les grandes pièces sont toujours d&rsquo;actualité&raquo;, affirme Ashish Beesoondial. &laquo;On y parle de la complexité humaine plus qu&rsquo;autre chose.&raquo; Le personnage de Stanley Kowalski &ndash; immortalisé au cinéma par Marlon Brando dans le film éponyme d&rsquo;Elia Kazan sorti en 1951 &ndash; est-il une brute épaisse ? Le metteur en scène explique qu&rsquo;en phase de préparation, la troupe s&rsquo;est demandé : Stanley doit-il renverser la table et casser tous les verres ? &laquo;Tout de suite, on s&rsquo;est dit non. Il y a une bonne raison pourquoi Stella Dubois (jouée par Clémence Soupe) tombe amoureuse de Stanley Kowalski. Il ne peut pas être ce &lsquo;singe&rsquo;,comme le traite Blanche tout au long de la pièce.&raquo; La troupe en a conclu que Stanley Kowalski est un homme pour qui &laquo;tout est soit blanc, soit noir. Il est très instinctif. Il n&rsquo;a rien à cacher&raquo;. En face de lui, Blanche Dubois est dans les nuances, la provocation et la dissimulation. Le personnage de Stanley Kowalski est aussi celui de l&rsquo;homme possessif envers sa femme, Stella. Quand Blanche, la soeur de Stella, fait tout pour l&rsquo;attirer de son côté, Stanley Kowalski n&rsquo;apprécie pas.</p>

 

 

Pas de touche mauricienne 

<p>En dehors du travail du metteur en scène et des comédiens, y a-t-il une touche mauricienne à cette adaptation d&rsquo;Un tramway nommé désir ?<em> &laquo;J&rsquo;ai hésité à ce sujet&raquo;</em>, confie Ashish Beesoondial. <em>&laquo;Au final, il n&rsquo;y en a pas. Dans cette pièce, il faut se concentrer sur les relations entre les personnages. Le reste est accessoire.&raquo;</em></p>