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Rashid Imrith: «Le gouvernement ne peut avoir le monopole de la prise de décisions…»

2 mai 2022, 17:00

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Rashid Imrith: «Le gouvernement ne peut avoir le monopole de la prise de décisions…»

Vous revoilà actif après une longue absence, due à la maladie. Comment cela s’est passé ? 
Oui, j’étais gravement malade et alité pendant presque un an et demi. Je reprends graduellement des forces. Il y a même eu des personnes qui sont venues à mon enterrement, alors que j’étais bien vivant. Mais passons là-dessus. La première leçon que je tire est que beaucoup de gens m’aiment. Beaucoup de prières ont été dites pour ma guérison. Il y a même des personnes qui se sont rendues dans des temples en Inde. S’il est vrai que j’étais absent sur le terrain mais je suivais tant bien que mal l’actualité à Maurice. J’écrivais, quand c’était possible, pour mon syndicat. 

Dès que vous vous êtes remis, vous avez participé à une conférence de presse, la semaine dernière. L’activité syndicale vous manquait ? 
C’est la première fois, depuis je me suis engagé au niveau syndical, soit depuis 1977, que j’ai dû m’absenter. J’ai voulu reprendre les activités syndicales au plus vite. Ainsi, ce dimanche matin, j’étais avec d’autres syndicalistes pour participer à une activité dans le cadre de la fête du Travail. Nous étions à Emmanuel Anquetil House, à Grande-Rivière, pour une demi-journée de réflexion. 

Quel constat faites-vous depuis votre reprise ? 
Les Mauriciens s’appauvrissent davantage. La classe moyenne se retrouve dans la classe de pauvres. Il y a un malaise général dans le pays. 

Mais vous n’êtes pas sans savoir que le monde entier passe par des moments difficiles ? 
Oui, mais à Maurice, il y a un déficit de communication de la part des autorités. Le 11 juillet 2020, il y avait 10 000 Mauriciens à Port-Louis. Le 29 août, 100 000 personnes sont descendues dans les rues de la capitale. Un rassemblement a aussi attiré une grosse foule à Mahébourg. Qu’a fait le gouvernement ? Rien. Il n’a pas été à l’écoute. Il a laissé la situation se détériorer et cela se complique. Car il y a un déficit de communication de la part du gouvernement. 

Qu’est-ce qu’il faut faire, selon vous ?
Il faut instaurer un forum qui regroupera des politiciens, des forces vives, des organisations non gouvernementales et des syndicalistes, entre autres. Car le gouvernement ne doit pas estimer qu’il est le seul à prendre des décisions. Il faut également renvoyer la présentation du Budget car il sera basé sur le discours-programme de 2019. Cependant, la situation a énormément évolué, avec la pandémie et la guerre en Ukraine. Tout le monde apportera sa contribution pour préparer un plan à moyen terme. Et le prochain Budget devrait se baser sur ce plan. Sir Seewoosagur Ramgoolam avait de la vision et avait créé un ministère du Plan et de développement économique. Récemment, sir Anerood Jugnauth était venu avec la vision 2030, mais certains ministres l’ont boycottée. 

Pensez-vous que le gouvernement vous écoutera ? 
Enfin, ce n’est pas seulement moi qui le dis, mais une bonne partie de la population le souhaite. Si le gouvernement veut éviter d’autres dérapages comme ceux qui ont eu lieu récemment, il doit être à l’écoute. Prenez l’exemple d’un navire avec un capitaine dans sa cabine bien climatisée et des passagers sur le pont. Quand le navire va chavirer, c’est le capitaine qui souffrira le plus, car il se trouvait toujours dans sa zone de confort, alors que les passagers sur le pont étaient déjà habitués aux difficultés. Ainsi, ces couples qui se sont endettés pour construire une maison, payer les frais d’éducation de leurs enfants ou qui ont pu acheter une petite voiture seront les plus touchés par la misère.