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Ramapatee Gujadhur: «La meilleure façon de combattre les paris illégaux c’est d’enlever la betting tax»

4 avril 2022, 13:00

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Ramapatee Gujadhur: «La meilleure façon de combattre les paris illégaux c’est d’enlever la betting tax»

La plus vieille écurie du turf, à travers son patriarche Ramapatee (Soon) Gujadhur, nous livre une analyse de la situation hippique à quelques jours du coup d’envoi fixé au 23 avril. La forme de ses chevaux à l’entraînement, son appel aux autres entraîneurs pour plus d’engouement au training, le conflit larvé entre le MTC et la MTCSL, dont l’issue a été la dissolution du «board» de la MTCSL, l’avenir de la casaque bleu électrique et écharpe rouge, ainsi que la venue de son nouveau jockey, tributaire du bon vouloir de la HRD, sont autant de sujets abordés dans cet entretien.

Vous êtes l’une des seules écuries à avoir maintenu crescendo l’entraînement de vos coursiers, dont quelques nouveaux de bonnes valeurs. N’est-ce pas un risque d’amener ses chevaux à ce niveau de préparation alors que les courses sont en suspens ? Du moins c’est l’impression compte tenu de ce que font les autres formations à l’entraînement…
Les courses ne vont pas débuter au 23 avril à moins que la MTCSL trouve une solution pour au moins break even durant ces trois mois de huis clos. Je pense toutefois que la MTCSL va trouver une solution, d’où la cadence de mes chevaux au training. My horses must be ready! Je ne vais pas faire courir des chevaux pas prêts. Puis, on a eu plusieurs réunions avec la HRD. Ils nous ont assuré que les courses auront lieu à la date prévue. Quant aux autres, c’est vrai que certains n’ont pas encore atteint leur vitesse de croisière. Par contre, d’autres, à l’instar de Patrick Merven et Samraj Mamadia, sont peut-être plus avancé que moi. Je j’attire surtout l’attention sur les chevaux qui se trouvent à Balaclava. Il y a une bonne centaine à ce qu’il paraît. Selon ceux qui connaissent le centre, ces chevaux devraient descendre à Port-Louis au plus vite pour parfaire leur préparation.

Il s’avère que la MTCSL n’aura d’autre choix que de baisser encore le stakesmoney. Pensez-vous pouvoir tenir le coup en 2022 ?
Réduire le stakesmoney serait une catastrophe. Ce serait le début de la fin. Les propriétaires ne vont certainement pas s’engager. Ce sera alors la disparition de beaucoup de petits propriétaires. Ce qui serait très mauvais pour nos courses. Il faut avoir une pluralité de propriétaires avec une pluralité de chances dans une course.

Quelles seraient, selon vous, la solution pour aider l’industrie de façon immédiate ?
Le gouvernement perçoit des taxes de presque Rs 1 milliard de l’industrie hippique chaque année. Il faudrait que la MTCSL fasse une demande urgente auprès du gouvernement, sous le Wage Assistance Scheme, pour payer les salaires des employés de la MTCSL durant le huis clos. Le gouvernement va de toute manière récupérer l’argent sous forme de taxe par la suite. Il faudrait aussi que la MTCSL négocie une hausse de la contribution des opérateurs de paris. Puis, j’ai lu que l’échantillonnage serait payé à hauteur de Rs 27 millions par la HRD. Cela dit, cette décision n’est pas le sur papier. De son côté, la MTCSL doit procéder à une compression de son personnel. Charity begins at home! Si toutes ces mesures se concrétisent, je pense que la MTCSL peut opérer at break even.

Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a eu de gros chamboulements au niveau de la MTCSL tout récemment. Ne pensez-vous pas que cela puisse influer sur la date du 23 avril ?
Le board a été révoqué pour des raisons mieux connues des administrateurs du MTC. Il y a allégation et déclaration à la police. On parle de preuve au MTC. Il faudra écouter la version officielle des deux côtés. Pour tout vous dire, je pense que la nouvelle synergie entre la MTCSL et son actionnaire le MTC, au vu de la nouvelle configuration du board de la MTCSL, devrait être bénéfique à l’industrie. C’est peut-être un blessing in disguise. La MTCSL et le MTC vont maintenant parler d’une seule voix. Je dis cela sans pour autant pointer du doigt les anciens de la MTCSL qui ont fait de leur mieux.

La MTCSL et le MTC vont maintenant parler d’une seule voix.

Parlez-nous de vos nouvelles acquisitions. Vous avez investi gros malgré l’incertitude autour de la saison 2022…
L’écurie Gujadhur a beaucoup de fans. Ils n’ont pas aimé qu’ont ait pas été représenté dans les grandes courses l’an dernier. C’est pourquoi on est allé chercher quelques chevaux dignes. Pas des champions mais des unités capables de courir dans les grands rendez-vous. On a Shah Akbar, Valryrian King et Royal Wulff, ainsi que deux stayers en Favour et Holy Warrior. A noter que Royal Wulff nous vient d’Alec Laird, lequel nous avait vendu Acuppa. On a gagné 27 courses l’an dernier mais le stakesmoney était peu vu qu’on n’a pas gagné de grandes courses. Vous rendez-vous compte qu’on a gagné une seule course principale en 2021!

Votre nouvelle trouvaille se nomme Peter Knuckey. Pourquoi le choix de cette cravache ?
On avait engagé Stephan Ladjadj mais on m’a fait comprendre qu’il n’aura pas de permis de résidence. On ne m’a pas répondu officiellement. Pour pouvoir obtenir l’apport d’un autre jockey, j’ai dû moi-même écrire une lettre pour retirer la demande et ainsi formuler une autre en faveur de Knuckey. Il s’agit d’un jockey de 48 ans. Il monte à 54 kg. Il a monté principalement à Perth. Il m’a été recommandé par Michael Lee. J’ai aussi eu l’opinion de Steven Arnold, Daniel Stackhouse et Damien Oliver.

Plusieurs patriarches du Champ de Mars ont passé le relais à leurs enfants ou encore se sont associés pour faire fonctionner l’écurie. Vous devez être forcément un peu déçu de ne pas pouvoir vivre votre passion avec vos deux fils comme jadis ?
(Voix tremblante). Mukund (NdlR : Tikanand Gujadhur) a pris un congé. Je sais qu’il est débordé par ses engagements professionnels. Gopal (NdlR : Dr Hemant Kumar Gujadhur) a décidé de reprendre sa profession de médecin. Il a eu à prendre un examen auprès des autorités à Londres. Il est retenu là-bas après avoir obtenu un contrat. C’est réconfortant de savoir qu’il est très estimé par ses paires. Il devra passer au moins six semaines là-bas chaque année pour garder cette licence. Il revient à Maurice le 16 avril. Puis, ses enfants grandissent. L’un va commencer ses études dans deux ans. Il devra composer avec autant d’éléments dans sa vie.

Donc, il y a un risque que la casaque bleu électrique à écharpe rouge disparaisse après votre départ ?
Je ne peux pas me prononcer. Je sais que Gopal pense qu’il ne serait pas sérieux de dépenser alors que la situation autour du giron hippique est floue. Ce n’est plus comme avant. On croit en la HRD mais hélas beaucoup de gens ne font plus confiance à l’intégrité des courses à Maurice. En raison d’une culture de ‘go, no go’ qui prend de l’ampleur au Champ de Mars. On va voir ce que cela donnera cette année. Si les choses ne se font pas de façon professionnelle et que le stakesmoney n’est pas raisonnable, on va peut-être garder la casaque mais pas l’écurie. C’est plus facile d’avoir une dizaine de chevaux pour maintenir la casaque. Je dois maintenir ce nombre pour protéger des palefreniers qui sont à l’écurie pendant plus de 30 ans. On verra à qui confier ces chevaux à l’avenir.

Avez-vous un commentaire à faire autour des tribulations entre le MTC et sa subsidiaire la MTCSL, tout comme leur relation avec la HRD ?
Le MTC et la MTCSL doivent parler d’une même voix. On ne peut pas avoir une dissension entre ces deux-là. Il faut que le gouvernement comprenne que le MTC et la MTCSL sont dans une situation financière difficile. Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Avec le huis clos l’an dernier, la MTCSL a fait des pertes de Rs 63 millions. Il faut souligner que même s’il y avait des pertes, ils ont continué pour ne pas pénaliser les entraîneurs et les propriétaires. Avec les restrictions au niveau de l’accès au Champ de Mars étendues jusqu’au 30 juin, on va devoir opérer in camera. Comment alors générer des revenus décents ? Une compagnie publique, on le sait, ne peut continuer ses opérations si elle sait qu’elle va encourir des pertes. A terme, la MTCSL doit avoir son propre Tote et aussi une compagnie de fix odds betting. Ce sont des choses dont l’Etat et la paire MTC/MTCSL doivent discuter ! Sinon lekours fini ! Je veux aussi dire quelque chose sur la betting tax. Les bookmakers illégaux inn fer bal lane dernyer. Je ne vois pas quelqu’un jouer à 14% de taxe alors que cette même personne ne paie que 5% sur le marché illégal. La meilleure façon de combattre les paris illégaux c’est d’enlever la betting tax. Le gouvernement devra alors prendre un minimum de 20% sur le gross profit, comme cela se fait en Angleterre. Tout le monde sera gagnant. Il faut avoir le courage de le faire.